Chapitre I
Alors que Léon, à Paris puis Rouen, avait réussi à oublier Emma, ses sentiments passés remontent rapidement à la surface après l’avoir revu à l’opéra. Le jour suivant le café pris tous trois près de l’opéra, Léon rend visite à Emma dans sa chambre d’hôtel (Charles est reparti à Yonville). Emma retrouve aussi peu à peu ses sentiments pour Léon, et ils ont tous deux une conversation intime sur le malheur, avec une vision romantique de la mort. Léon finalement déclare son amour à Emma et l’embrasse. En voulant se protéger des affres de l’amour déjà connus lors de sa première aventure, Emma se refuse à lui, mais elle consent à le retrouver le lendemain dans la cathédrale. Presque pour se convaincre elle même de sa capacité à le repousser, Emma écrit à Léon une lettre lui expliquant en quoi elle ne peut-être sa maîtresse et qu’ils ne doivent pas s’engager dans une relation. Le jour suivant, Léon arrive.à la cathédrale, mais Emma le fait attendre, en espérant arriver suffisamment en retard pour ne pas le croiser et ainsi éviter de tomber amoureuse de lui à nouveau. Elle lui donne la lettre, mais il ne la lit pas, et pour échapper au malaise de cette rencontre, Emma accepte l’offre du Suisse de faire la visite de l’édifice. Léon est de plus en plus frustré et finalement la tire dehors et hèle une fiacre. Tout en donnant l’ordre au cocher de conduire sans direction à travers la ville, les deux sautent dans la voiture et ferme les rideaux. Ils errent ainsi toute la journée et toute la soirée, et personne ne voit ce qui se passe. A un moment, une main émerge pour jeter la lettre déchirée, et on comprend qu’ils ont consommé leur relation.
Chapitre II
Parce qu’ils étaient tellement dans leur bulle durant la promenade en fiacre, Emma en a manqué son dernier train pour retourner à Yonville et doit prendre un taxi privé pour le rattraper. De retour chez elle, Emma est appelée à la pharmacie d’Homais, où Justin a des ennuis, car il a pris la clé du placard où se trouve l’arsenic. Emma ne comprend pas bien pourquoi sa présence est requise si urgemment, et elle s’ennuie de devoir être témoin de cette échange. Homais avoue finalement que le père de Charles est décédé. Charles est profondément attristé par la nouvelle, et sa mère leur rend visite sur une longue période — Emma est très embêtée par la tournure des événements. Plus tard, Lheureux rend visite à Emma avec une nouvelle liste de dettes. Ayant entendu parlé du décès du père de Charles, Lheureux suggère qu’Emma obtienne procuration sur les finances de la famille afin de régler ses comptes. Emma approche donc Charles, en argumentant que cette démarche bénéficiera à tout le monde, et il la croit naïvement et accepte la proposition. Bêtement, Charles envoie même Emma à Rouen pour trois jours pour que Léon règle les papiers, et sans le vouloir, donne au jeune couple trois jours entiers pour approfondir leur nouvelle relation.
Chapitre III
Emma rend visite à Léon à Rouen. Ils passent trois jours passionnés ensemble dans sa chambre d’hôtel, faisant l’amour, faisant des sortes en bateau, et profitant du romantisme d’un clair de lune. Lors de la promenade en bateau, le marin parle à Emma et Léon d’une fête qui s’est déroulée avec la veille sur ce même bateau. L’homme décrit Rodolphe — Emma frissonne en repensant à lui. Mais Léon n’est pas au courant de leur aventure, et Emma ne souhaite pas qu’il sache qu’elle a aimé quelqu’un d’autre que lui. Pour éviter toute suspicion, elle se ressaisit et fait promettre à Léon de lui écrire à Yonville.
Chapitre IV
Emma retourne à Yonville, et continue cette relation, Léon invente des excuses pour y faire des visites. En conséquence, sa vie à Rouen est négligée, et il commence à rencontrer des problèmes à son travail. Pendant ce temps, Emma replonge dans des dépenses excessives, et ses dettes empirent. Pour favoriser leur relation, Emma se démène pour que Charles accepte qu’elle prenne des cours de piano. Donc, plusieurs soirées d’affilée, elle s’assoit au piano, en prétendant jouer une pièce musicale et fait semblant d’être déçue et frustrée. Finalement, elle lui demande si elle peut prendre des lessons, en argumentant que cela lui procurera de la joie malgré le coût. Charles accepte. Bien sur, il n’y aucun cours de piano, donc Emma à une bonne excuse chaque semaine pour passer du temps avec Léon.
