La vie reprend son cours au domaine familial dans ce chapitre VIII. Jeanne accompagnée de ses parents fait passer le temps avant son accouchement pendant que Julien traverse le pays à cheval. Le couple reçoit un jour la visite d’un couple voisin, le comte et la comtesse de Fourville pour une visite de courtoisie. Quelques temps plus tard au mois de juillet, Jeanne se sent mal, elle s’apprête à accoucher prématurément. À la naissance de son bébé, tout doute et toute colère semble s’évaporer et Jeanne se dédie tout entière à son enfant, à tel point qu’elle s’affaiblit et doit être enfermée dans sa chambre pour dormir. Peu après, les disputes entre julien et le baron à propos de l’avenir de Rosalie continuent, le gendre estimant que sa dot est trop élevée. Pourtant, en grand secret, le baron arrange son mariage avec la somme évoquée au départ. Les parents, peu après, décident de repartir des Peuples, fatigués de l’attitude de Julien, pendant que Jeanne, déconnectée de la situation, se concentre sur son fils.
Jeanne et Julien rendent visite aux Fourville. Leur demeure et leur domaine sont précisément décrits comme grandioses et traditionnels. Après une balade, les couples dinent ensemble puis Jeanne et Julien rentrent. Huit jours plus tard ils rendent visite aux Coutelier. Les mois passent et le couple continue de fréquenter les Fourville. Malgré une sortie à cheval qui tourne mal avec Gilberte qui apparait comme agacée, les Fourville regagnent peu à peu le bonheur et l’amour, l’ambiance générale s’améliore. Peu de temps après, alors que Jeanne se promène à cheval, elle découvre l’adultère de son mari et la comtesse de Fourville au milieu d'une balade dans la forêt. Attristée, elle décide pourtant de ne rien laisser paraître. Elle se met alors à attendre l’arrivée de ses parents au mois de mai. Pendant cette attente, sa santé se dégrade, sa noirceur grandit mais à l’arrivée de ses parents, sa joie revient. Seulement, sa mère est souffrante. Après quelques temps, sa mère meurt, elle tombe dans le jardin. La tristesse de Jeanne est immense, elle veille sa mère. Elle découvre en lisant la boite à reliques de sa mère qu’elle a entretenu une relation d’adultère avec un ami. Jeanne par peur détruit alors les lettres. Le lendemain se déroule le jour des obsèques.
Après la mort de sa mère, Jeanne songe à avoir un deuxième enfant. Elle demande conseil au curé qui convainc son mari de retrouver sa femme. Cependant, ce dernier refuse d’un autre enfant. Alors, toujours avec l’aide du curé, Jeanne ruse pour tomber enceinte ce qui arrive. Peu de temps après, l’abbé Picot annonce son départ, remplacé par l’abbé Tolbiac. Ce dernier transforma rapidement la ville avec ses sermons réprobateurs et ses pratiques autoritaires pour empêcher les grossesses hors mariage. Le père de Jeanne, de retour de Rouen s’insurge de l’attitude du prêtre et fait campagne contre lui. Le père Tolbiac ayant appris l’infidélité de Julien avec Gilberte Fourville menace Jeanne ; si elle ne quitte pas son mari ou bien si elle ne dénonce pas l’adultère, elle ne sera plus dans la grâce de dieu. Par la suite, le prêtre qui commençait à devenir sauvage auprès des animaux et qui en disait trop sur Julien lors de ses prêches, fut contraint de se taire après une lettre de l’archevêque. Cependant, cet abbé décide d’aller avouer l’adultère au vicomte de Fourville qui tue les deux amants. Sous le choc Jeanne acouche d’un enfant mort.
Analyse
La vie de Jeanne continue à être monotone et triste après la découverte de l'adultère de Julien, elle tente de se remettre de cette infidélité. Cependant, la visite des Fourville et la description élogieuse de la comtesse suivi de la joie de Julien laisse présager que les infidélités ne se sont pas arrêtées à Rosalie. Ses voyages à cheval à travers le pays semblent également suspects. L’accouchement de Jeanne permet une description précise du déroulement de l’accouchement au XIXe siècle. La jeune femme est en présence de beaucoup de personnes, personnel de maison, parents, médecin et membres de la communauté religieuse prêts à prononcer n’importe quel sacrement, de la vie à la mort. L’accouchement même est décrit minutieusement, on comprend les différentes phases par laquelle la douleur fait passer Jeanne : le doute envers sa vie mais aussi envers sa religion, la rancœur, la colère avant la délivrance. L’auteur décrit également le sentiment de devenir mère, marqué par une idée forte du siècle de l’instinct maternel et de l’idée que cette femme oublie tout pour son enfant, ce qui nourrit en elle des sentiments forts, comme la jalousie. La dévotion de Jeanne envers son fils fait cependant remonter le caractère malsain de Julien qui se sent dépourvue de toute attention face à l’enfant. Jeanne elle développe une passion malsaine pour son enfant face auquel elle ne fait plus aucunement attention à sa santé et s’affaiblit. La situation familiale se détériore, les problèmes d’argent et l’avarice de Julien font face aux valeurs et à la droiture des parents de Jeanne. Pendant ce temps, la vie de Jeanne semble prendre un sens nouveau avec l’arrivée de son fils.
