La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit
Cette phrase prononcée par Jeanne conclue le roman. Elle termine de fixer le personnage de Jeanne et l'idée que Maupassant a voulu transmettre dans son roman. À travers cette phrase, alors même que Jeanne vient de traverser une longue période de déprime, on comprend qu'elle est un personnage assez dramatique. En effet, alors que l'on pouvait croire qu'elle n'allait pas s'en sortir face au départ de son fils et qu'elle allait même jusqu'à agacer Rosalie, Jeanne semble retrouver une forme de sagesse. Peut-être l'arrivée de sa petite-fille l'adoucit-elle mais elle apparaît comme adoucie.
De la même manière, cette phrase conclue ce " roman sur rien ". En effet, à travers ces mots qui sonnent comme une phrase déclarative, on entre dans une forme de quintessence du vide, une exposition d'un fait réel sans enjolivement ni dépréciation. Cette phrase conclue sur le vide à la fois du personnage de Jeanne mais aussi du roman entier.
On pleure parfois les illusions avec autant de tristesse que les morts
Cette phrase intervient juste après la découverte par Jeanne de l'adultère de Julien et Gilberte. En effet, cette dernière, face à cette énième déception, choisit la résignation plutôt que la détresse. Cette formule nous décrit ainsi l'état d'esprit de Jeanne ; la comparaison de la désillusion avec le deuil nous montre presque davantage que cet évènement achève les espoirs et les rêves de la jeune fille. Elle se retrouve à devoir faire le deuil des ses illusions disparues comme elle aurait pu faire le deuil d'un proche.
car peut-on, malgré la rigueur acharnée du sort, ne pas espérer toujours, quand il fait beau ?
À travers cette phrase Maupassant faire référence à deux parties de son roman. Tout d'abord, il évoque les changements d'humeur de Jeanne qui passe d'une profonde déprime face aux évènements de sa vie, à des moments d'accalmie lorsqu'elle visite les Peuples ou qu'elle reçoit une lettre de Paul. Mais il exprime aussi ce lien entre Jeanne et la nature. En effet, cette dernière semble toujours liée au paysage qui l'entoure. Ainsi, il évoque le lien entre sa bonne humeur et le beau temps.
C'est à peine s'il s'occupait d'elle, s'il lui parlait même ; toute trace d'amour avait subitement disparu ; et les nuits étaient rares où il pénétrait dans sa chambre.
Cette citation met en avant différents points importants du roman. Tout d'abord, elle met en avant la question du changement de comportement de Julien après leur mariage. En effet, ce dernier qui paraissait pourtant charmant avec Jeanne avant les noces, se transforme peu à peu en un personnage repoussant et antipathique. L'amour semble disparu, comme le précise l'auteur. Au delà du changement de comportement, Julien délaisse sa femme. Au milieu de cette situation, Jeanne se retrouve seule et perdue, le terme " subitement " laisse entendre sa surprise. Cette situation introduit d'ailleurs la série de désillusion face auxquelles Jeanne va se retrouver. De plus, au-delà du délaissement sentimental, Maupassant utilise un jeu de mots pour évoquer à la fois le fait que Julien ne dort plus avec sa femme mais aussi qu'ils n'ont plus de relations sexuelles.
À travers cette formule, Maupassant renvoie au thème du pessimisme de l'amour. Il introduit la question du désenchantement dans le couple qui ne va cesser de continuer.
Elle savait seulement qu'elle l'adorerait de toute son âme et qu'il la chérirait de toute sa force. Ils se promèneraient par les soirs pareils à celui-ci, sous la cendre lumineuse qui tombait des étoiles.
Cette phrase prononcée par le narrateur intervient juste après la sortie du couvent de Jeanne. À ce moment, la jeune fille est présentée comme excitée de vivre sa vie et pleine d'aspirations en tout genre. Protégée lors de son passage au couvent, elle apparaît comme très naïve et inconsciente de la réalité. Elle rêve beaucoup sur ce que sera sa vie et cette phrase en résume une partie concernant l'amour. En effet, Jeanne, influencée par la lecture de romans d'amour, s'imagine la rencontre avec son futur mari et leur relation. Cependant, ces rêveries, non seulement paraissent irréaliste pour un siècle comme celui de Maupassant, mais aussi se trouverai réalisé car Jeanne passera de déception en déception. Ainsi, cette phrase témoigne de la naïveté de Jeanne et de sa jeunesse qui se retrouvera tout au long du roman détruite.
Un soleil dévorant tombait sur eux. […] Aucune autre voix ne montait sous le ciel torride, d'un bleu miroitant et jauni comme s'il allait tout d'un coup devenir rouge, à la façon des métaux trop rapprochés d'un brasier.
