Quête vaine d’une femme pour la liberté et le pouvoir
Tout le long de Madame Bovary, Flaubert n’a de cesse de rappeler au lecteur que les femmes, en son temps, cherchaient à se définir et à être définies principalement à travers les hommes. Elles n’avaient que peu de pouvoir d’indépendance pour briguer leurs propres intérêts. D’une certaine manière, le roman en son entier dépeint la lutte d’affirmation pour la liberté et le pouvoir. Quant à Emma, elle est loin d’être à court de méthodes. Elle tente inlassablement de vivre une plus grande vie, mais se sent entravée par son mari et des amants qui continuent à la décevoir. Chez elle avec Charles, Emma passe la plupart du temps à regarder par la fenêtre, comme si elle vivait sa vie juste comme une spectatrice. Elle est en grande partie responsable de la tragédie qui lui arrive, toujours plus désespérée de faire advenir le meilleur pour elle-même.
Depuis son enfance, Emma rêvait d’une romance parfaite, de l’amour idéal qui lui procurerait une vie de bonheur ultime. Clairement, dans son esprit, ce bonheur ne peut être atteint qu’avec un homme à ses côtés. Emma dans la situation la plus extrême juste avant de commettre son suicide, à la fin du roman, se tourne une fois de plus vers les hommes pour demander de l’aide. Le plus souvent ils refusent de lui porter secours, même lorsqu’elle s’apprête à se prostituer pour rembourser ses dettes. Emma finit par croire que son unique source de pouvoir réside dans sa sexualité, mais même cette éventualité ne l’empêche de s’auto-détruire. Un jeune homme amoureux accepte de lui livrer de l’arsenic.
Posture bourgeoise, et médiocrité bourgeoise
Flaubert présente le récit d’une femme bourgeoise de classe moyenne, insatisfaite de sa vie et qui se bat pour accéder à un idéal. Son émerveillement face aux événements de la haute société, tel que le bal auquel Charles et elle se rendent, sont quasi humoristiques tellement ils paraissent irréels. Au bal, personne ne remarque Emma, mais pendant des mois qui suivent, elle se souvient avec acuité de tous les détails. Homais incarne véritablement le regard de Flaubert sur la médiocrité bourgeoise.
Homais se plaît à pontifier sur différents sujets pour lesquels il se croit expert, ce qui n’est pas le cas. Par exemple, c’est Homais qui lit l’article sur l’opération du pied-bot et convainc Charles qu’ils peuvent réussir l’épreuve ensemble. Par la suite, au chevet d’Emma, il s’adresse au Professeur appelé de Rouen, lui expliquant comment il a tenté d’examiner sa bouche, en « introduisant un tube avec le plus grand soin ». Le lecteur peut imaginer la réaction de dégoût du Professeur qui rétorque qu’il aurait été préférable « d’introduire » ses doigts dans la bouche. Alors qu’il est évident qu’il déteste la classe bourgeoise, Flaubert accorde quand-même aux bourgeois leur réussite. Alors que le roman prend fin, on apprend qu’Homais obtient la Légion d’Honneur.