Le Comte de Monte-Cristo

Le Comte de Monte-Cristo Résumé et Analyse

Chapitre 11

L’abbé révèle à Dantès l’existence d’un trésor caché sur l’Ile de Monte Cristo. Son existence a été découverte par l’abbé en lisant le testament de Caesar Sprada, qui avait été nommé Cardinal à Rome. Dantès pense dans un premier temps que l’abbé est fou, mais il change d’avis quand il lit une lettre, révélant l’emplacement exact du trésor. L’abbé Faria dit à Dantès qu’il pensait le partager avec lui une fois évadés, mais si l’abbé mourait, tout reviendrait à Dantès. L’abbé voit en Dantès un fils, de sa vie en captivité.

Analyse:

L’existence d’un formidable trésor ajoute de l’aventure à l’intrigue et promet de donner à Dantès les ressources financières dont il aura besoin pour accomplir sa vengeance contre ses ennemis. En faisant confiance à l’abbé, que les autres prenaient pour un fou, il amassera une grande fortune. L’abbé révèle à Dantès l’existence du trésor parce qu’il anticipe sa propre mort, et par affection paternelle envers lui.

L’histoire du trésor donne à l’intrigue une tournure ironique. Dantès dépensera la fortune qui appartenait à un homme qui comme lui avait été dépouillé par des hommes impitoyables. L’histoire, telle qu’elle est racontée par l’abbé Faria, est que le Pape a empoisonné Caesar Sprada, celui qui détenait les grandes richesses de Monte Cristo. En prévision d’une telle action malfaisante, Sprada désigné son neveu seul héritier, mais lui-même fut empoisonné, et la connaissance du trésor disparut avec lui. L’abbé a découvert le testament et retrouvé l’emplacement exact du trésor. Dès lors, Dantès envisagera la perspective d’une récompense pour ses années de prison et il l’utilisera pour accomplir sa revanche contre ses ennemis. Cette fortune symbolise combien le destin de nouveau va tourner en sa faveur.

Chapitre 12

L’abbé est victime d’une nouvelle attaque, qui s’avèrera fatale. Il appelle Dantès qui accourt pour aider son mentor. Aucune aide ne sauvera le prêtre. Dantès se cache dans le tunnel lorsqu’il entend que l’abbé est déclaré mort par les docteurs de la prison. Ils viendront chercher son corps à dix ou onze heures. Dantès concocte alors un plan. Il remplace le corps du prêtre par le sien dans le sac que les docteurs ont apporté. Il emporte un couteau avec lui. Il prévoit d’être enterré, après quoi il pourra se dégager de la terre fraîche et trouver la liberté. En réalité, il est jeté dans la mer agitée autour du Château D’If.

Analyse :

Ce chapitre préfigure le destin de Dantès. Maintenant qu’il connait l’existence du trésor de Monte Cristo, il réalise ce que cette fortune signifie pour ses projets de vengeance. Quand le prêtre meurt, Dantès reste seul avec le corps. Dumas joue avec les images du jour et de la nuit. La lumière du jour s’infiltre dans la cellule et vainc la nuit. Parallèlement, la vie de Dantès est proche de renaître. Lorsque les gardiens de prison plaisantent et souhaitent « bon voyage » au cadavre, peu se doutent que l’esprit de l’abbé vit en Dantès. Ce dernier va réaliser le rêve de l’abbé en récupérant le trésor de Monte Cristo, pourtant il l’utilisera tout le long de chemin vers la vengeance.

Chapitre 13

Une fois Dantès dans les flots, il doit se ressaisir. Il se démène pour nager jusqu’à une île abandonnée à plusieurs kilomètres de la prison. Une fois arrivé, il s’écroule de sommeil sur des rochers déchiquetés. Un navire marchand de Gênes le recueille. Dantès dit que son navire vient d’échouer, car justement une épave se trouve sur les rochers, mais tout le monde à bord est mort. Les génois trouvent cela bizarre qu’il ait une si longue barbe. La date est le 28 février 1829, quatorze ans après son incarcération. Dumas décrit les changements du visage de Dantès. Son visage n’est plus souriant, remplacé par des regards de haine s’échappant de ses yeux. Dantès rejoint l’équipage du navire et devient un contrebandier du Jeune-Amélie. Il passe devant l’Ile de Monte Cristo une vingtaine defois, sans occasion d’y accoster. Finalement, après plusieurs mois de contrebande, le navire y fait escale. Dantès est fou de joie.

