Le Tour du monde en 80 jours

Le Tour du monde en 80 jours Résumé et Analyse

Tout semble perdu, car aucun autre paquebot ne pourra les amener en Angleterre à temps. Passepartout, comme d'habitude, se sent coupable. Fogg se contente de dire qu'ils trouveront un meilleur plan d’action demain, puis les emmène passer la nuit à l’hôtel.

Fogg se rend sur le port, où il trouve un navire de commerce. Il monte à bord et demande à parler au capitaine. Celui-ci, nommé Speedy, lui indique que son bateau se dirige vers Bordeaux, et refuse catégoriquement de les emmener à Liverpool, quelque soit la somme d’argent proposée. Fogg change de tactique et lui demande plutôt de les conduire à Bordeaux pour deux mille dollars par passager : le capitaine Speedy accepte, et Fogg retourne à l’hôtel chercher le reste du groupe.

Alors que le navire dépasse Long Island et pénètre dans l'océan Atlantique, on apprend que c’est désormais Fogg qui dirige le bateau, et non le capitaine Speedy. Dès son arrivée à bord, il a soudoyé l'équipage, emprisonné le capitaine Speedy dans sa cabine et mis le cap sur Liverpool. Fogg dirige le navire comme un expert, ou plutôt comme un ancien marin. Le navire avance à bonne allure et Passepartout se réjouit de l'intelligence de son maître. Fix, quant à lui, est tout à fait perplexe. Il suppose que Fogg les emmène à un endroit où il pourra échapper à la justice.

Une tempête s'abat sur le navire durant deux jours, mais cela n’empêche pas Fogg de continuer à avancer. Cependant, leur plan s’avère être compromis lorsque l'ingénieur du navire informe Fogg qu'il n'y a pas suffisamment de charbon pour atteindre Liverpool à pleine vapeur, mais Fogg leur demande de continuer à faire fonctionner les turbines à plein régime. Alors que les réserves de charbon sont sur le point de s’épuiser, il rappelle le capitaine Speedy sur le pont et lui propose d’acheter le navire. Il compte brûler des morceaux du bateau pour continuer à alimenter les machines à vapeur.

Fogg propose au capitaine Speedy la somme de 60 000 dollars : il accepte, se disant que le navire est vieux et qu’il pourra toujours récupérer la carcasse à la fin. Fogg explique à qu'il risque de perdre vingt mille livres s'il ne retourne pas à Londres dans quelques jours. Speedy est surpris, mais il fait à Fogg le plus beau des compliments et lui dit qu'il a en lui quelque chose de Yankee.

Ils brûlent suffisamment de bois pour atteindre Queenstown, en Irlande. À partir de là, ils prennent un train pour Dublin et, une fois à Dublin, embarquent sur des bateaux rapides destinés au courrier, qui les conduiront à Liverpool avec douze heures de moins qu’un bateau à vapeur. Cependant, dès leur arrivée à Liverpool, Fix sort un mandat de sa poche et arrête Fogg au nom de la reine d’Angleterre.

Fogg est enfermé à la douane, emprisonné, et Passepartout et Aouda sont sous le choc. Bien qu'il ait clairement perdu son pari, Fogg, assis dans le bureau de la douane, reste calme. Il remarque alors que sa montre avance de deux heures et réalise que s'il prend immédiatement un train express, il peut arriver à Londres à temps. Après une heure et demie d'attente, la porte s'ouvre brusquement et Fix, Passepartout et Aouda se précipitent vers lui. Fix, essoufflé, explique qu'il y a eu un malentendu et que le véritable voleur a été arrêté il y a trois jours : Fogg est libre.

Le dernier train express vient de partir, mais Fogg réquisitionne un train spécial en offrant une récompense au mécanicien qui le conduira à Londres. Le voyage aurait pu être accompli à temps si les voies avaient été dégagées, mais des retards forcés font que Fogg entre en gare de Londres avec cinq minutes de retard, perdant ainsi son pari.

En rentrant chez lui, Fogg réalise qu’il est ruiné. Passepartout s’inquiète pour son maître et se demande pourquoi il ne lui en veut pas : après tout, c’est à cause de lui qu’ils sont en retard. Chez Fogg, une chambre a été aménagée pour Aouda. Passepartout lui dit qu’elle pourrait lui parler, mais elle a peur de l’influence qu’elle pourrait avoir sur lui.

Pour la première fois, Fogg passe toute la journée chez lui, ne voyant pas l’intérêt d’aller au Reform Club. Le soir venu, il décide de s'entretenir avec Aouda et se retrouve seul en sa compagnie. Il implore son pardon de l'avoir emmenée en Angleterre, expliquant qu'au moment où il l'a sauvée, il était fortuné et disposait d'une fortune qui aurait pu garantir sa sécurité et son confort. Aouda, quant à elle, lui demande pardon de l'avoir suivi et de l’avoir retardé.

Elle lui demande ce qu'il compte faire désormais, et commence à lui suggérer de demander de l'aide à ses amis et à sa famille. Fogg lui répond calmement qu'il ne possède ni l'un ni l'autre. Soudain, Aouda se lève et lui prend la main, lui demandant s'il souhaite une parente et une amie à la fois, et s'il veut l'épouser. Fogg se lève à son tour, les yeux brillants, et lui dit qu’il l’aime et qu'il lui appartient entièrement. Ils appellent Passepartout, qui se réjouit de cette nouvelle, et le chargent de prévenir le révérend Samuel Wilson afin d'organiser un mariage pour le lendemain, qui sera un lundi.

