Le Tartuffe

Le Tartuffe Citations et Analyse

Ceux de qui la conduite offre le plus à rire, / Sont toujours sur autrui les premiers à médire ; / Ils ne manquent jamais de saisir promptement / L'apparente lueur du moindre attachement, / D'en semer la nouvelle avec beaucoup de joie, / Et d'y donner le tour qu'ils veulent qu'on y croie.

Dorine, Acte I scène 1

Dorine répond ici à l'accusation de Madame Pernelle selon laquelle la famille est devenue le sujet des ragots du voisinage. Dorine, et Cléante par la suite, suggèrent que les rumeurs font partie intégrante de la vie. Dorine considère également que les personnes les plus enclines à critiquer les autres sont celles qui espèrent dissimuler leur propre comportement ; elles veulent détourner l'attention afin de protéger leurs secrets. Toutes ces idées sont au cœur de la pièce, puisque les attaques de Tartuffe contre la moralité des autres visent à dissimuler son propre manque de vertu.

Mais il est devenu comme un homme hébété, / Depuis que de Tartuffe on le voit entêté. / Il l'appelle son frère, et l'aime dans son âme / Cent fois plus qu'il ne fait mère, fils, fille et femme. / C'est de tous ses secrets l'unique confident, / Et de ses actions le directeur prudent.

Dorine, Acte I scène 2

Dorine et Cléante se plaignent de la dévotion aveugle d'Orgon envers Tartuffe. Dorine suggère qu’Orgon a perdu toute capacité de raisonner par lui-même. Orgon est complètement envoûté par l’imposteur, au point de ne pas tenir compte des avertissements de ses proches. La gravité du propos de Dorine préfigure à quel point Orgon s'est fait manipuler par Tartuffe, allant jusqu’à lui remettre l'acte de propriété de sa maison et le coffre-fort.

Je vois qu'il reprend tout, et qu'à ma femme même, / Il prend pour mon honneur un intérêt extrême ; / Il m'avertit des gens qui lui font les yeux doux, / Et plus que moi, six fois, il s'en montre jaloux.

Orgon, Acte I scène 6

Tartuffe est le maître de la tromperie – même ses actions les plus mauvaises sont dissimulées sous une apparence de piété et de moralité. Ici, Orgon explique à son beau-frère comment il a rencontré Tartuffe et pourquoi il l’admire tant. Il est tellement aveuglé qu'il interprète la débauche de Tartuffe comme une vertu, croyant que l'hypocrite porte une attention particulière à Elmire par devoir envers Orgon. Orgon a choisi de faire confiance à Tartuffe plutôt qu'à sa famille, supposant implicitement que sa femme est digne de suspicion. Son attitude est amusante en raison de l'ironie dramatique : nous, spectateurs, savons très bien pourquoi Tartuffe est si attentif à Elmire.

Et comme je ne vois nul genre de héros / Qui soient plus à priser que les parfaits dévots ; / Aucune chose au monde et plus noble et plus belle, / Que la sainte ferveur d'un véritable zèle ;

Cléante, Acte I scène 6

Lors de sa première dispute avec Orgon, Cléante partage sa propre vision de la foi. Certains critiques pensent que la philosophie de Cléante, reflétée dans cette citation, représente le point de vue de Molière lui-même. Cléante privilégie l'honnêteté et la sincérité aux démonstrations de piété. Il explique que la véritable ferveur religieuse vient du plus profond de soi.

Un père, je l'avoue, a sur nous tant d'empire, / Que je n'ai jamais eu la force de rien dire.

Mariane, Acte II scène 3

Mariane explique ici à Dorine pourquoi elle a accepté avec tant de facilité le projet d'Orgon de lui faire épouser Tartuffe. Elle considère, comme il était coutume à l’époque, qu’elle ne peut remettre en question la parole de son père. Son personnage contraste fortement avec celui de Dorine, qui revendique sa liberté d’action et de décision.

Nous en ferons agir de toutes les façons. / Votre père se moque, et ce sont des chansons. / Mais pour vous, il vaut mieux qu'à son extravagance, / D'un doux consentement vous prêtiez l'apparence, / Afin qu'en cas d'alarme il vous soit plus aisé / De tirer en longueur cet hymen proposé.

Dorine, Acte II scène 4

Lorsque Dorine propose que Mariane et Valère s’allient pour contrer les projets d’Orgon, elle établit son rôle de personnage central de la pièce. Contrairement à la plupart des autres membres de la famille, trop irréfléchis, elle s’oppose intelligemment à l’injustice et à l’ignorance. Elle veut que Mariane et Valère lui fassent confiance et qu'ils soient heureux l'un avec l'autre. De plus, en suggérant à Mariane de feindre la complicité, elle montre qu'elle comprend les méthodes que Tartuffe, qu’elle décide d’utiliser pour le bien des autres plutôt que pour son plaisir personnel.

Oui, mon cher Fils, parlez, traitez-moi de perfide, / D'infâme, de perdu, de voleur, d'homicide. / Accablez-moi de noms encore plus détestés. / Je n'y contredis point, je les ai mérités, / Et j'en veux à genoux souffrir l'ignominie, / Comme une honte due aux crimes de ma vie.

Tartuffe, Acte III scène 6

Dans ce discours, Tartuffe feint la culpabilité pour détourner l'attention d'Orgon des affirmations de Damis selon lesquelles Tartuffe aurait tenté de séduire Elmire. Il révèle ici sa maîtrise de soi, en ne niant ni ne confirmant rien. Le public voit ici à quel point la prétention à la piété peut être forte. Bien que la scène soit amusante, elle révèle également à quel point Tartuffe est redoutable.

Le scandale du monde est ce qui fait l'offense, / Et ce n'est pas pécher que pécher en silence.

Tartuffe, Acte IV scène 5

À la fin de la pièce, le public comprend que le principal défaut de Tartuffe est sa luxure. Lors de sa deuxième rencontre avec Elmire, il lui dévoile à la fois sa lubricité et ses manipulations. La scène est comique en raison de l'ironie dramatique (Orgon se cache sous la table) : c’est la première fois que les tromperies de Tartuffe échouent.

Ah, ah, l'homme de bien, vous m'en voulez donner ! / Comme aux tentations s'abandonne votre âme ! / Vous épousiez ma Fille, et convoitiez ma femme !

Orgon, Acte IV scène 7

Quand Orgon découvre enfin que Tartuffe est un menteur et un imposteur, il le confronte immédiatement. Orgon accepte la vérité sur Tartuffe seulement lorsqu’il voit sa perfidie de ses propres yeux. En apostrophant Tartuffe si frontalement, il le pousse à se venger, alors qu’une approche plus subtile aurait pu lui permettre de protéger sa famille.

C'en est fait, je renonce à tous les gens de bien. / J'en aurai désormais une horreur effroyable, / Et m'en vais devenir, pour eux pire qu'un Diable.

Orgon, Acte V scène 1

Orgon apprend la vérité sur Tartuffe mais n’en change pas moins sa manière d’agir. Il conserve son tempérament impulsif. Des tromperies de Tartuffe, il déduit que tous les religieux sont des hypocrites. En y opposant la réplique de Cléante, Molière fait de sa pièce non pas une diatribe contre la religion, mais plutôt une réflexion sur ce qu’est une foi véritable.

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