Dans le chapitre IX, la description précise du domaine des Fourville permet de présenter un cadre de vie aristocrate de l’époque. L’auteur insiste sur le faste et la taille de la demeure. Cependant la description de la demeure est presque entièrement faite par Julien et rapportée au discours direct ce qui montre qu’il connaît la maison, le tout permet de deviner le potentiel adultère qui semble se dérouler entre Julien et la femme de Fourville. L’épisode de la poursuite à cheval puis des relations entre les deux couples, conté du point de vue de Jeanne, fait penser à une sorte d’enchaînement hasardeux des évènements alors même que le lecteur arrive à déceler la question de l’adultère, notamment face aux changements d’humeur partagés entre Julien et la comtesse. La découverte de l’adultère sonne comme une révélation pour Jeanne, évènement annoncé par l’apparition du petit couple d’oiseaux au sein de la forêt. Elle se rend compte de sa naïveté, pourtant sa réaction est différente de la dernière fois. Malgré la tristesse elle apparaît comme s’éloignant complètement de Julien, plaçant dorénavant toutes ses aspirations au cœur de son fils. Peu à peu l’auteur décrit son état mental qui dégringole, elle apparaît comme sortant de sa propre conscience, comme ayant de la peine à ressentir des émotions, moment important qui initie la question de la dépression chez Jeanne. La désillusion qu’elle porte à propos de son couple s’étend à tout le reste de l’humanité, sa noirceur intérieure s’étend. Sa noirceur fait écho à celle de sa mère qui de retour de Rouen semble avoir vieilli de dix ans. Son état bien que justifié par un problème physique est pourtant associé par l’auteur à ses journées. En effet, elle passe son temps à se replonger dans le passé dans une nostalgie totale face à laquelle Jeanne semble destinée, préparant elle-même sa propre boîte à reliques. La mort de madame Adélaïde est décrite par l’auteur qui insiste sur le poids de la femme, comme si elle portait le poids des années et de ses souvenirs et qu’il était devenu impossible de la soulever elle-même. La description du deuil de Jeanne, elle, fait écho aux propres questionnements de l’auteur à travers l’utilisation du discours indirect libre ; l’utilisation de phrases interrogatives illustrent la question du déni, de l’incompréhension face à la mort, la remémoration des souvenirs illustrent la tristesse. Le doute de Jeanne prend une tournure presque métaphysique lorsqu’elle se questionne toujours à travers des phrases interrogatives sur le devenir de l’âme de sa mère, elle questionne les religions et notamment la réincarnation. Le lecture des lettres de sa mère plonge Jeanne dans une forme de transe décrite dans un flot de pensée continu qui passe d’un sujet à l’autre ; la surprise, la peur à l’arrivée de quelqu’un, la crainte de ne plus être aimée de sa mère.
Le chapitre suivante montre Jeanne qui semble retrouver des aspirations nouvelles, rêvées, comme à la naissance de Paul. Le chagrin de la mort de sa mère semble disparaître au profit de la joie de transposer ses espoirs de vie romanesque sur ses enfants. La description de l’abbé Tolbiac, de ses pratiques, tout comme des conséquences de ses actes offre la possibilité à l’auteur de critiquer le rigorisme de la religion. Là où l’abbé Picot se montrait conciliant et compréhensif, l’abbé Tolbiac punit et condamne ce qui pousse l’entièreté des fidèles à s’éloigner de la religion tout en manipulant les personnes les plus faibles comme Jeanne qui se retrouve sous son emprise. Elle est appelé « sa pénitente » comme si elle lui appartenait. À l’inverse la réaction de son père, un lettré philosophe qui s’insurge contre les pratiques autoritaires du prêtre Tolbiac montre cette dichotomie au sein de la société de Maupassant entre tradition et modernité tout en permettant à l’auteur d’apporter sa propre conception anti cléricale.