Analyse :

La lutte de Dantès pour en venir à bout des flots est un symbole de renaissance. Il émerge de prison comme un nouvel homme. Ce chapitre montre le changement qui s’est opéré chez Dantès pendant les quatorze années d’emprisonnement. Il n’est plus le même jeune naïf du début de l’histoire. Non seulement de par sa physionomie, mais aussi parce qu’il est plus fort et mature. Il a l’intelligence de cacher son identité aux contrebandiers génois. Il devient l’un d’entre eux car il ne respecte plus la loi. La loi est corrompue, puisqu’elle l’a incarcéré à tort. Dantès se croit lui-même au-dessus de la loi. Il a aussi la patience et la sagesse de ne pas se précipiter tout de suite sur le trésor de Monte Cristo. Le destin l’y amène lorsque les contrebandiers décident indépendamment d’y accoster pour une expédition.

Chapitre 14

Lorsque le navire accoste sur l’Ile de Monte Cristo, Dantès trompe l’équipage. Il leur dit qu’il souhaite aller tuer une chèvre sauvage. Jacopo, le capitaine insiste pour l’accompagner. Ils se préparent, Dantès tue une chèvre, et il renvoie Jacopo la faire cuire. Pendant ce temps, Dantès glisse et feint une blessure grave, qui ne lui permettra pas de retourner sur le navire. Alors, le navire part poursuivre son expédition de contrebande et accepte de revenir bientôt le chercher. Dantès est ainsi laissé seul sur une île inhabitée pour trouver le trésor. Il déterre un coffre en bois cerclé. Quand le couvercle se soulève des pierres précieuses apparaissent. Dantès est abasourdi, mais ce n’est pas un rêve. Dantès loue Dieu.

Analyse :

Dantès ne fait pas confiance à ses camarades contrebandiers pour récupérer le trésor. Il n’est plus le jeune naïf confiant qui a été emprisonné pendant quatorze ans auparavant. Le trésor est immense et alimentera ses fonds pour exécuter sa vengeance contre ses ennemis. Le trésor est un symbole d’un système injuste qui a empoisonné la famille Sprada, le même système politique qui l’a mené à sa propre incarcération. Également, le trésor représente la justice divine, en ce qu’il est une compensation de Dantès pour sa jeunesse perdue. L’intervention divine qui a commencé par l’arrivée de l’abbé Faria est maintenant complète. Dantès dispose dorénavant des outils nécessaires pour châtier ses ennemis.

Chapitre 15 :

Dantès remplit ses poches de bijoux, et enterre de nouveau le trésor. Le Jeune-Amélie revient le chercher. Dantès se rend ensuite à Gênes pour acheter un bateau avec une armoire à secrets et retourne sur l’Ile de Monte Cristo pour récupérer le reste du trésor. Jacopo, pendant ce temps-là revient de Marseille où Dantès l’a envoyé. Il apprend que Louis Dantès est mort, et que Mercédès a disparu. Bouleversé par ces nouvelles, Dantès utilise un passeport Anglais qu’il vient de se procurer, pour entrer dans le port de la cité et en ville.

Analyse :

Ce chapitre montre en quoi l’enseignement de l’abbé sert Dantès. Il a acquis une fortune, et Jacopo est la premier à bien vouloir croire que cette fortune est un héritage. Dantès acquiert une éducation digne d’un noble de naissance grâce à l’abbé, ainsi il passe pour un gentilhomme bien éduqué.

Le retour de Dantès à Marseille marque le début de sa vengeance qui sera à la mesure de sa souffrance. Dantès a été puni anonymement et il a vécu des années sans savoir qui était derrière son emprisonnement. Maintenant le vent a tourné ; il va commencer à ravager les vies de Danglars, Villefort, Caderousse, et Fernand, à leur insu, ceux-là ne soupçonneront pas qui se trouve derrière leurs malheurs.

Chapitre 16

Dantès, déguisé en abbé Busoni, rend visite à Caderousse qui est maintenant propriétaire d’un hôtel. En dépit des avertissements de sa femme, Caderousse décide de révéler à l’abbé Busoni tous les détails de la conspiration contre Dantès, en échange d’un diamant qui l’incite à la confession. L’abbé dit à Caderousse que le diamant est un cadeau de Dantès pour ses vrais amis. Caderousse, cupide, accuse sans vergogne Danglars et Fernand pour garder tout seul le diamant. La seule personne qu’il épargne est Morrel, qui apparemment était resté du côté de Dantès et du père. Caderousse révèle que M. Morrel frôle la misère car plusieurs de ses navires ont sombré inopinément. Il ajoute plus tard que Danglars est devenu un riche Baron, banquier et Fernand a fait sa gloire et sa fortune dans l’armée. Fernand est maintenant le Comte de Morcef, et il est marié à Mercédès, qui a succombé après dix-huit mois d’attente et de deuil pour Dantès. Après avoir livré toutes ces informations à Dantès déguisé, Caderousse reçoit le diamant.