Cette description nous donne une image de l'état de la mer et du paysage qui entoure Jeanne et Julien après leur balade en bateau avec le père de Jeanne. Cependant, cet extrait de la description nous donne une idée de sa particularité. En effet, l'auteur utilise des adjectifs qui ne semblent par de prime abord adaptés pour évoquer un paysage. Les termes " dévorant ", " torride ", " rouge ", " brasier ", font finalement davantage référence au lien entre les deux amoureux qu'au paysage. De cette manière, l'auteur réussi à transférer les sentiments de ses personnages dans le paysage dans un forme d'exercice du style mais aussi pour éviter de trop en dire et de choquer ses lecteurs.
Les flancs des côtes étaient couverts de hautes herbes, jaunes en cette saison brûlante. Parfois on rencontrait un montagnard soit à pied, soit sur un petit cheval, soit à califourchon sur un âne gros comme un chien. Et tous avaient sur le dos le fusil chargé, vielles armes rouillées, redoutables en leurs mains.
Cette citation nous propose une description de la Corse et de ses habitants, lors du voyage de noces de Jeanne et Julien. À travers celle-ci, on peut étudier un échantillon des descriptions naturalistes de Maupassant. En effet, l'auteur cherche à proposer une forme de portrait de la société qui l'entoure.
Cette description de la Corse met en avant tout d'abord la question de la géographie et du climat ; il est présenté avec ses côtes, qui rappellent qu'il s'agit d'une île et aussi avec son climat chaud qui jaunit les herbes. De la même manière, l'auteur nous offre une forme de portrait des Corses plutôt caricatural. En effet, ils sont présentés comme toujours accompagnés d'une arme comme s'ils étaient tous des bandits.
On peut noter le soucis de précision de l'auteur qui essaie de décrire tout ce qui peut exister sur cette île, notamment en listant toutes les manières dont les habitants des montagnes se déplacent.
On ne la verrait plus. Était-ce possible ? Comment ? Elle n'aurait plus sa mère ? Cette chère figure si familière, vue dès qu'on a ouvert les yeux, aimée dès qu'on a ouvert les bras, ce grand déversoir d'affection, cet être unique, la mère, plus important pour le cœur que tout le reste des êtres, était disparu.
Cette succession de phrases est écrite juste après la mort de la mère de Jeanne et décrit la réaction de la jeune fille. On comprend la détresse de Jeanne qui marque le début de son deuil. Cette citation est intéressante car elle brouille la frontière entre récit et narrateur, fiction et réalité. En effet, cette succession de phrases presque toutes impersonnelles, avec un enchaînement de phrases courtes et interrogatives, font presque douter sur qui ressent réellement cette panique. À travers cette citation, les émotions de Jeanne et de Maupassant semblent se croiser, l'auteur étant lui-même très proche de sa mère et ressentant presque la détresse de Jeanne.
C'est moi qui n'est pas eu de chance dans la vie. […] Qu'est-ce que vous diriez donc s'il vous fallait travailler pour avoir du pain, si vous étiez obligée de vous lever tous les jours à six heures du matin pour aller en journée ! Il y en a bien qui sont obligées de faire ça, pourtant, et, quand elles deviennent trop vieilles, elles meurent de misère.
Cette déclaration de Rosalie au discours direct intervient à la fin du roman, lorsque Jeanne se lamente sur son sort et que que sa bonne perd patience. À travers ce discours, on note une certaine opinion sur la société. En effet, en pointant du doigt l'exagération de Jeanne et la réalité du peuple plus pauvre, l'auteur tourne en dérision la pensée et la réalité aristocrate et met en avant le malheur de ceux qui les font vivre.
De la même manière, l'auteur porte le personnage de Rosalie en la présentant comme une femme forte. En effet, elle est la seule qui tient à bout de bras la fortune de la famille de Jeanne et qui fait survivre Jeanne.
La jeune fille se retrouvait dans ces histoires d'autrefois, s'étonnant de la similitude de leurs pensées, de la parenté de leurs désirs ; car chaque cœur s'imagine ainsi avoir tressailli avant tout autre sous une foule de sensations qui ont fait battre ceux des premières créatures et feront palpiter encore ceux des derniers hommes et des dernières femmes.
Cette citation prend place au début du roman, peu après le départ de Jeanne du couvent. La jeune fille retrouve la liberté et cherche à trouver ce qu'elle va pouvoir faire de ses journées. Face à cela, sa mère, malade, est présentée comme nostalgique, plongée dans ses souvenirs. Ici, on comprend que Jeanne, malgré elle, se retrouve plongée aussi dans les souvenirs de sa mère. Ainsi, comme si on pouvait déjà comprendre au début du roman la destinée de Jeanne qui finira aussi nostalgique que sa mère, on retrouve une description des aspirations de Jeanne et de sa mère.