Genre
Genre narratif, roman
Configuration et Contexte
L'histoire se déroule au XIXe siècle, en Normandie, entre le village des Peuples, village familial de Jeanne et Batteville. On suit l'histoire de Jeanne qui évolue dans un milieu aristocrate de campagne.
Narrateur et Point de Vue
L'intrigue est racontée à la troisième personne avec un narrateur omniscient qui connaît l'intériorité de tous les personnages. Cependant, il reste plutôt concentré sur le personnage de Jeanne.
Tonalités
Les tonalités du roman oscille entre tragique, pathétique avec les déplorations de Jeanne mais elle semble évoluer vers une tonalité ironique à l'avancée du roman lorsque Jeanne est présentée comme se lamentant sur son sort.
Personnages et Antagonistes
Les personnages sont principalement Jeanne et Julien et agissent parfois comme des antagonistes. Mais les parents de Jeanne, Rosalie et le couple Fourville sont les personnages majeurs faisant avancer l'intrigue.
Conflit Principal
Le conflit principal tourne autour du couple de Jeanne et Julien, mais aussi autour de la question de l'aristocratie. L'auteur questionne la pertinence du roman romantique et de l'idéal amoureux qu'il véhicule, tout en remettant en question le mode de vie hors sol aristocratique.
Climax
Le roman nous fait traverser la vie de Jeanne et ne se compose pas d'un mais de plusieurs points culminants. Ces derniers passent par le mariage de Jeanne et Julien, la mort de la mère de Jeanne, la mort de Julien, la fugue de Paul du collège et termine par l'arrivée de la petit fille de Jeanne à Batteville. Chacun de ces éléments apportent une nouvelle vague de déception de Jeanne et donc une nouvelle dimension au personnage.
Présage
" Et le dîner fut presque joyeux, comme si un bonheur caché était entré dans la maison " (chapitre VIII). On situe cette phrase juste après la première visite des Fourville à la maison des Peuples. durant tout le chapitre Jeanne semble sentir que quelque chose change avec l'arrivée de ce couple, avec sa grande naïveté, comme un présage du futur adultère. Jeanne prédit presque malgré elle cet évènement jusqu'au jour où elle tombe sur le couple et où tout fait sens pour elle, elle comprend enfin cette accalmie au sein de son couple.
Atténuation
" Ne vous dérangez point, monsieur le curé, je m'y connais, elle a passé. " (chapitre IX). Dans cette phrase, l'auteur utilise un euphémisme pour annoncer la mort de la baronne. L'utilisation de cette tournure dans cette situation permet d'annoncer la vérité à Jeanne sans avoir des mots trop bruts. On utilise ces tournures de phrases encore aujourd'hui.
Allusions
" Alors elle reconnut les malheurs de Pyrame et de Thysbé ; et, quoiqu'elle sourît de la simplicité des dessins, elle se sentit heureuse d'être enfermée dans cette aventure d'amour qui parlerait sans cesse à sa pensée des espoirs chéris, et ferait planer, chaque nuit, sur son sommeil, cette tendresse antique et légendaire. " (chapitre I). Cette allusion à une légende antique, plaquée sur les murs de la chambre de Jeanne sous forme de tapisserie, fait référence à une histoire d'amour tragique ou deux amants, croyant ou voyant l'autre mort, se suicident. Ce clin d'œil à l'histoire antique sonne presque comme un avertissement ou comme le présage du futur amoureux terrible de Jeanne avec Julien.
Images
Les images sont nombreuses dans la prose de Maupassant qui s'amuse bien souvent à combiner le romanesque et la poésie. Certaines ont été développées déjà ici, comme l'image de la mer, l'allure de Julien, la vie de Jeanne ou bien ses larmes. Mais on peut citer également l'utilisation d'une image pour décrire le corps de la mère de Jeanne emporté par la mort : " Les ombres avaient envahies la chambre, voilant la morte de ténèbres. " (chapitre IX). Cette image descriptive nous donne une idée de l'atmosphère de la chambre, plongée dans le noir apporté par la nuit, qui créé également un parallèle avec la mort.
Parodie
" Elle savait seulement qu'elle l'adorerait de toute son âme et qu'il la chérirait de toute sa force. Ils se promèneraient par les soirs pareils à celui-ci, sous la cendre lumineuse qui tombait des étoiles. Ils iraient, les mains dans les mains, serrés l'un contre l'autre, entendant battre leurs coeurs, sentant la chaleur de leurs épaules, mêlant leur amour à la simplicité suave des nuits d'été, tellement unis qu'ils pénétreraient aisément, par la seule puissance de leur tendresse, jusqu'à leurs plus secrètes pensées. " (chapitre I). Dans cette description, l'auteur parodie la question du romantisme et de l'amour raconté dans les romans à l'eau de rose. Pour cela, il utilise une accumulation de situations rêvées par Jeanne, associé à des verbes au conditionnel qui créent une situation apparaissant comme irréalisable. C'est cette question de l'irrationnel qui crée la parodie.
Parallélismes
" Elle savait seulement qu'elle l'adorerait de toute son âme et qu'il la chérirait de toute sa force. " (chapitre I). Ce parallélisme intervient au même moment que la parodie précédente. Il se construit à partir de la répétition du verbe conjugué au même temps créant presque une rime, mais aussi à partir de la répétition d'actions associées à des sujets différents. Elle s'imagine adorer un homme qui la chérirait en retour. Ce parallélisme donne un indice sur la manière dont Jeanne envisage l'amour ; c'est à dire comme l'union de deux âmes.
Métonymies et Synecdoques
" Des voiles, blanches comme des ailes d'oiseaux, passaient au large. " (chapitre I). Cette synecdoque utilise le terme " voile " pour évoquer le bateau, elle utilise une partie pour désigner le tout. L'utilisation de ce procédé permet à l'auteur de comparer la voile du bateau aux ailes des oiseaux, créant ainsi une description poétique et imagée qui donne un cadre romantique à l'observation de Jeanne et Julien.
Personnifications
« Les paroles abondantes coulaient des lèvres de Jeanne » (chapitre VI). Cette personnification intervient au retour du voyage de noces, lorsque Jeanne raconte à ses parents leurs aventures. Elle permet d’amplifier la quantité de paroles de Jeanne ; elle les compare à un flux d’eau ce qui donne l’impression que les mots sont continus et sans arrêt. Cela permet d’imaginer l’excitation de Jeanne qui raconte son voyage.