Analyse :

La première personne à qui Dantès, déguisé, décide de rendre visite est Caderousse. La raison pour cela est évidente: Dantès sait que Caderousse fera n’importe quoi pour de l’argent, et ainsi il est la personne la plus propice à livrer des confessions. De plus, il serait fondamentalement plus difficile d’obtenir des informations de Villefort, Fernand ou Danglars car ils sont déjà riches et puissants. En offrant une part de diamant au pauvre tenancier d’hôtel, Dantès obtient la confession qu’il convoite.

Cette scène est aussi importante car elle confirme les suspicions que Dantès avait déjà nourries en prison. Pour la première fois il a la certitude absolue que ses « amis » ont conspiré contre lui. Son désir de vengeance, déjà dessiné en prison, sera renforcé à travers la confession de Caderousse. Au moment où il découvre les destinées de ceux qui ont conspiré contre lui, il apprend également les bonnes actions de ceux qui étaient ses vrais amis, et il sera en mesure plus tard de les aider.

Ceci est la première scène où Dantès reprend contact avec ses anciens camarades. Il est notoire que sa relation avec Caderousse est complètement différente à présent. Au lieu d’être obséquieux et servile, Dantès mène la conversation tout le long. Plutôt que d’être victime de la cupidité de Caderousse, comme son père en a fait les frais au début du roman, il est maintenant celui qui manipule cette cupidité pour obtenir ce qu’il veut, précisément l’identité des conspirateurs. Ce changement de relation imprégnera le reste du roman; et il est important de noter qu’il n’y aura plus jamais de scène où Dantès sera humble et servile jusqu’à la toute fin.

La cupidité de Caderousse est un aspect une caractéristique fondamentale du personnage, si bien qu’elle finit par le définir de plus en plus. On peut en dire autant des autres conspirateurs, tous ceux qui auront des travers permettront à Dantès de les manipuler à son avantage. Dans le ce cas présent , la cupidité de Caderousse sera définitivement la cause de sa chute finale.

Chapitre 17

Dantès se travestit ensuite en Anglais travaillant pour une entreprise nommée Thomson and French. Il rend visite à Monsieur Boville, l’Inspecteur des Prisons, qui s’avère lui aussi être investisseur dans l’entreprise de M. Morrel. Cette entreprise, comme mentionnée par Caderousse dans le chapitre précédent, est au bord de la faillite. Dantès offre d’acheter cette part d’investissement à l’Inspecteur, ravi de l’opportunité de récupérer son argent. A ce moment-là, Dantès s’enquiert des circonstances de la mort de l’abbé Faria et ce que l’administration de la prison pense qu’il est advenu de l’abbé. Boville, tout heureux d’avoir récupéré son investissement, se fait une joie de est content de raconter la mort de l’abbé. Dantès apprend qu’il est lui-même présumé mort, puisque les gardes pensaient que le boulet de canon attaché à lui l’aurait noyé. Dantès consulte regarde aussi le registre de son emprisonnement. Il contient l’ordre néfaste d’emprisonnement de Villefort et les tentatives de M. Morrel de le libérer.

Analyse :

Dumas créé une coïncidence puisque l’Inspecteur des Prisons est la même personne à qui M. Morrel doit une somme considérable. Ceci permet à Dantès d’acheter les traites de Morrel à l’Inspecteur tout en consultant le registre de la prison. Ce qu’il y trouve confirme que Villefort à joué un rôle important dans son emprisonnement, et que les aveux de Caderousse sur les tentatives de Morrel pour l’aider sont véridiques.

Le fait que Dantès les traites à Boville, devenant ainsi un investisseur à qui Morrel doit de l’argent, est important. En tant que détenteur de ces traites, Dantès devient l’homme qui a le plus grand pouvoir sur la vie de Morrel. Il peut aussi bien utiliser ses dettes pour l’aider que causer sa faillite complète C’est la première fois que le lecteur entrevoit un trait de caractère fondamental dans la personnalité de Dantès : celui-ci pense que l’homme doit souffrir beaucoup avant de pouvoir profiter du bonheur. Même les hommes et les femmes qu’il considère comme ses amis, il essayera de les faire souffrir avant de les « faire revivre renaitre ? ».