Le chapitre XXXVI explique que le tout-Londres, après l'arrestation du véritable voleur, James Strand, a finalement réalisé que Fogg était un homme honorable. Tout le monde attend avec impatience de voir s'il réussira son pari. Les membres du Reform Club sont anxieux et, à huit heures vingt le soir convenu, alors qu'il ne reste que vingt minutes avant la fin du délai, tous semblent d’accord pour dire que Fogg va échouer. Ils se demandent pourquoi, et s’interrogent sur le fait qu’ils n’ont jamais reçu de télégramme de sa part. Puis, quelques secondes avant que le pari ne soit perdu... Phileas Fogg fait son apparition dans le club, et annonce qu’il a réussi.

Le dernier chapitre revient en arrière pour expliquer comment cela a pu se produire. À huit heures et cinq minutes, Passepartout s'est mis en route pour parler au révérend du mariage. Ne le trouvant pas chez lui, il attend pour lui parler, puis, après l’avoir rencontré, se précipite hors de la maison pour rejoindre Fogg. Il réalise alors que demain est un dimanche, et non un lundi, ce qui signifie qu'aujourd'hui est un samedi, et donc le jour d’expiration du délai. En franchissant la ligne internationale de changement de date, les voyageurs ont gagné une journée. Sitôt après avoir réalisé ce que cela signifiait, Fogg se précipite au Reform Club, juste à temps pour remporter son pari.

Deux jours plus tard, Fogg, de nouveau riche, épouse Aouda. Passepartout lui fait remarquer qu'ils auraient pu accomplir le tour du monde en soixante-dix-huit jours au lieu de quatre-vingts, s’ils n’avaient pas constamment été retardés. Fogg est d'accord avec lui, mais affirme que les retards en valaient la peine : c’est grâce à cela qu’il a pu rencontrer sa nouvelle épouse, et ce qu’il considère être la chose la plus importante que ce voyage lui ait offerte.

Analyse

Conformément aux attentes du lecteur, les frasques de Fogg atteignent leur paroxysme lors du voyage entre New York et Londres. Son groupe et lui avaient déjà accompli bien des choses étranges, mais la réquisition d’un navire entier est particulièrement radicale. Alors que Fogg manœuvre le bateau de main de maître, on réalise qu’on sait bien peu de choses sur son passé. Il n’est pas défini par son passé : il se concentre sur le présent, et non sur le passé.

Depuis le début du roman, Fogg est considéré par tous, sauf Fix, comme un honnête homme, et seul le détective le croit coupable d’un crime. Pourtant, un honnête homme n’aurait jamais volé un navire ni emprisonné son capitaine. Il ne parvient à s’en sortir que parce qu’il a assez d’argent, mais cela ne change rien au fait que ses actions sont moralement répréhensibles. Fogg avait-il raison d’agir ainsi pour gagner son pari ? Doit-on toujours se conformer à la morale, même dans des situations désespérées ?

Pourtant, Fogg est un personnage admirable à bien d’autres égards. Au début du roman, les lecteurs en savent très peu pour lui et il est difficile de savoir pourquoi il se lance dans un tel défi. Il est bien sûr facile de penser qu’il le fait pour l’argent, mais il dépense tant d’argent durant le voyage que l’opération n’est pas vraiment intéressante du point de vue financier. Il est donc clair qu’il a accepté ce pari pour l’honneur, et non pour l’argent.

Fix, en arrêtant Fogg dès son arrivée en Angleterre, récolte les fruits de sa persévérance et accomplit son devoir. Cependant, le fait de poursuivre Fogg à travers le monde pendant si longtemps a adouci sa perception de cet homme étrange, et il n'est plus tout à fait convaincu de sa culpabilité. Néanmoins, le fait qu’il se hâte de lui annoncer son innocence pour lui permettre d’arriver à Londres à temps démontre clairement qu'il respecte désormais Fogg.

Comme nous l'avons déjà mentionné, le thème du temps revient fréquemment dans cette histoire, et il est mentionné à plusieurs reprises que Passepartout a gardé sa montre à l'heure de Londres tout au long du voyage. Enfin, tout cela est éclairci : l'heure revêtait une extrême importance car la montre à l'heure de Londres était en réalité en avance d’un jour après qu’ils aient franchi la ligne internationale de changement de date. Verne distille subtilement des indices tout au long de l'histoire, suffisamment pour susciter la réflexion des lecteurs sur la signification du temps dans un monde où les fuseaux horaires sont si nombreux, mais pas assez pour laisser présager le retournement de situation de la fin.

Au début du voyage, nous avions prédit que, comme dans la plupart des récits de voyages, Fogg serait transformé, d'une manière ou d'une autre. À la fin, cela est clairement confirmé : Fogg, autrefois très distant, a finalement baissé sa garde. Son amour pour Aouda l'a adouci, et il exprime enfin ses émotions en lui déclarant son amour, et en affirmant qu’elle est la chose la plus importante qu’il ait retirée de ce voyage. La tendresse et la force de caractère d'Aouda sont un parfait complément de la personnalité plus rigide de Fogg.

Il est intéressant de constater que Fogg a dû faire le tour du monde pour obtenir ce dont il avait vraiment besoin : des liens avec ses semblables. À Londres, malgré son appartenance à un club, Fogg menait une vie très solitaire. Il ne s’est jamais vraiment lié avec qui que ce soit, laissant ainsi un vide constant en lui. Au cours de son voyage, il a non seulement trouvé une merveilleuse compagne, Aouda, mais aussi un ami de longue date qui lui a témoigné une dévotion sans faille, Passepartout. S'il était demeuré à Londres, la relation rigide entre maître et serviteur n'aurait jamais pu évoluer, et Fogg n'aurait jamais pu s'ouvrir aux autres. Qu'il ait remporté ou non son pari, Fogg avait incontestablement besoin de ce voyage.