Surveiller et punir

Surveiller et punir Citations et Analyse

“a disparu, en quelques dizaines d'années, le corps supplicié, dépecé, amputé, symboliquement marqué au visage ou à l'épaule, exposé vif ou mort, donné en spectacle. A disparu le corps comme cible majeure de la répression pénale.”.

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Foucault décrit le passage d’un châtiment public et corporel à une punition à l’écart de la société, qui vise à réformer l’âme et ne cible pas le corps. La punition devient plus spirituelle que physique.

“Depuis 150 ou 200 ans que l'Europe a mis en place ses nouveaux systèmes de pénalité, les juges, peu à peu, mais par un processus qui remonte fort loin, se sont donc mis à juger autre chose que les crimes : l'« âme » des criminels.”.

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La fin des châtiments corporels interroge sur la nouvelle cible de la punition. Pour Foucault, cette transformation montre que la justice vise à réformer l'âme plutôt qu'à punir le corps. La justice pénale considère l’intégralité de la personnalité du délinquant et non plus seulement l’infraction commise. Surveiller et punir aborde l’essor des nouvelles matières, comme la psychologie, qui ont permis un tel changement.

“En fait, la dérive d'une criminalité de sang à une criminalité de fraude fait partie de tout un mécanisme complexe, où figurent le développement de la production, l'augmentation des richesses, une valorisation juridique et morale plus intense des rapports de propriété, des méthodes de surveillance plus rigoureuses, un quadrillage plus serré de la population, des techniques mieux ajustées de repérage, de capture, d'information : le déplacement des pratiques illégalistes est corrélatif d'une extension et d'un affinement des pratiques punitives.”.

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Le passage de la torture à l'emprisonnement est corrélé à un changement dans la nature des crimes eux-mêmes. Les crimes sanctionnés sont plus des crimes contre la propriété que contre l’intégrité des personnes. Cette évolution s'inscrit dans le contexte du développement du capitalisme mais aussi de l’avènement de la propriété privée individuelle.

“L'infraction oppose en effet un individu au corps social tout entier ; contre lui, pour le punir, la société a le droit de se dresser tout entière. Lutte inégale : d'un seul côté, toutes les forces, toute la puissance, tous les droits. Et il faut bien qu'il en soit ainsi puisqu'il y va de la défense de chacun. Un formidable droit de punir se constitue ainsi puisque l'infracteur devient l'ennemi commun. Pire qu'un ennemi, même, car c'est de l'intérieur de la société qu'il lui porte ses coups – un traître. Un « monstre ». Sur lui, comment la société n'aurait-elle pas un droit absolu ?”.

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Le crime était auparavant conçu comme un affront au roi, qui disposait du monopole du pouvoir. Lorsque le pouvoir est réparti entre les citoyens, l’infraction devient un affront fait à la société dans son ensemble. Le criminel doit donc être puni pour l’infraction qu’il a commise à l’égard d’un individu, mais aussi pour la violation des normes sociales qui cause un tort à la société.

“Les disciplines en organisant les « cellules », les « places » et les « rangs » fabriquent des espaces complexes : à la fois architecturaux, fonctionnels et hiérarchiques. Ce sont des espaces qui assurent la fixation et permettent la circulation ; ils découpent des segments individuels et établissent des liaisons opératoires ; ils marquent des places et indiquent des valeurs ; ils garantissent l'obéissance des individus, mais aussi une meilleure économie du temps et des gestes. Ce sont des espaces mixtes : réels puisqu'ils régissent la disposition de bâtiments, de salles, de mobiliers, mais idéaux, puisque se projettent sur cet aménagement des caractérisations, des estimations, des hiérarchies.”.

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Foucault décrit des institutions comme l’école qui fonctionnent en organisant l’intégralité de la vie de leurs membres. Dans une caserne, chaque soldat a un rôle déterminé, de même qu’à l’école, chaque élève fait partie d’une classe et s'assoit à une place désignée. Cette organisation physique crée également une hiérarchie sociale. Les espaces disciplinaires rendent visibles les hiérarchies abstraites.

“L'exercice de la discipline suppose un dispositif qui contraigne par le jeu du regard”.

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La discipline entraîne les individus à agir selon des normes intériorisées. La personne doit avoir le sentiment d'être observée. C'est le sentiment d'être observé qui contraint les individus à agir d'une manière donnée. Foucault précise qu’il importe peu que les individus soient véritablement surveillés ; ce qui compte, c’est la sensation de surveillance.

“De là, l'effet majeur du Panoptique : induire chez le détenu un état conscient et permanent de visibilité qui assure le fonctionnement automatique du pouvoir.”.

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Dans le Panoptique, les individus ont la sensation d’être épiés en permanence : le gardien peut les observer à tout moment. Ce sentiment les incite à agir conformément aux règles de l’institution. Le pouvoir fonctionne automatiquement au sens où ce sont les individus eux-mêmes qui se forcent à agir d’une certaine manière, sans coercition.

“Le panoptisme, c'est le principe général d'une nouvelle « anatomie politique » dont l'objet et la fin ne sont pas le rapport de souveraineté mais les relations de discipline.”.

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Foucault explicite le rôle du Panoptique. Il définit le concept de “panoptisme” : le bâtiment concret de Bentham est devenu une abstraction qui permet d’expliquer l’exercice d’un nouveau type de pouvoir, la discipline, au travers de la surveillance généralisée. Dans une société de discipline, le pouvoir est présent partout, il s’exerce en la personne de chaque individu.

“La « discipline » ne peut s'identifier ni avec une institution ni avec un appareil ; elle est un type de pouvoir, une modalité pour l'exercer, comportant tout un ensemble d'instruments,de techniques, de procédés, de niveaux d'application, de cibles ; elle est une « physique » ou une « anatomie » du pouvoir, une technologie.”.

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Foucault clarifie certaines des conséquences de son analyse. Il affirme que la discipline n’est pas un mode d’exercice du pouvoir propre à certaines institutions. Au contraire, elle constitue un processus qui est à l'œuvre en permanence dans l’ensemble de la société. L’étude des institutions permet uniquement d’identifier ses caractéristiques plus facilement.

“Au constat que la prison échoue à réduire les crimes il faut peut-être substituer l'hypothèse que la prison a fort bien réussi à produire la délinquance, type spécifié, forme politiquement ou économiquement moins dangereuse – à la limite utilisable – d'illégalisme ; à produire les délinquants, milieu apparemment marginalisé mais centralement contrôlé ; à produire le délinquant comme sujet pathologisé.”.

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À la fin de Surveiller et punir, Foucault évoque les critiques faites au système carcéral et notamment l’échec de la prison à prévenir la récidive. Foucault soutient que cet échec est productif car la prison crée de nouveaux concepts et catégories utiles pour la société. Par exemple, la prison crée la catégorie de “délinquants” et met les personnes rangées dans cette catégorie à l’écart de la société. Les prisons contribuent à renforcer les normes sociales, ce qui est leur fonction la plus importante.

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