Mina, la mère
Elle a connu l'amour avant de se consacrer entièrement à son fils. Elle a sans doute nourri une passion absolue pour le père de Romain qui les a quitté pour fonder un autre foyer. Lorsqu'elle pense à lui, elle demande à Romain de lever ses yeux, qu'elle trouve magnifiques et qui lui rappellent son père. Elle pleure alors en silence.
Mina est une femme brillante. Elle a joué très tôt dans des pièces de théâtre en Russie et sans doute sa carrière a-t-elle été interrompue par l'arrivée de son fils.
Elle a effectué deux séjours à Paris dont on ne sait pas grand chose si ce n'est qu'elle nourri une passion folle pour la France. Très cultivée, elle s'intéresse à la musique, au chant, à la littérature et connaît tous ces artistes qu'ils soient de nationalité russe, allemande ou française. Elle ne retient dans son coeur que ceux qui ont réussi et pu braver le mauvais sort (maladie, malchance...). Seul Maupassant trouve grâce à ses yeux car elle doit être sous son charme.
Par ailleurs, elle dispose de ressources incroyables et d'une intelligence qui lui permet d'appréhender plusieurs métiers avec pertinence comme le monde de l'immobilier, celui de la restauration, de l'hôtellerie. Pour son fils, elle a toutes les ressources. Elle l'aime en tant que fils mais elle est aussi visionnaire et n'hésite pas à utiliser plusieurs subterfuges pour le mettre en avant. Ce point sera développer dans le thème de l'amour maternel.
Mina a deux éléments physiques qui la caractérisent tout au long du récit :
- 1) la canne, elle témoigne d'un âge avancé (à l'époque les personnes de 50 ans étaient considérées âgées). Elle indique une certaine vulnérabilité physique. Toutefois, la canne lui sert également de défense ou de provocation. Ainsi, lorsqu'elle se promène au marché de Bufa, fait-elle souffrir les marchands en exposant les denrées avec sa canne.
- 2) la cigarette, constamment aux lèvres, elle l'aide à affronter la vie. Là encore, il n'existait pas de campagnes anti-tabac à l'époque. Est-ce elle qui contribue à la rendre de plus en plus fragile ... ou son diabète est-il complètement déconnecté.
En tout cas, Mina n'écoute jamais ses fragilités physiques. Elle poursuit son projet sans se poser de questions et ne montre rien à son fils.
Pleine de ressources, Mina a l'idée d'un subterfuge génial lorsqu'elle est hospitalisée, ce qui sauvera la vie de Romain durant la guerre.
Romain
Romain nourrit un amour fusionnel pour sa mère. Il lui dédie ce livre car il lui doit la tendresse, l'amour, la réussite grâce à l'acharnement qu'elle a eu à faire de lui un homme célèbre. Romain a adoré sa mère.
Nous découvrons Romain à différents âges de la vie, l'enfant, le jeune adulte, l'homme plus vieillissant.
Enfant, il a son jardin secret. Et si son temps est pris par les projets de Mina, et toutes les disciplines auxquelles il s'adonne pour trouver sa vocation, il reste un enfant.
Il passe son temps libre dans la cour où il se réfugie dans une sorte de grange à la découverte d'objets laissés pour compte. Il se livre à toutes sortes de facéties que nous aborderons dans le thème de l'enfance. Surtout, il vit sa première histoire d'amour avec la jeune Valentine.
La cour est son refuge : notamment lorsque sa mère harangue tous les voisins en prédisant son métier de diplomate, d'écrivain.. Sa honte le rend si triste qu'il en viendrait presque à attenter à sa vie en se réfugiant sous l'édifice en bois dans cette même cour. Romain, dès son jeune âge a cette dualité, un optimisme atavique et des moments de grande tristesse.. Mais heureusement, l'optimisme l'emporte.