Chapitre V
Chaque jeudi, sous prétexte de prendre son cours de piano, Emma se rend à Rouen pour voir Léon. Leur histoire éveil en elle de forts sentiments. Chez elle, elle est anxieuse et distante, mais à Rouen elle illuminée et théâtrale.
Avec chaque visite, la relation d’Emma et Léon s’intensifie. En se renforçant, les deux voient dans l’autre un personnage romanesque, qui résulte en une sorte de jeu de rôle, qui sonne faux.
Sur le chemin du retour vers Yonville, Emma croise à chaque fois un mendiant aveugle et mal formé. L’homme semble prendre plaisir à chanter une chanson qui lui déplaît particulièrement, et elle aimerait bien se passer de sa présence.
Après peu de temps, Charles croise le prétendu professeur de piano et découvre qu’il n’a jamais rencontré Emma ni jamais entendu parler d’elle. Charles s’en ouvre à Emma, qui lui sort dans l’instant de fausses factures de ses leçons. Pensant qu’il s’agit simplement d’un malentendu, Charles se convainc que tout va bien.
La vie d’Emma devient hors de contrôle. Elle s’investit intensément dans la vie de Léon, et il commence à s’inquiéter de cette obsession grandissante. Elle dépense des sommes astronomiques sur la fortune de son mari et lui ment sur tous les aspect de sa vie. Lheureux refuse de prolonger le délai des dettes d’Emma, et il la presse de vendre une partie des biens immobiliers du père de Charles. Elle accepte, puis il l’incite à emprunter encore plus de l’argent. Quand la mère de Charles arrive, elle examine les comptes. Pour se protéger du désastre, Emma donne à Lheureux une fausse facture inférieure à ce que ce qu’elle possède réellement. Malgré les tentatives d’Emma pour garder le contrôle, la mère de Charles met au feu la procuration. Emma est atterrée et Charles ne sait pas comment réagir. En fin de compte, il accepte de refaire faire le document.
Chapitre VI
Un jour où Emma est à Rouen pour voir Léon, Homais lui rend également visite, ce qui la force à l’attendre. Elle se fâche fortement contre Léon pour avoir accepté de le recevoir, puis elle lui reproche de ne pas vouloir passer du temps avec elle. Léon lui promet d’essayer de s’esquiver mais il n’y arrive pas. Emma refuse d’attendre plus longtemps. Elle retourne à Yonville en rage contre Léon. Elle ne peut pas croire qu’il la fasse passer au second plan et elle commence à douter de son dévouement pour elle. En conséquence, elle le traite avec un léger mépris et essaye de contrôler tous les aspects de leur relation. Remarquant son changement de comportement, Léon devient lui aussi irritable.
Les dettes d’Emma se font de plus en plus lourdes. Une contrôleur fiscal fait une visite impromptue, et le chef de la police lui dresse une saisie en demeure. Pour se protéger du désastre, Emma emprunte encore plus à Lheureux et tente désespérément de trouver de l’argent, en vendant des objets de leur foyer. Mais alors même que ses dettes s’accumulent et que la ruine se profile, Emma continue de dépenser d’importantes sommes quand elle passe du temps avec Léon. Il désapprouve ouvertement son comportement excessif, il ose parler de son extravagance, ce qui la met en colère. Après tant de romance, d’extravagance, et de drame Léon et Emma finissent par se lasser de l’autre. A nouveau Emma s’égare, toujours à la recherche de la nouveauté. Elle se retrouve même dans un restaurant malfamé, entourée de vulgaires clercs qui doivent se rendre à un bal masqué.
Emma retourne à Yonville et reçoit un ordre judiciaire de payer 8,000 francs immédiatement sous risque de perdre sa propriété. Dans un moment de panique, Emma demande à L’heureux de l’aide, mais il refuse et la renvoie. Lheureux a toujours pressenti la vulnérabilité d’Emma et a toujours convoité tous les biens des Bovary.
Analyse
Chapitres I-III
Alors qu’Emma commence sa nouvelle histoire d’amour, avec Léon cette fois ci, elle délaisse immédiatement ses aspirations religieuses. Dès qu’une possibilité de vivre une histoire d’amour se présente, elle se berce d’illusions à nouveau. Le fait que Léon se soit éloigné d’Emma dans un premier temps, a permis à chacun de vivre des expériences, Emma en particulier, qui a vécu une longue relation avec un homme fortuné et mal intentionné; de son côté, le romantisme de Léon a diminué de par ses expériences parisiennes.
