Jean-Paul Sartre est né à Paris en 1905. Il perd son père à l'âge de quinze mois. Il fréquente l'École normale supérieure (ENS), l'une des écoles les plus prestigieuses du pays, dont il sort diplômé en 1929.
C'est à l'ENS que Sartre rencontre celle qui deviendra sa compagne pour la vie : Simone de Beauvoir. Simone et lui s'entendent et s'associent pendant des années. Cependant, ils ne se marieront jamais, car Sartre ne croit pas à l'institution bourgeoise du mariage. À l'ENS, Sartre rencontre Emmanuel Mounier, Raymond Aron, Claude Levi-Strauss, Jean Hippolyte et Simone Weil, qui deviendront, comme Sartre, des penseurs célèbres. À la fin de ses études, Sartre se plonge dans la philosophie et part à Berlin pour étudier les œuvres de Martin Heidegger et Edmund Husserl. Il commence à fréquenter les cafés de la Rive Gauche du Paris des années 1930, qui deviennent rapidement le coeur de l’activité intellectuelle de ville. Combattant pendant la Seconde Guerre mondiale puis emprisonné par les Allemands, Sartre s'engage dans la Résistance dès son retour à Paris. Il écrit pour les revues Les Lettres françaises et Combat. Après la guerre, il fonde Les Temps Modernes, une revue littéraire et politique mensuelle.
L'influence de la méthode phénoménologique de Husserl sur Sartre transparaît dans l'une de ses premières publications majeures, L’imagination (1936). Deux ans plus tard, alors qu'il enseigne dans un lycée du Havre, Sartre publie La Nausée, un roman qui le rendra célèbre. Viennent ensuite Esquisse d'une théorie des émotions et L'imaginaire. Psychologie phénoménologique de l'imagination en 1939 et 1940.
Sartre a commencé La Nausée à la fin de son service militaire, alors qu’il travaillait comme météorologue. Il a ensuite enseigné au Havre, où il était connu pour être amical avec les étudiants. Il les invitait se joindre à lui lors de ses entraînements de boxe et certains rapportent qu'il se joignait même aux étudiants lorsqu'ils visitaient des maisons closes. À l'époque, Simone de Beauvoir et lui entretenaient ce que l'on pourrait appeler une relation ouverte ; elle enseignait à Rouen.
À cette époque, Sartre avait déjà développé les principes de la philosophie existentialiste. La Nausée raconte l'histoire d'un homme, Antoine Roquentin, qui découvre l'abondance excessive du monde et éprouve du dégoût pour ce monde et pour son propre corps. Le roman soutient que la vie humaine n'a pas de but et que l'existence est tout ce que nous avons. C'est le principe fondamental de l'existentialisme. Sartre rencontre rapidement Albert Camus, dont L'Étranger (1942) est devenu une oeuvre centrale de ce courant philosophique (bien que certains spécialistes placent ce roman dans le champ de l'absurde et soutiennent que Camus n'a jamais vraiment été existentialiste).
L'Être et le Néant (1943), qui est peut-être l’œuvre philosophique de Sartre la plus importante, expose sa conception de l'existentialisme. Sartre privilégie l'existence sur l'essence et soutient que la vie n'a pas de sens au-delà de nos objectifs. La liberté humaine dans un univers sans religion suscite une peur existentielle. Sartre nous recommande de nous se détacher de ce qui nous entoure afin de trouver une signification à notre existence. Cette recherche de sens ne peut être recherchée dans un Dieu. Un an après la publication de cet ouvrage fondamental, Huis clos est jouée à Paris, juste avant la libération de la capitale. Huis clos doit une grande partie de son pouvoir au désespoir de la France occupée ; sa vision de trois personnages piégés dans une version particulière de l'enfer fait écho non seulement aux vues philosophiques de Sartre mais aussi au climat politique de l'époque.
Sartre était toutefois loin d'être un nihiliste. Bien que ses écrits soient souvent emprunts de désespoir, Sartre lui-même était un défenseur infatigable du changement social et un grand optimiste. Il a détaillé sa conception de la responsabilité sociale dans L’existentialisme est un humanisme (1946). Bien qu'il n'ait jamais été membre du parti communiste, il exprime son admiration pour l'Union soviétique et se sépare de Camus en partie à cause de la condamnation du stalinisme par ce dernier.
En 1956, alors que les chars soviétiques entrent dans Budapest, Sartre perd tout espoir dans le communisme et tourne le dos à l'URSS. Dans “Le fantôme de Staline”, un article qu'il écrit pour Les Temps Modernes, Sartre condamne la soumission du Parti communiste français aux Soviétiques. Sa Critique de la raison dialectique, publié en 1960, théorisait et proposait un nouveau modèle politique, une sorte de socialisme sartrien, dans lequel Sartre exigeait que le marxisme reconnaisse les différences entre une société et une autre et respecte les libertés fondamentales.
La guerre du Viêt Nam est un autre terrain d'expression des convictions politiques de Sartre. Il s'oppose activement à la guerre, tout comme il s'était opposé à la guerre d'Algérie. En 1967, il fonde avec Bertrand Russell le Tribunal international des crimes de guerre, un tribunal d’opinion dénonçant la politique américaine au Viêt Nam.
Sartre meurt en 1980 d'un œdème des poumons, laissant sa dernière grande œuvre, L'idiot de la famille, inachevée.