Le Tour du monde en 80 jours

Le Tour du monde en 80 jours Résumé et Analyse

Tandis que le train s’approche des rives du Grand Lac Salé dans l'Utah, un mormon portant une tenue religieuse monte à bord. Il s'agit d'un missionnaire nommé Elder William Hitch, qui prévoit de donner une conférence sur le mormonisme dans le wagon numéro 117. Passepartout, curieux, décide d’y assister.

Hitch raconte l'histoire des mormons, depuis les temps bibliques jusqu'à nos jours, et décrit la façon dont le gouvernement a cherché à opprimer cette communauté qui a vaillamment résisté et persévéré. Bien que certains auditeurs se désintéressent de son récit et s'éloignent, Passepartout demeure attentif. Il finit par être le seul auditeur et l'Ancien s’adresse directement à lui. Lorsque ce dernier lui propose symboliquement de " planter sa tente " à l'ombre du drapeau mormon, Passepartout refuse poliment et quitte finalement le wagon.

Le train fait une arrêt à Salt Lake City, et Fogg et son groupe en profitent pour visiter la ville. C'est une bourgade typiquement américaine, bâtie selon un plan quadrillé, semblable à de nombreuses autres villes. En croisant des femmes mormones, Passepartout s'interroge sur la polygamie pratiquée par cette communauté. Il éprouve de la compassion pour les maris qui doivent guider leurs multiples épouses dans la vie.

Le train poursuit sa route et s'engage ensuite sur un terrain montagneux et périlleux. Comme à son habitude, Fogg reste calme et serein, mais Passepartout s'inquiète d'un éventuel retard. Aouda reconnaît le colonel Stamp Proctor à bord du train, l’homme avec qui Fogg avait échangé à San Francisco. Elle s’inquiète pour Fogg et reconnaît que ses sentiments envers ne relèvent plus que de la simple gratitude. Elle en informe Passepartout et Fix lorsque Fogg s'endort, et tous craignent que Fogg ne remarque la présence de Proctor et ne se batte de nouveau avec lui. Pour le distraire, ils se procurent un jeu de cartes et l'invitent à jouer une partie de whist.

Le train poursuit sa route à travers les vastes contrées sauvages de l'Amérique, mais se retrouve contraint de faire un arrêt imprévu : le pont qu’il doit traverser est en mauvais état et ne pourra pas supporter son poids. Un télégramme a été envoyé pour qu’un autre train plus léger soit dépêché, mais il faudra probablement attendre six heures avant qu’il arrive. Tout le monde est contrarié, mais un individu du nom de Forster avance une idée audacieuse : en abordant le pont à très grande vitesse, ils auraient de bonnes chances de le traverser avec succès.

Passepartout n’est pas convaincu et trouve cette proposition un peu trop américaine. Il tente de suggérer plutôt de faire traverser les passagers à pied puis de faire passer le train, mais personne ne l’écoute. Finalement, ils décident de tenter leur chance. Le train s’élance à 160 km/h et parvient à passer juste avant que le pont ne s'effondre dans la rivière qu’il surplombe.

À mi-parcours, au grand désarroi d’Aouda, Fogg et Stamp Proctor se croisent dans le train. Les deux hommes sont toujours en colère pour ce qu’il s’est passé à San Francisco, et se mettent d’accord pour se battre en duel au prochain arrêt. Le train étant en retard, il continue sa route sans s’immobiliser. Fogg et Proctor font évacuer un wagon à l'arrière du convoi, chacun armé d’un revolver.

Alors qu'ils s'apprêtent à faire feu, le train est subitement attaqué par une bande d'Indiens Sioux. Ils envahissent le train, et tous les passagers tentent de leur résister : même Aouda se défend en utilisant un revolver. Il est urgent de trouver un moyen d’immobiliser le train : s’il ne s’arrête pas à la prochaine gare, dans moins de deux miles, un fort où des soldats sont présents, les Sioux gagneront. Passepartout parvient à trouver une solution et se faufile agilement jusqu’à l’avant du train pour aller décrocher la locomotive du reste des wagons. Le train finit par s’arrêter juste avant la gare, mais Passepartout et deux autres passagers ont mystérieusement disparu, probablement kidnappés par les Sioux.

Les passagers du train se rendent jusqu’au fort pour soigner les blessés, tandis que Fogg est résolu à retrouver Passepartout, mort ou vivant. Il est conscient qu'une seule journée de retard lui ferait manquer son bateau à New York, mais il sait aussi qu’il est de son devoir de retrouver son fidèle serviteur. Il décide donc de se lancer à la poursuite des Sioux, et le capitaine du fort dépêche trente soldats pour l'accompagner. Il demande à Fix de rester auprès d'Aouda et de veiller à sa sécurité. Fix acquiesce, mais se demande pourquoi : il ne comprend pas pourquoi il est aussi fasciné par celui qu’il est censé arrêter.