Chapitre 18

Après avoir recueilli de nombreuses des factures impayées de dettes signées de la main de M. Morrel, Dantès, toujours déguisé en agent de Thomson and French, lui rend visite. Cela coïncide avec la mauvaise nouvelle du navire de M. Morrel le Pharaon qui a fait naufrage, lors de son retour de voyage en Inde. Plusieurs des membres de l’équipage arrivent pour l’annonce.

M. Morrel se trouve ainsi dans l’incapacité d’honorer ses dettes, qui sont dores et déjà pour la plupart détenues par Dantès.

Dantès, souhaitant aider Morrel, étend prolonge le crédit de trois mois. En quittant la maison, il croise sa fille sur le palier. Il lui dit qu’elle recevra un jour une lettre de Sinbad le marin, et qu’elle devra suivre les instructions de la lettre à sa réception. Dantès sort se retire avec un des anciens membres de l’équipage du Pharaon.

Analyse :

Le chapitre 18 contient un grand nombre de prévisions. En tant que détenteur des traites, Dantès a le pouvoir sur M. Morrel. Il choisit de donner lui octroyer trois mois supplémentaires complémentaires pour trouver de l’argent afin de régler pour payer les dettes, ce qui parait au premier abord simplement altruiste de sa part. Pourtant, quand Dantès s’en va de chez Morrel, il parle en secret à sa fille d’une lettre qu’elle doit s’attendre à recevoir de « Sinbad le marin ». S’ajoute à cela, qu’il se rapproche d’un ancien membre du Pharaon. Ces deux événements dévoilent viennent annoncer que Dantès complote quelque chose.

Les plans de Dantès peuvent être largement extrapolés par plusieurs indices donnés dans le chapitre. Premièrement, il offre concède trois mois de sursis à M. Morrel. Ceci indique que, quel que soit son plan, il compte prendre du temps pour l’exécuter. Deuxièmement, Dantès se réfère à “Sinbad le marin”. Ce nom est synonyme de chance ; dans les “Mille et une nuits », Sinbad s’embarque pour de nombreux voyages qui s’avèrent désastreux mais qui finissent toujours bien par aller, et offrent lui procurent de grandes richesses. Dans ce cas, combiné au fait que Dantès discute avec un membre de l’équipage du Pharaon, les préfigurations indiquent que Dantès projette de livrer de grandes richesses à M. Morrel à l’avenir dans le futur.

Comme mentionné plus tôt, Dantès en est venu à croire qu’un homme doit souffrir avant d’être prospère et de profiter de ses richesses. Ceci est clairement mis en évidence par la référence au nom de Sinbad. Ce nom est approprié pour Dantès ; après avoir souffert de nombreuses années, il s’est maintenant échappé de prison, a trouvé de l’argent au-delà des rêves les plus fous, tout comme le marin légendaire. L’analogie est d’autant plus fidèle si l’on considère que Dantès était aussi un marin à l’époque.

Chapitre 19

Les derniers créanciers ont encaissé leurs factures la fortune de Morrel est liquidée. Il désespère de ne pouvoir honorer ses dettes envers Dantès et demande à Danglars de l’aide puisque ce dernier est banquier. Il refuse de lui prêter de l’argent.

Les trois mois sont presque écoulés, la femme et la fille de Morrel font appel à son fils qui se trouve en garnison. Morrel, dans l’attente du retour de l’agent de Thomson and French sous quelques heures, prépare son pistolet pour mettre fin à ses jours. Avant l’arrivée de Dantès, la fille de Morrel, Julie reçoit une lettre de Sinbad le marin, lui ordonnant d’aller chercher une bourse rouge au sixième étage sur le manteau de cheminée au 15 Allées Meilhan. Dans cette bourse, les Morrel trouvent un diamant annoté comme étant la dot de Julie. La bourse contient aussi les traites de banque dûes à Thomson and French, portant la mention : payé. Au même instant, une copie conforme du Pharaon débarque dans le port avec des membres de l’ancien équipage à sa barre. C’est un spectacle publique, attirant une large foule. M. Morrel sait qu’un bienfaiteur l’a aidé, mais il ignore qui. Dantès se tient dans l’ombre observant le miracle se dérouler prendre place. Puis il disparait sur un esquif avec l’aide de Jacopo. Ayant récompensé ses vrais amis, il peut maintenant commencer sa véritable revanche.

