Une Tempête

Une Tempête Résumé et Analyse

Scène 1

Ferdinand travaille et chante sous le regard de Caliban, qui se lamente sur son sort. En entrant, Miranda dit à Ferdinand : “ Tu n'as pas l'air d'être fait pour ce genre de travail ! ”. Ferdinand lui demande de lui dire son nom mais elle insiste sur le fait que son père le lui a interdit. Caliban chuchote le nom de Miranda à l'oreille de Ferdinand. Prospero entre et loue le peu de travail effectué par Ferdinand. Il assure que seules trois choses lui importent : le travail, la patience et la continence – s’abstenir de tout plaisir sexuel. Il congédie Ferdinand et demande à Caliban de travailler à sa place. Celui-ci refuse. Alors qu'il commence à pleuvoir, Caliban doit se mettre au travail. Il dénonce le mauvais traitement qu'il subit.

Scène 2

Trinculo, le bouffon d’Alonso, entre en chantant. Il aperçoit Caliban sous une brouette et tente de déterminer s'il est mort ou vivant. Il décide que si Caliban est mort, il volera ses vêtements, et que s'il est vivant, il le ramènera en Europe et gagnera de l'argent en le montrant dans des spectacles.

Stephano, le valet d'Alonso, entre en chantant et en buvant du vin à la bouteille. Il aperçoit également Caliban et comme Trinculo, il pense le vendre à une fête foraine pour gagner de l'argent. Soudain, il voit la tête de Trinculo sous la brouette et pense un instant que Caliban a deux têtes et quatre bras.

Trinculo et Stephano se reconnaissent. Ils sont ravis de se voir. Trinculo raconte qu'il est arrivé sur le rivage en flottant sur un tonneau. Stephano lui répond qu'il a flotté sur son ventre – “ un peu la même chose ”. Tous deux discutent du sort qu’ils réservent à Caliban. Stephano offre du vin à Caliban, qui en boit un peu.

Trinculo et Stephano discutent du naufrage. Stephano suggère que l’accident à permis de se “ débarrasse[r] d'un tas d’hurluberlus qui ont toujours empêché le monde de vivre ! ”. “ À bas les tyrans ! ”, ajoute-t-il. Stephano croit que le roi de Naples et le duc de Milan sont morts, et se couronne lui-même roi de l'île.

Soudain, Caliban s'écrie : “ Vive le roi ! (...) Mais attention à l'usurpateur ! ”. Il parle à Stephano et Trinculo de Prospero, qui a usurpé le contrôle de l'île : “ Cette île m'appartenait, mais un certain Prospero me l'a prise ”, explique-t-il. Les trois hommes boivent et chantent ensemble en complotant contre Prospero. Stephano leur demande de se reposer afin de se préparer au combat.

Scène 3

Dans sa grotte, Prospero demande à Ariel de rassembler tous les dieux et déesses pour divertir sa fille et Ferdinand. Il dit à Ariel qu'il veut leur présenter “ le spectacle de ce monde de demain : de raison, de beauté, d'harmonie, dont, à force de volonté, j’ai jeté le fondement. ”.

Des dieux et des déesses de la mythologie gréco-romaine entrent en scène, suivis par des nymphes marines, les “ naïades ”. Ferdinand et Miranda sont enchantés par le spectacle. Soudain, Miranda remarque un autre dieu qui, selon elle, est un diable. Il s’agit d’Eshu, qui rit et confie qu'il est un dieu pour ses amis mais un diable pour ses ennemis. “ Qu’est-ce que tu es venu faire ici ? ” demande Prospero. Eshu affirme que puisque personne ne l'a invité, il a dû s'inviter lui-même. Il fait allusion au fait qu'il aime manger les chiens, ce qui choque Miranda. Prospero le chasse. Eshu accepte de partir, mais chante une ode à sa ruse.

La chanson raconte comment Eshu est taquin : “ Eshu est un joyeux luron / de son pénis il frappe, / il frappe / il frappe… ”, chante-t-il. Les dieux grecs s’offusquent et s'en vont, tandis que Prospero s'efforce de faire partir Eshu.

Prospero convoque Ariel et se plaint que Caliban est en train de rassembler un groupe de rebelles. Il demande à Ariel d'envoyer des créatures venimeuses pour le punir. Ariel tente de le défendre en vain. Prospero dit à Ariel que l'insubordination de Caliban a créé un déséquilibre dans le monde spirituel de l'île et menace Ariel de le punir s'il ne lui obéit pas.

Analyse

Tout au long de la pièce, Caliban fait face au racisme des personnages blancs : Miranda accuse Caliban d'être obsédé par elle, Prospero récompense Ferdinand pour le peu de travail qu'il a accompli et ordonne à Caliban d’effectuer toutes les tâches que Ferdinand a délaissé. Trinculo et Stephano nient l’humanité de Caliban, le présentant comme une bête de foire qui ferait rire les foules. En montrant le mépris qu’éprouvent tous les personnages blancs envers Caliban, Césaire transforme le personnage monstrueux de Shakespeare en un être humain placé dans une structure politique raciste et oppressive.

Trinculo et Stephano sont deux personnages de basse condition sociale. Tous deux sont alcooliques et partagent une certaine maladresse. Ces deux personnages soulèvent des questions liées à la classe sociale : ils sont tous deux racistes, comme les autres personnages blancs, mais leur statut social est inférieur à celui d’Alonso ou d’Antonio. Trinculo et Stephano discutent du classisme des nobles. Trinculo, le bouffon, accepte de les servir. Au contraire, Stephano veut se rebeller contre eux. Leurs attitudes différentes rappellent celles d’Ariel et Caliban face à l’esclavage. Les critiques politiques de Stephano et Trinculo sont toutefois superficielles. Après avoir passé leur vie à subir la domination de tyrans, ils veulent immédiatement confisquer le pouvoir et dominer à leur tour les habitants de l’île.

Césaire continue d'insuffler à l'histoire de Shakespeare une exploration critique du colonialisme en introduisant Eshu, un dieu Yoruba. Dans un spectacle que Prospero a mis en scène pour Ferdinand et Miranda, Eshu apparaît, insistant sur le fait que “ personne ne [l]'a invité ”, et qu'il a donc dû s'inviter lui-même. Césaire met ainsi en scène une rencontre entre les colonisateurs et un dieu filou qui protège les habitants de l'île. Cela subvertit le conte traditionnel et rappelle que les habitants de l'île avaient leur propre culture avant l'arrivée de Prospero, culture que celui-ci s’est efforcé de faire disparaître.