Phileas Fogg est un homme fortuné vivant à Londres. Sa vie sociale est plutôt ennuyeuse, exception faite de son appartenance au Reform Club, une société privée réservée aux gentlemen londoniens. Sans femme ni enfant, il semble connaître beaucoup de choses sur le monde qui l’entoure, ce qui laisse supposer qu’il a beaucoup qu'il a voyagé. Toutefois, la majorité de son entourage pense qu'il n'a pas quitté Londres depuis de nombreuses années.
M. Fogg passe la majeure partie de son temps, chaque jour, au clubhouse du Reform Club, et un domestique l’attend chez lui. Il a récemment renvoyé son domestique, et c'est désormais un Français de Paris, Jean Passepartout, qui entre à son service. Ce dernier se réjouit de sa nouvelle fonction, même s'il est un peu méfiant envers son maître, et étonné par sa rigueur, son sérieux et la détermination dont il fait preuve dans tous les aspects de sa vie. Passepartout est lui-même vif et fier, et il sera intéressant de voir comment sa personnalité se marie avec celle de M. Fogg. Néanmoins, il est convaincu que lui et son maître s'entendront bien, et il a hâte de commencer son travail.
Dès son premier jour de travail, Passepartout accompagne Mr. Fogg, comme à son habitude, au Reform Club à onze heures et demie du matin. Là, il prend son petit déjeuner et discute avec les autres membres du club, dont Ralph. Ils évoquent le vol de cinquante-cinq mille livres à la Banque d'Angleterre, signalé par le journal Daily Telegraph. Le journal affirme que le voleur était un gentleman et ne faisait probablement pas partie d’une bande de professionnels.
La question se pose de savoir où le voleur a pu se réfugier, et quelqu'un suggère que le monde est si grand qu'il aurait pu fuir n'importe où. Mr. Fogg rétorque que le monde est désormais plus petit, ce à quoi Ralph acquiesce, soulignant que l'on peut désormais faire le tour du monde beaucoup plus rapidement qu'auparavant. Mr. Fogg affirme que l'on peut désormais faire le tour du monde en quatre-vingts jours, ce que confirme un autre membre du Club en se référant à une estimation faite par le Daily Telegraph. Cela aurait été rendu possible par l'achèvement du dernier tronçon de chemin de fer traversant le continent indien.
Les membres du club font remarquer que cette durée de 80 jours ne prend pas en compte les conditions météorologiques, les naufrages, les accidents ferroviaires ou n’importe quel autre évènement qui pourrait engendrer un retard. M. Fogg estime au contraire que ces éléments ont été pris en compte par le calcul du Daily Telegraph.
Stuart, l'un des membres du club, dit qu'il aimerait bien voir M. Fogg le faire lui-même en quatre-vingts jours. Cela devient un pari : M. Fogg mise vingt mille livres sterling, soit la moitié de sa fortune, sur le fait qu'il peut faire le tour du monde en quatre-vingts jours ou moins. Les membres du club ont du mal à croire qu’il fasse un pari aussi sérieux. Persuadés qu'il échouera et qu'ils gagneront vingt mille livres, ils acceptent. M. Fogg prévoit de partir le soir-même.
De retour chez lui, M. Fogg annonce à Passepartout qu'il l’emmène faire le tour du monde Passepartout, stupéfait, pense qu'il est impossible de faire le tour du monde aussi rapidement, mais il est tout de même séduit par la perspective de partir à l’aventure. Ils ne prennent que des valises, prévoyant d'acheter des vêtements en cours de route. Cependant, au moment de partir, Passepartout se souvient qu'il a laissé le chauffage à gaz allumé dans sa chambre. Puisqu’il n’a pas le temps de retourner l’éteindre, il est décidé que l'argent dépensé pour l'avoir laissé allumé si longtemps serait déduit du salaire de son salaire.
Rapidement, la nouvelle du départ de M. Fogg se répand dans tout Londres grâce à la presse, et chacun parie sur la réussite ou l’échec de l’opération. Un commissaire de police londonien, le détective Fix, reçoit un télégramme accusant Phileas Fogg d'être l'auteur du vol de la Banque d'Angleterre. Cette accusation peut sembler logique au vu de la nature solitaire de Fogg et de son départ hâtif d'Angleterre pour parcourir le monde.
Analyse
Il est important que le lecteur contemporain se souvienne de la date de publication du roman, édité en 1873. L'histoire se déroule à Londres durant la période victorienne, une époque connue pour son élégance et son raffinement, ainsi que pour la grande attention portée au statut social des citoyens. Plusieurs éléments de la société victorienne se reflètent dans ce livre. Par exemple, le personnage principal, M. Fogg, fait partie d'un cercle privé de gentlemen aisés, et d'autres personnages tenteront au cours de l’histoire de s'immiscer dans sa vie sociale pour mieux le comprendre. La richesse et le statut social sont également des thèmes récurrents : M. Fogg, les membres du Reform Club, ainsi que les autres personnages de la haute société londonienne, sont aisés au point de parier de grosses sommes d'argent sur des projets aussi absurdes qu'un tour du monde. Cela représente une somme colossale pour l'époque : vingt mille livres sterling en 1873 valent 1,6 million de livres aujourd'hui, soit environ 1,83 millions d’euros. Dès le début de l'œuvre, on remarque que l'auteur a une façon particulière de titrer ses chapitres. Les titres sont longs et précis, expliquant en détail l'événement majeur qui se déroule dans chaque passage. Par exemple, le premier chapitre est intitulé " Dans lequel Phileas Fogg et Passepartout s’acceptent réciproquement, l’un comme maître, l’autre comme domestique ". Ces titres renforcent le ton léger et fantaisiste du livre, et contribuent à susciter l'excitation des lecteurs, tentés de deviner ce qu’il se passera dans le chapitre avant de le lire.
Très tôt, Phileas Fogg est présenté comme un personnage mystérieux et solitaire. L'histoire est racontée à la troisième personne, ce qui permet aux lecteurs de s'identifier aux à ceux qui, comme lui, observent Mr Fogg et sont curieux de savoir qui il est vraiment. Bien qu'il semble fier d'appartenir à une société privée, il passe la majeure partie de son temps seul. Même si l'intrigue se concentre principalement sur Fogg, il est aussi difficile pour les lecteurs que pour les autres protagonistes de savoir dans quel état d'esprit il est.
Le serviteur Passepartout sert à bien des égards de faire-valoir à Mr Fogg - un faire-valoir est un personnage dont les caractéristiques s'opposent à celles d’un autre pour en accentuer les qualités. Passepartout est chaleureux et enthousiaste, là où Fogg est sérieux et solitaire. Passepartout est donc un compagnon de voyage idéal pour Fogg, ce qui met en relief la personnalité de ce dernier lorsqu'ils voyagent ensemble à travers le monde. Ils forment donc un duo idéal.
Le titre du livre, Le Tour du monde en quatre-vingts jours, suggère évidemment un récit de voyages. Dans la littérature, les récits de voyages, de quêtes et de périples sont généralement le théâtre d’un changement de personnalité des personnages, qui apprennent de leurs erreurs au cours de leurs péripéties, et reviennent en étant des personnes très différentes de celles qu’ils étaient en partant. Dans cette optique, on peut s'attendre à voir Phileas Fogg évoluer au fur et à mesure que l'on en apprend davantage sur lui.
Le chapitre V se termine sur un moment de suspense et préfigure les nombreuses difficultés que rencontrera Fogg lors de son voyage. Forcément, le lecteur se demande s’il est réellement le voleur de banque, car l'analyse de Fix est assez convaincante.