L'Inquiétante étrangeté

L'Inquiétante étrangeté Thèmes

L'étrange

Freud s’intéresse à ce vague sentiment de peur qui n’a rien à voir avec la peur que l'on peut avoir pour sa sécurité. Il s’intéresse aussi au sentiment caché de familiarité dans le sentiment d’étrangeté. Il argumentera finalement que " l’inquiétante étrangeté " est en fait notre souvenir des expériences de l’enfance que nous avons réprimées au fur et à mesure que notre conscience s'est développée. C’est ce sentiment de se souvenir de quelque chose qui distingue l’étrange de la simple peur.

L'ésthétique

Au début de L'Inquiétante étrangeté, Freud observe que l’esthétique, ou l’étude de comment l’art produit ses effets, a largement mis l’accent sur les aspects positifs de l’art. Freud veut se concentrer sur les effets négatifs, comme la peur et la crainte. Son approche élargit la portée de ce que nous concevons comme esthétique. Plutôt qu’un système logique pour analyser l’art, Freud s’intéresse à la relation de l’art à l’esprit de l’individu, et à des cultures intégrales. En se concentrant sur des effets extrêmes comme celui de l’étrangeté, Freud explore non seulement comment l’art "fonctionne", c’est-à-dire ce qui rend une peinture belle, mais aussi le rôle qu'elle joue dans le développement de nos consciences. La réponse de Freud est que l’art est le dépositaire de nos fantasmes, de nos peurs et de nos souvenirs refoulés, une perspicacité que seule l’étude du beau ne pourrait jamais concéder, parce que le beau est évidemment un effet désiré, consciemment.

Le développement de l’égo

La clé de l’inquiétante étrangeté, selon Freud, est que de nombreux phénomènes que nous considérons comme étranges sont en fait des souvenirs d’expériences ou d’états psychiques que nous avions au début de l’enfance, et que nous avons réprimés au fur et à mesure du développement de notre conscience. A partir de cette définition, on peut glaner quelque chose sur la théorie de Freud du développement du Moi. En tant que nourrissons, lorsque notre libido se développe, nous avons de nombreuses expériences (comme la croyance que le père veut nous castrer, ou la croyance que le monde est une extension de notre esprit) que nous devons réprimer afin de devenir des êtres conscients et rationnels. Le développement n’est donc pas simplement un processus de croissance, d’acquisition et d’intégration de nouvelles informations, mais de suppression active d’oubli des étapes antérieures de notre vie. Il n’est pas non plus fluide et continu, puisque ces souvenirs refoulés reviennent souvent comme anxiété, ou, dans ce cas, comme phénomènes étranges.

L'homme primitif

La théorie de Freud du développement de l’esprit conscient est parallèle à sa théorie du développement de l’humanité. Tout comme l’enfant réprime les souvenirs et les expériences afin de devenir un adulte conscient, l’humanité se développe à partir de ses phases primitives antérieures, où les êtres humains croyaient et pratiquaient la magie, pensaient que le monde était peuplé d’esprits vivants, et ne faisaient aucune distinction entre les images et la vie réelle, vers son état contemporain d’esprit moderne et rationnel. Freud pense que les névrosés, c’est-à-dire les gens qui ont échoué à élaborer les souvenirs de leur enfance et qui continuent à les refouler car ils refusent de les reconnaître, ont souvent des caractéristiques communes avec les primitifs, telle que la croyance en la toute puissance de leurs pensées pouvant affecter la réalité. Freud est souvent vague au sujet des sociétés primitives auxquelles il fait référence, et si cela est vrai de toutes ces sociétés. Néanmoins, il insiste sur le fait que le développement de la conscience humaine dans son sens historique le plus large n’est pas non plus régulier et continu, et que les phases antérieures de la conscience humaine sont toujours présentes en nous.

La toute-puissance des pensées

L’une des causes principales de l’étrangeté, selon Freud, est le retour à la croyance, pour les enfants en bas âge et les "primitifs", que leurs pensées peuvent réellement contrôler la réalité. La toute-puissance des pensées est une phase d’unité primaire avec le monde ; Freud voit le développement du Moi, et de la conscience humaine rationnelle, comme un processus de séparation. Nous réalisons progressivement que notre esprit est distinct du monde extérieur. Les enfants en bas âge et les peuples primitifs ne font pas cette distinction ; ils s’attendent à ce que leurs souhaits se réalisent immédiatement, ou à ce que des objets inanimés prennent vie.

Le complexe de castration

Freud relie l’inconfort autour des dommages oculaires ou de la perte de la vue au souvenir refoulé d’une peur de la castration. Freud croit que le moment où un enfant (mâle) commence à développer sa sexualité, quelque part entre l’âge de un et trois ans, son désir s'oriente vers l'objet d'amour maternel, qui est l’objet principal de la féminité et de l’amour, et commence à craindre son père comme un concurrent pour cet amour. Ainsi, il craint peu à peu que son père le castre en répression de ses désirs. Freud est parfois vague sur la représentation de cette peur de la castration, si c’est une peur réelle de la violence faite aux organes génitaux, ou si c’est la peur de la perte de la capacité à éprouver le plaisir. Mais un résultat du complexe de castration est que les figures de menace qui interrompent le plaisir et l’amour sont représentées souvent par le père. Freud pense que le L'Homme au sable de Hoffmann est une telle figure.

La réalité des images

Une des questions que Freud cherche à aborder est pourquoi les caractéristiques étranges tant représentées dans l’art, et pourquoi les images simples peuvent nous faire ressentir la peur. Sa conclusion est que ces exemples de l’inquiétante étrangeté qui ont leurs racines dans les souvenirs refoulés de l’enfance ne sont pas contrôlés ou limités par la conscience, qu’ils ne sont pas réels ; parce qu'en tant qu'enfants, nous étions nous-mêmes incapables de distinguer la réalité psychique de la réalité elle-même. (Un père n’essaie pas littéralement de castrer un garçon, par exemple). Pour cette raison, en tant qu’adultes, ces expériences sont étranges parce qu’elles puisent dans cette même réalité psychique, qui ne fait aucune distinction entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Bien que Freud ne développe pas longuement cette conclusion, il s’ensuit que, pour une partie de notre psychisme —la partie infantile, primitive—il n’y a pas de distinction substantielle entre les images et la réalité.

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