Huit-clos

Huit-clos Huis clos et l'héritage du Second Empire

Après un bref retour à la monarchie suite à la chute de Napoléon Bonaparte a été instaurée la Deuxième République (la Première République étant le régime instauré par la Révolution dans les années 1790). Louis Napoléon a ensuite pris le pouvoir, s'est nommé empereur et a créé le Second Empire, qui a duré de 1852 à 1870. Paris a alors été entièrement transformé. L'Opéra Garnier, la célèbre maison du Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux, date de cette période. Le bâtiment a été conçu par Charles Garnier dans un style qui mélangeait le néo-classicisme français de Perrault avec des touches baroques. Le baron Haussmann, dès les années 1860, a démoli les quartiers médiévaux en dessinant de grands boulevards bordés d'arbres. Le quadrillage de la rive droite et de certaines parties de la rive gauche de Paris a inspiré des dizaines de villes dans le monde entier, la plus célèbre étant New York.

Le Second Empire s'est effondré en 1870 avec la désastreuse guerre franco-prussienne. Les boulevards de Paris avaient été construits pour faciliter le déplacement rapide des troupes dans la ville ; cependant, ce sont les troupes allemandes qui ont occupé la capitale. Lorsque Sartre écrit Huis clos au début des années 1940, le Second Empire est un passé lointain dont l’influence reste présente dans toute la France et surtout à Paris. Le style Second Empire est devenu représentatif d'un certain type d'esthétique. Il n'est jamais original, mais combine les modes Renaissance, néo-classique et baroque. Le mobilier Second Empire était présent dans tout Paris à l'époque de Sartre, dans de nombreux salons et hôtels.

Sartre et les intellectuels de la Rive Gauche se rebellaient ouvertement contre le conservatisme de la politique, de la philosophie et de l'esthétique françaises. Il n'est pas anodin que Sartre ait choisi le style Second Empire pour sa version de l'enfer. Les conflits font rage, masqués par une apparence calme et convenable, tout comme l'Empire a longtemps bafoué les libertés fondamentales en se présentant comme un bastion de paix et de prospérité. Sartre cherchait peut-être à représenter les expériences de sa propre génération. Ce style constitue un miroir troublant de ce que Sartre a pu percevoir comme l'échec de la France en 1940 – ainsi que celui des personnages de la pièce. Sous le glamour d'Estelle et les principes de Garcin se cachent des actes sordides. Inès rappelle bien qu’en enfer, tout a été planifié à l'avance.

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