Jeune adulte, il se détache de sa mère physiquement. mais ses pensées à Aix puis à Paris vont toujours vers elle. Il connaît la vie de bohème, les femmes, importantes ou pas... Il se montre parfois naïf vis à vis d'elles notamment lorsqu'il tombe amoureux de la jeune Suédoise... Il garde bien en mémoire cette période de sa vie. Obligé de subvenir à ses besoins sans vouloir alerter sa mère de ses difficultés, il se livre à toutes sortes de travaux qui seront pour lui une découverte de Paris, des restaurants et des palais.
C'est une vie d'étudiant en somme .. Romain souhaite avant tout rendre Mina fière de lui et répondre à ses attentes. Il est même capable de mentir pour ce faire. En effet, il dit qu'il a signé plusieurs nouvelles d'un autre nom que le sien car elles lui paraissaient commerciales (En réalité, il vivait une traversée du désert sans nouvelles de la maison d'édition).
Adulte, il connaît une passion pour l'aviation. Il garde en mémoire la déception qu'il a subie lorsqu'il n'a pas été nommé officier comme les autres à l'issue de la préparation militaire. Pour lui, c'est l'oeuvre des dieux Totoche et Filoche, dieux de la bêtise et des idées arrêtées contre lesquels il faudra lutter toute la vie.
Il reste un temps caporal mais Romain n'est pas rancunier, il avance pour être fidèle à ses convictions..
Romain est un militant et un résistant avéré. Il se plaint souvent de ne pas être assez sur le front. Ses sorties en avion ne sont pas suffisamment stratégiques pour lui.
Durant cette période, il fait également preuve de courage et d'optimisme toujours prêt à suivre les commandements de ses officiers supérieurs.
Volontaire, l'homme va de l'avant, toujours confiant en la nature humaine et sans jamais gardé de ressentiment ni de haine.
Et puis, il y a son attirance pour les femmes. Elles seront nombreuses dans son parcours de vie : de l'enfance à son amour hongrois perdu, en passant par son amour africain.
L'adulte vieillissant nourrit plus d'amertume. Le vide l'entoure : sa mère est partie mais aussi de nombreux camarades combattants dont les avions ont été éparpillés au sol à travers les pays. Seule consolation : les animaux marins, l'immensité de l'océan qui marque le début et la fin du livre et le renvoie au caractère précaire de l'humanité.
Aniela la gouvernante
Aniela est à la fois la gouvernante et la complice de Mina. Elle connaît les secrets de famille. Pleine de bienveillance et de tendresse pour Romain, elle seconde Mina à part entière lorsque celle-ci est prise par son travail.
Visiblement, elle a connu son père. Lorsque la bicyclette jaune arrive, cadeau inattendu dont on pense qu'il vient du père, elle suggère à Mina de refuser le cadeau sous prétexte que ce dernier a donné peu de nouvelles. Elle a donc un rôle important de conseil vis à vis de Mina. Elle prend également l'initiative de le pomponner avec les filles de l'atelier de couture afin qu'il soit le plus présentable possible lors de la visite du personnage à la voiture décapotée.
Elle est comme un membre de la famille qu'ils quitteront à Wilno avec grande tristesse.
Le père
Le père est peu présent dans le roman car il les a quittés pour fonder un autre foyer. Néanmoins, son absence dans l'enfance de Romain lui laisse malgré tout une place immense en filigrane dans le récit.
Romain en parle en disant qu'il est mort devant les chambres à gaz terrassé d'angoisse par une crise cardiaque. Plus tôt, on perçoit sa présence lorsque Mina écrit pour demander de l'aide et qu'elle reçoit de l'argent à quelques reprises.
M.Zaremba
Personnage secondaire du récit, il met en lumière les liens qui unissent Mina et son fils et l'amour indéfectible de Mina pour le père de Romain.
M. Zaremba est pensionnaire à l'hôtel-pension Mermonts. Orphelin tôt, il recherche l'affection d'une mère et se met en tête d'épouser Mina.
M. Zaremba est riche et donne quelques billets à Romain qui en profite pour se faire plaisir. Il l'utilise pour intercéder auprès de sa mère mais celle-ci reste intraitable et l'éconduit froidement.