La Promesse de l'aube
La première métaphore et la plus importante, celle qui va nous accompagner tout le long du récit est cette promesse fait à l'aube par Mina sa mère.
L'aube représente l'enfance et tous les moments partagés à deux dans une relation fusionnelle. Elle fait allusion aux prophéties de Mina quant à l'avenir de Romain.
Cette promesse dans l'enfance peut-être également vue comme celle de Romain petit qui veillera à satisfaire sa mère et à suivre la destinée qu'elle lui présente.
Cette enfance enfin lui livre une promesse d'amour dont il ne pourra jamais se défaire et dont il ne trouvera plus jamais d'intensité équivalente.
La mer est identifiée à une amie consolatrice
Je regardai la mer. Quelque chose se passa en moi. Je ne sais quoi, une paix illimitée, l'impression d'être rendu...Chaque fois que je la regarde, je deviens un noyé heureux...Quant à moi, brûlant d'impatience, je courus renouer mon amitié avec la mer. Elle me reconnut tout de suite et vint me lécher les doigts de pied.
Romain évoque la mer Méditerranée lorsqu'il est à Nice. Elle est associée à l'amie, l'image d'une femme qui le console et le transcende.
L'Océan lui aussi est source de confort et d'immensité. Il apparaît au début et à la fin du récit. Sa position dans le Pacifique nous indique le choix de vie de Romain mais il correspond également à une maturité d'auteur, au monde des hommes.
Le professeur de mathématiques et les aspirations sexuelles de Romain
Romain est tellement bouleversé par le physique de Mariette, la femme de ménage, qu'il passe son temps à l'imaginer en cours de maths. Concentré sur ses envies et sur le postérieur de Mariette, il ne lâche pas le professeur des yeux. Il substitue son visage au fessier de la jeune femme, si bien que ce dernier imagine Romain très assidu et lui pose des questions. Bien entendu, ce sera un flop...
D'ailleurs, lorsque les amants seront surpris par Mina, il verra la canne tomber sur le " visage du professeur de mathématiques ", image du postérieur de Mariette.
la canne comparée à un sceptre
La canne est un des attributs de Mina. Elle restitue une certaine fragilité physique. Mina a soixante ans ce qui correspond pour l'époque à un âge avancé.
Mais en parallèle elle lui confère une force et un pouvoir dont elle use avec tempétuosité. Elle complète le personnage qui a un fort tempérament et une volonté sans faille.
On le voit lorsqu'elle chasse Mariette avec sa canne mais aussi lors de ses visites au marché de la Buffa.
Elle y fait régner la terreur en utilisant sa canne pour pointer du doigt les différentes marchandises, les dénigrer ou les mettre en valeur en fonction de son humeur et parfois inverser son jugement pour obtenir de meilleurs prix.
Un sceptre utilisé comme élément de désignation et de justice.
les concombres salés, plaisir gustatif et sensuel
Les concombres salés sont le mets préféré de Romain. Une spécialité russe qui lui rappelle son enfance, les moments heureux et partagés. La saveur du goût est associée au bonheur et il se remémore les moments partagés avec sa mère lorsqu'il était petit, mais également à Nice quand ils assistaient à un opéra sur la promenade des anglais.
Un peu plus tard, après le départ de Mariette, il évoque son besoin d'amour et sa solitude en disant qu'il reste seul , le concombre à la main. Dans cette évocation se trouve également le symbole du désir, de l'envie physique. Cette notion est reprise lorsqu'il arrive à Paris et croise une jolie fille au Quartier Latin. Chaque fois qu'il l'aperçoit, il déguste ses concombres.
Enfin, au Maroc, après sa fuite, il est heureux de pouvoir acheter des concombres salés pour se ressourcer et rebondir.
"La septième balle n'existe pas".
Romain a passé son temps à jongler et est arrivé à maîtriser six balles. Nombre de fois, il a tenté la septième balle mais cette dernière lui a toujours échappé.
Bien sûr il voulait impressionner sa mère en réalisant un exploit. Mais en réalité, il nous parle des difficultés liés à la création.
Lorsqu'il dit que la septième balle n'existe pas , il veut dire que l'art a ses limites. Les artistes veulent toujours atteindre une perfection mais cette dernière leur échappe. Eux-mêmes sont peut-être trop exigeants et n'arrivent pas à dépasser en qualité ce qu'ils ont déjà réalisé.
Une façon aussi de se mesurer à Dieu... Un combat impossible pour les artistes.
