Une Tempête

Une Tempête Thèmes

L’esclavage et le colonialisme

Le thème le plus important de la pièce est l'esclavage et son impact sur les populations des territoires colonisés. Prospero incarne les colons, évinçant Caliban, l'ancien chef de l’île, et esclavagisant sa population. Caliban et Ariel représentent les personnes qui subissent la colonisation. Tous deux adoptent des postures différentes : Ariel tente de gagner les faveurs de Prospero, convaincu que celui-ci le libérera, tandis que Caliban pense que la résistance est le seul moyen de se libérer véritablement.

La pièce met en scène la façon dont les populations non-blanches sont déshumanisées et exploitées par les institutions coloniales. Ariel et Caliban sont tous deux soumis à de mauvais traitements et forcés de travailler pour Prospero. L’attitude des personnages blancs trahit de nombreux stéréotypes racistes : Miranda craint que Caliban ne l’agresse sexuellement et Prospero le traite de sauvage. Lorsque Trinculo et Stephano rencontrent Caliban, ils proposent de l’amener à Naples et pour le montrer comme une bête de foire. Caliban émet de nombreuses critiques sur le colonialisme, expliquant que Prospero, en le forçant à renier sa langue et sa culture, refuse de reconnaître son humanité.

La révolution

La réponse de Caliban à la domination coloniale est la révolution. Contrairement à Ariel, il estime qu'il n'a rien à perdre en se montrant ouvertement défiant envers Prospero. Il veut se libérer par tous les moyens et faire comprendre à Prospero l’injustice de ses actions. Au milieu de la pièce, il demande l'aide de Trinculo et Stephano pour organiser un coup d'État, mais ce plan échoue. Caliban sait que Prospero doit sa richesse au vol des ressources de l’île et à l’exploitation de sa population. Caliban est capable de rassembler la force nécessaire pour le défier parce qu'il sait que son pouvoir sur l’île – dont il était auparavant le chef – est légitime.

Le despotisme

Prospero est un despote qui a accaparé le pouvoir. Il n'est pas élu et sa suprématie n'est pas contestée. Il fait ce qu'il veut, sans rencontrer de résistance. Ses décisions sont souvent imprudentes et conduisent au déclin de son règne. Tout au long de la pièce, Caliban parle de lui comme d'un dirigeant tyrannique qui ne se soucie pas du bien-être de l'île ou de ses habitants. Alors que dans la version de Shakespeare, Prospero incarnait l’autorité légitime, Césaire l'expose ici comme un oppresseur colonial.

L’obéissance et la soumission

À l'opposé de la rébellion de Caliban, Ariel pense que le meilleur moyen de gagner sa liberté est de faire tout ce que Prospero lui dit de faire sans poser de questions. Ariel pense qu'en acceptant cette soumission de plein gré, il aura un avenir heureux.

Lorsque Prospero accorde sa liberté à Ariel, ce dernier se retrouve désœuvré, encore aliéné. En acceptant de devoir “ mériter ” sa liberté, il s’est lui-même dégradé.

La nature

La nature joue un rôle particulier dans la pièce, en particulier dans sa relation avec le colonialisme. Bien que Prospero soit lui-même un sorcier, il force Ariel et Caliban à utiliser leurs propres pouvoirs magiques pour plier la nature à sa volonté. Prospero et les autres personnages napolitains et milanais qui débarquent sur l'île cherchent à piller et contrôler la nature. Lorsque Prospero suggère que la mère de Caliban, Sycorax, est morte, Caliban insiste : “ tu ne la crois morte que parce que tu crois que la terre est chose morte… C’est tellement plus commode ! Morte ; alors on la piétine, on la souille, on la foule d’un pied vainqueur ! ”.

Plus tard, Antonio, Gonzalo et Sébastien explorent l'île et projettent d'en exploiter les ressources. Ils cherchent à domestiquer la nature et à la mettre au service de leurs propres objectifs commerciaux, contrairement aux habitants de l'île qui apprécient la nature pour elle-même.

L'amour

Dans la version de Césaire, l'histoire d'amour entre Ferdinand et Miranda joue un rôle secondaire. Elle est autant une intrigue romantique qu’une situation politiquement avantageuse. Prospero estime que si Miranda épouse Ferdinand, elle leur assurera une place à la cour de Naples.

La spiritualité africaine

Césaire ajoute à la pièce originale un personnage, celui d’Eshu, un dieu Yoruba. Eshu est présent lors du spectacle que Prospero prévoit pour ses invités royaux. Alors que les dieux que Prospero réunit sont romains, Eshu se faufile et bouleverse la réunion, provoquant le départ précipité des divinités romaines. L'inclusion d'une divinité Yoruba dans une pièce qui ne présentait initialement que des divinités occidentales fait partie du projet de Césaire d’expliciter les dynamiques coloniales.

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