Rhinocéros

Rhinocéros Résumé

Rhinocéros est un commentaire fascinant de l’absurdité de la nature humaine. Comme plusieurs artistes du début du XXe siècle, Ionesco fait abstraction de la réalité pour créer un effet à la fois comique et terrifiant. Son écriture atypique, sa façon stylisée de construire des pièces et son symbolisme extravagant font de lui le pionnier du théâtre de l'absurde.

La pièce s'ouvre sur un décor ordinaire, rempli de personnages ordinaires. Nous faisons la connaissance de Bérenger et de Jean, deux amis très différents. Bérenger a l’air négligé, ses cheveux sont en bataille et il porte une chemise en lambeaux. Il boit tous les jours, ne respecte pas ses engagements et se sent submergé par la vie. Jean, en revanche, est d’apparence impeccable, ses cheveux sont soigneusement coiffés et ses chaussures sont lustrées. Il est fier de tout contrôler dans sa vie. Alors qu'ils sont assis dans un café sur la place du village, Jean tente d'aider Bérenger à reprendre sa vie en main. Il lui suggère de visiter des musées pour se cultiver. Bérenger, quelque peu déprimé, doute de sa capacité à changer, mais il promet d'essayer.

Pendant que Jean et Bérenger réfléchissent au sens de la vie, de nombreuses autres conversations se déroulent autour d'eux. Ces conversations sont plutôt banales et tournent autour de la vie de tous les jours. Les personnages représentent les habitants de la ville : la serveuse du café, le propriétaire du restaurant, sa femme, et une femme au foyer avec son chat. Deux personnages sortent du lot : le Logicien et le Vieux Monsieur. Leur conversation tourne autour de la logique, l'un des principaux thèmes de la pièce. Ils discutent du nombre de pattes des chats. Ceux-ci ont quatre pattes, et les deux personnages en déduisent que tout ce qui a quatre pattes est un chat. Cela permet au public de commencer à remarquer que la logique des raisonnements est faussée, à la fois dans cette ville et dans la vie en général.

Les conversations se poursuivent et un rhinocéros fait soudain irruption dans la ville. Les habitants ne savent pas quoi en penser. Avant qu’ils n’aient fini d’en discuter, un autre rhinocéros apparaît. Cette fois-ci, il tue le chat de la ménagère. Les personnages réagissent en se focalisant sur les détails, et tentent de recourir à la logique pour résoudre le problème. En réalité, ils ne font que compliquer les choses. Combien de rhinocéros y a-t-il réellement ? Combien de cornes ont-ils ? Quels types de rhinocéros ont une corne et lesquels en ont deux ? L’acte s’achève de façon troublante : quelque chose ne tourne pas rond dans cette ville.

Le deuxième acte débute dans le bureau de Bérenger, où nous rencontrons ses collègues, Dudard et Botard, et son patron, M. Papillon. Daisy, l'amoureuse de Bérenger - qui était passée devant le café dans la scène précédente -, travaille également dans ce bureau. Les personnages discutent de l’article paru dans le journal sur l’incident de la veille. Botard a du mal à croire que cela se soit vraiment passé, malgré le fait que Daisy et Bérenger lui soutiennent que si. Comme le Logicien, Botard utilise une logique erronée pour tenter de comprendre la situation. Une fois encore, cela ne fait que compliquer les choses.

Entre-temps, M. Bœuf, un collègue, ne se présente pas au travail. Lorsque son retard devient inacceptable, sa femme déboule dans le bureau, hystérique. Son mari s'est métamorphosé en rhinocéros ! Il l'a suivie jusqu'au bureau et l’attend en bas. Les personnages ne savent pas comment réagir face à l’absurdité de la situation. Ils s’attardent tous sur des détails étranges, et lui suggèrent même de divorcer. Ils se demandent si une telle situation est couverte par l’assurance. Finalement, Mme Bœuf décide de rester avec son mari et saute par la fenêtre, atterrissant sur son dos. La scène se clôt sur le sauvetage des employés de bureau par les pompiers.

Plus tard, Bérenger rend visite à son ami Jean dans son appartement. Leur conversation au café l’a fait culpabiliser et il commence par s’excuser, avant de remarquer que quelque chose cloche chez Jean. Sa voix est différente, il est plus distant et calme que d’habitude. Pire, une bosse est apparue sur son front. Alors que Bérenger raconte les récents événements liés aux rhinocéros, il constate que la bosse sur le front de Jean enfle sous ses yeux. Jean se transforme en rhinocéros. Terrorisé, Bérenger court chercher de l’aide.

Le troisième acte se déroule dans la chambre de Bérenger, où Dudard vient lui rendre visite. Plusieurs jours se sont écoulés, et les rhinocéros prolifèrent dans toute la ville. Dudard révèle que M. Papillon, leur patron, a choisi de "rejoindre" le camp des rhinocéros. Daisy fait son entrée, et les trois protagonistes semblent s'unir dans leur désir commun de conserver leur humanité. Cependant, à mesure qu'ils débattent de la situation, Dudard se laisse emporter par une fausse logique pour défendre les rhinocéros. Il devient de plus en plus séduit par leurs cris, jusqu’à ce qu'il saute par la fenêtre pour se transformer à son tour en rhinocéros.
Daisy et Bérenger ont l’air amoureux. Bérenger réalise qu'ils sont les deux derniers humains sur Terre et qu'il leur incombe de repeupler la planète. Cependant, Daisy commence à douter de leur position. Tout comme Dudard avant elle, elle se laisse séduire par les rhinocéros et finit par les rejoindre.

Seul sur scène, Bérenger lutte pour ne pas devenir fou. Il envisage pour la première fois de devenir lui-même un rhinocéros, mais il se ressaisit rapidement. Il conclut la pièce en affirmant fermement son attachement à son humanité, son individualité et sa moralité : "Je ne capitule pas !"

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