Le train s’apprête à repartir, mais Fogg n’est toujours pas revenu. Aouda refuse, tout comme Fix, qui se demande toutefois ce qui l'a poussé à rester ici. Ils restent donc au fort, attendant anxieusement le retour de Fogg et des autres. Aouda et Fix passent la nuit au fort. Le lendemain, Fogg et les soldats reviennent, accompagnés de Passepartout et des deux autres voyageurs capturés.

La troupe accuse désormais un retard de vingt heures et Passepartout se reproche une fois de plus d'être à l'origine de ce retard. Fix leur propose de rattraper le temps perdu en utilisant un traîneau pour rejoindre la ville d’Omaha, dans le Nebraska, où passera le train. En hiver, lorsque le sol est enneigé, un traîneau équipé de voile peut en effet aller plus vite qu’un train. Menés par Mudge, le conducteur du traîneau, ils parviennent à Omaha juste à temps pour attraper leur train. Le reste du voyage jusqu'à New York se déroule sans encombre. Cependant, en arrivant au port, ils réalisent que le bateau à vapeur est parti depuis 45 minutes.

Analyse

Jules Verne décrit souvent certaines religions de manière caricaturale. On a déjà vu lors de la traversée de l’Inde que l'hindouisme était décrit comme une religion exotique et barbare, et cette tendance se retrouve également dans ces chapitres consacrés au mormonisme. Verne pense clairement que le mormonisme est un étrange produit de la liberté religieuse dont l'Amérique se targue. Il réutilise de nombreux stéréotypes, notamment celui de la polygamie, et les réflexions humoristiques de Passepartout sur le sujet nous permettent de comprendre la vision que Verne lui-même.

Notamment, Passepartout se dit que la polygamie est une situation difficile pour les hommes car ils doivent s’occuper de plusieurs femmes à la fois. Cela reflète les opinions misogynes de l'époque, déjà évoquées, selon lesquelles les femmes manquent d'autonomie et ne seraient pas aussi importantes que les hommes.

Dans ces chapitres, une alliance improbable se forme entre Aouda, Passepartout et Fix. Tous s'efforcent de protéger Mr. Fogg du mieux qu'ils peuvent et de l'aider à regagner Londres, mais leurs motivations ne sont pas du tout les mêmes. Aouda est motivée par l'amour naissant qu'elle éprouve pour celui qui l’a sauvée. Passepartout est motivé par sa loyauté, tandis que Fix est animé par son sens du devoir : il doit ramener Fogg sain et sauf en Angleterre pour pouvoir l’y arrêter. Tout cela est ironique, car Fogg n'a aucune idée de tout ce qui est fait pour assurer sa sécurité - il est bien trop préoccupé par le fait de gagner son pari.

Une fois de plus, on ne peut que constater le fait que la parole de Passepartout n’est presque pas prise en compte. Alors qu'ils s'efforcent de traverser le pont, Passepartout incarne la voix de la logique et de la raison dans un moment de panique, et démontre qu’il est bien plus intelligent que ce que l’on croit. Malheureusement, en tant que simple serviteur, il n’est pas écouté et est réduit au silence. Heureusement, personne n'est blessé et ils parviennent à s'en sortir, mais ce passage démontre une fois de plus à quel point les talents de Passepartout sont sous-estimés.

Dans l’ensemble, le rôle de Passepartout est contrasté. D'un côté, il retarde fréquemment et involontairement leur progression à plusieurs reprises mais, de l'autre côté, il sauve tous les membres du groupe plus d’une fois, par exemple en sauvant Aouda et en réussissant à stopper le train. Il fait également ressortir le meilleur de Mr. Fogg, qui en est venu à s’inquiéter pour son fidèle serviteur.

Le personnage de Fogg évolue de façon prévisible : au fil du temps, sa façade stoïque commence à s'effrilocher, et il montre de l’affection envers Passepartout et Aouda. Il est prêt à perdre son pari pour sauver Passepartout des Sioux, et il se comporte comme un homme galant envers Aouda, cherchant constamment à la protéger et à assurer sa sécurité. Cette facette de sa personnalité se développe incontestablement à mesure qu'ils approchent de la fin du périple.

Tout comme il l’a fait pour les tribus indiennes, Verne dépeint les autochtones américains comme des êtres sauvages, presque indignes d’être appelés des hommes. Il écrit ainsi que les Sioux ont envahi le train “ comme des singes ”. Face à eux, les passagers du train sont décrits comme résistant de façon héroïque : cette scène met en évidence le contraste entre les visions des peuples " civilisés " et " non civilisés " à la fin du XIXe siècle, un thème qui traverse l'ensemble du roman.

Au fur et à mesure qu’ils se rapprochent de l’Europe et que le délai de 80 jours s’écoule, les défis auxquels Fogg et son groupe sont confrontés deviennent de plus en plus absurdes. Cette tendance à multiplier les obstacles laisse penser que, lors de la dernière étape du voyage, ils devront imaginer la solution la plus ridicule possible pour être de retour à temps. Le chapitre XXXI s’achève sur un retournement de situation : le navire qui doit les emmener en Angleterre est déjà parti. Cependant, Fogg n'a pas encore abandonné, et ne renoncera certainement pas maintenant.