En se plaçant du point de vue de Léon, Flaubert démontre que Léon se tient à une distance plus raisonnable, prenant la mesure de leur comportement adultère, alors qu’Emma, elle, est retombée aveuglement amoureuse. Elle refuse de voir cette réalité. A ce moment là, Léon a développé des traits de caractère qui nous rappellent Rodolphe. Parfois, il se félicite d’avoir employé un style ou un vocabulaire de genre romantique. Malgré cela, Léon n’a pas autant de prestance que Rodolphe; on le voit par exemple s’impatienter durant la visite de la cathédrale. Plutôt que de reconnaître l’immaturité de Léon, Emma interprétant ses actions comme la conséquence de son grand amour pour elle, s’enferme comme à l’accoutumée dans cette illusion.
Dans la cathédrale, les conflits internes d’Emma entre doutes et croyance finissent par envahir son esprit. Alors qu’elle tente de se convaincre qu’elle ne devrait pas céder aux avances de Léon, elle succombe (comme on peut s’en douter), quittant l’église et le suit dans la fameuse fiacre. Alors que Flaubert venait de dénigrer la religion bourgeoise précédemment dans le roman, précisément quand Emma se tournait vers le prêtre de Yonville pour demander conseil, il reprend sa critique.. Emma accepte la visite proposée par le Suisse, une innocente vue de la cathédrale de l’extérieur sans risque d’être abreuvée de propos moralisateurs. Elle accepte cette visite car elle commence à ressentir de nouveau des sentiments l’envahir, mais cela ne suffit pas à la remettre dans le droit chemin. Emma qui, « se raccrochait de sa vertu chancelante à la Vierge, aux sculptures, aux tombeaux, à toutes les occasions » n’est finalement pas aidée par le Suisse dont la visite détaillée ne lui est d’aucun secours spirituel.
Le tour en fiacre est la scène la plus emblématique du roman. Dans cette scène, Flaubert nous décrit ce qui se passe à l’intérieur sans être vraiment explicite. La description détaillée des mouvements à l’intérieur de la fiacre représente la scène d’amour entre Emma et Léon, tandisque la fatigue du cocher représente l’épuisement physique du couple. Comme la fiacre continue à traverser la ville, il devient clair que pendant cette promenade le couple a consommé la relation. Plus spécifiquement, à la fin de la scène, lorsqu’une main s’échappe pour jeter la lettre déchirée d’Emma, la dissémination des morceaux représente l’orgasme. La lettre déchirée est un symbole de l’échec de ses vœux de piété et loyauté envers son mari – ces résolutions s’envolent à présent.
Chapitre IV-VI
Dans cette partie, les fautes et dettes d’Emma, qui augmentaient lentement auparavant, sont maintenant hors de contrôle. Il est possible qu’elle ait cru à une véritable histoire d’amour avec Léon, mais leur relation a toujours été pesante à cause de son romantisme obsessionnel. En restant fixée sur la superficialité des choses, tels que les rideaux de la chambre d’hôtel et les bibelots décoratifs sur le manteau de la cheminée, on voit qu’Emma a une vision idéalisée de sa relation avec Léon , et un regard irréaliste sur le monde. On s’aperçoit qu’elle est perdue dans un monde de fantaisies. L’illusion est impossible à maintenir sur le long terme, et la réalité fait retour et s’insinue dans sa vie.
Emma dépense de l’argent encore plus imprudemment dans le but de se distraire de l’échec de sa relation avec Léon. De plus, elle commence à batifoler avec des hommes vulgaires et peu recommandables dans des soirées à Rouen. Ses dépenses et dettes excessives et infinies aggravent sa souffrance et la tragédie imminente de sa relation avec Léon. Emma est à la limite de la ruine, émtionnelle et financière. Alors qu’elle se raproche du précipice, la panique commence à l’envahir. Le mendiant aveugle incarne le comportement misérable infini d’Emma, suggérant que c’est ce qui l’attend à son tour du fait de son aveuglement phénoménal et romantique. La peur envahissante du mendiant fait écho à sa peur de confronter ses propres démons, Emma se dirige vers la mort. Les choses sont devenues hors de contrôle dans tous les aspects de sa vie. Emma est prise dans un tourbillon de culpabilité, amour, frustration, colère, passion, et par les dures réalités de la vie.
Durant ce temps, Charles est absolument ignorant, comme à son habitude, de la gravité de la situation d’Emma. Il continue de financer ses déplacements à Rouen.