Analyse :

Ce chapitre est véritablement remarquable grâce à son déroulé. C’est un exemple parfait du talent de Dumas à capter l’intérêt et l’attention du lecteur. Les événements semblent se mettre en place à la perfection. Par exemple, le retour du fils de M. Morrel survient à l’instant même où la lettre de Sinbad le marin. Et ceci, en même temps que Morrel projette de se suicider afin de sauver son honneur. Le mot qui accompagne le du diamant permet d’effacer les dettes de Morrel et ainsi le sauver du suicide et du déshonneur.

Le fait qu’il n’y ait pas de raison flagrante pour que Dantès impose trois mois d’attente à M. Morrel, peut-être interprété par sa psychologie. Le bonheur que M. Morrel éprouve dans ce salut mystérieux est intensifié par la souffrance endurée, allant jusqu’à frôler le suicide presque au bord de commettre un suicide. Cela reflète à nouveau la croyance de Dantès, qu’un homme doit souffrir avant d’accéder au bonheur.

Le retour d’une copie conforme du Pharaon symbolise le pouvoir de Dantès sur le destin. Même si le bateau a coulé, Dantès est capable de jouer un rôle de demi-dieu, et de donner au Pharaon une nouvelle vie. Cet acte de résurrection est récurrent dans le roman, Dantès va constamment redonner vie aux personnes auxquelles il tient, tout en donnant la mort à d’autres. Son pouvoir sur la vie et la mort est une forme de puissance divine acquise à travers la souffrance, et Dumas semble même suggérer que les hommes peuvent devenir presque des Dieux s’ils souffrent suffisamment (une référence indirecte au christianisme et à la souffrance du Christ).

Chapitre 20

Albert de Morcef, fils de Mercédès et Fernand, est présenté comme un jeune riche gentilhomme. Il visite Rome durant le carnaval avec son ami le Baron Franz d’Epinay. Leur suite trouvée dans un hôtel ne les satisfait pas, mais lorsqu’ils s’en plaignent on leur répond qu’un riche et mystérieux personnage a loué toutes les autres chambres. Albert et Franz ne réussissent pas non plus à louer une calèche. Quand Dantès déguisé en Comte de Monte Cristo, entend parler de leurs difficultés, il leur offre un siège dans son propre équipage . Il propose de les retrouver plus tard, les invitant ainsi à lui rendre visite dans ses suites prestigieuses. Dantès suggère qu’ils se rendent à une exécution publique sur la place. Ceci engendre une discussion sur les différentes méthodes d’exécution, un sujet prisé par le Comte. Il dit à Albert qu’il trouve que la décapitation ne convient pas pour punir toute sorte de crimes. Par exemple, ceux qui causent des souffrances humaines ne devraient pas se solder par une punition si brève. Le coupable devrait d’abord souffrir lentement.

Analyse :

L'importance de ce chapitre est double. Premièrement, Dantès est présenté en tant que Comte de Monte Cristo pour la première fois. C’est le personnage qu’il utilisera pour briller dans les hautes sphères de l’Europe. En tant que Comte fortuné, il utilise sa richesse pour créer une atmosphère de luxe extrême, impressionnant les deux jeunes hommes dans cette scène et plus tard tout ceux qu’il rencontre. Deuxièmement, Dantès sait que pour exercer sa vengeance, il doit pouvoir accéder aux personnes visées. Ainsi, il a besoin de devenir membre de la haute société. En divertissant Albert et Franz, il gagne les faveurs d’Albert de Morcef, et prépare ainsi son entrée dans la société parisienne. Toutes ses actions dans le rôle du Comte sont préméditées et calculées.

Cette scène est la première des scènes de « complot », où Dantès commence à tisser la toile qui détruira Danglars, Villefort et Fernand. Il a la patience (après tout il a été emprisonné durant quatorze années) pour élaborer la parfaite conspiration pour atteindre ses ennemis. Sa discussion avec Albert et Franz sur les types de châtiments préfigure la chute douloureuse de ses ennemis. Il croit en “ oeil pour oeil”, et par là, puisqu’il a tant souffert, ses ennemis souffriront aussi.

La discussion détaillée sur les techniques d’exécution montrent l’étendue du savoir de Dantès. Tout comme le Comte, Dantès montre une somme énorme de connaissances, reflétant son exposition à différentes cultures. Ce n’est que la première démonstration de son expertise sur un domaine et, tout le long du roman, sa capacité à discuter tous les sujets en profondeur impressionnera et effrayera ses auditeurs, comme c’est le cas pour Albert dans cette scène.