Comparaison : la ville
Dans une des premières comparaisons, le narrateur dépeint la ville et les bouleversements surprenants causés par la peste : “Qu'on envisage seulement la stupéfaction de notre petite ville, si tranquille jusque-là, et bouleversée en quelques jours, comme un homme bien portant dont le sang épais se mettrait tout d’un coup en révolution!” (p. 22). La comparaison est très efficace parce qu'elle utilise le vocabulaire et l'imagerie de la santé en rapport avec la peste elle-même. Par ailleurs, elle permet au lecteur de voir à quel point le passage rapide de la normalité à l'anormalité, de la santé à la maladie, de la liberté à l'enfermement, est effrayant et déconcertant.
Métaphore : la peste
Il est compréhensible que les habitants de la ville aient du mal à comprendre ce qui leur arrive alors que la peste commence subtilement à menacer leurs vies. Le narrateur note : “on se dit donc que le fléau est irréel, c’est un mauvais rêve qui va passer.” (p. 40). Par cette métaphore, il semblerait que les habitants d’Oran préfèrent croire qu'ils surévaluent la gravité de la peste ou qu'il s'agit simplement d'un cauchemar qu'on oubliera au réveil. L’épidémie leur paraît éphémère ou exagérée. C’est ainsi qu’ils gèrent le début de leur confrontation à la peste.
Métaphore : la vie
Rieux utilise cette métaphore pour décrire la ténuité de la vie de celui qui est frappé par la peste : “Oui, au bout de tout cela, on était pendu à un fil et les trois quarts des gens (...) étaient assez impatients pour faire ce mouvement imperceptible qui les précipitait.” (p. 42). L'image est celle d'une personne qui s'accroche – un fil est une chose sans substance, peu solide, qui peut à peine supporter le poids de quelqu’un. La personne atteinte de la peste, parce qu'elle n'est qu'un être humain, ne peut que difficilement s'empêcher de bouger et de rompre le fil, ce qui montre la fatalité de la maladie.
Comparaison: le passé
Le narrateur explique la façon étrange dont passe le temps pendant la peste, suggérant que les gens ont “le désir déraisonnable de revenir en arrière ou au contraire de presser la marche du temps, ces flèches brûlantes de la mémoire.” (p. 71). Par cette comparaison, il montre que les gens, coincés dans un présent infernal, finissent par souhaiter se retrouver dans un passé où la peste n'existe pas. Ces ruminations sont particulièrement douloureuses en raison du contraste marqué avec le moment présent.
Métaphore : l'incarcération
Les portes de la ville sont fermées aux habitants d'Oran et ils sont prisonniers des murs et du ciel. Le narrateur explique qu'ils ont pris conscience de leurs entraves : “Mais, soudain conscients d’une sorte de séquestration, sous le couvercle du ciel (...) ils sentaient confusément que cette réclusion menaçait toute leur vie” (p. 96). La métaphore de l'emprisonnement est puissante, car elle montre à quel point la vie est désormais petite, restrictive et oppressante.