L’instituteur centaure
Machiavel use de nombreuses références à la faune et la flore, notamment pour préciser les qualités et les méthodes d’administration que doit adopter un souverain. Insistant sur le fait que celui-ci doit être mi-humain, mi-animal, il fait allusion au précepteur du souverain comme étant un centaure, c’est-à-dire une créature mythologique mi-homme, mi-cheval, chargée d’éduquer les jeunes héros. Ce symbole du précepteur-centaure fait allusion au caractère que doit développer tout dirigeant, qui doit maîtriser ses deux “ natures ” afin d’être un bon prince.
Le lion
En considérant qu’un souverain doit développer des qualités bestiales, Machiavel cite deux animaux qui incarnent des traits de caractère particuliers. Le premier est le lion, symbole de la force pure, de la puissance et de la royauté. Pour l’auteur, un bon souverain est puissant, mais projette surtout cette apparence de puissance sur ses sujets. C’est une condition essentielle pour que son pouvoir soit respecté, au sein et en-dehors de l’État.
Le renard
Le renard est le deuxième animal cité par Machiavel comme modèle pour un dirigeant. Le renard symbolise traditionnellement la ruse. L’auteur insiste sur ce trait de caractère, essentiel pour le souverain, entendu ici entendu de manière plus spécifique : la ruse désigne la capacité, pour le dirigeant, de briser ses promesses sans que sa duplicité soit découverte. Machiavel considère donc qu’un souverain peut mentir à ses sujets pour satisfaire ses intérêts tant que ses mensonges ne sont pas découverts ; il qualifie cette attitude comme étant la prudence-même : “ un prince prudent ne peut pas et ne devrait pas tenir sa parole lorsque cela irait à l'encontre de ses intérêts ”.
Cesare Borgia
Cesare Borgia est l’un des dirigeants pris en exemple par Machiavel tout au long du Prince, à tel point qu’il apparaît comme un véritable personnage de l’œuvre. Pour l’auteur, Cesare Borgia est un dirigeant modèle : prudent, stratège (notamment en matière d’usage des forces armées), il n’hésite pas à recourir à des méthodes cruelles, mais uniquement pour satisfaire ses intérêts – ceux du territoire qu’il administre – , ce qui correspond à la théorie machiavélienne du pouvoir politique. Machiavel attribue la chute de Borgia au hasard pur et non pas à des fautes de gouvernance, ce qui restreint implicitement la place des choix individuels et du libre arbitre au sein de sa théorie.
Le prince lui-même
Le titre de l’ouvrage de Machiavel, Le Prince, désigne avant tout le dirigeant politique d’un État : roi, seigneur, pape, etc. Toutefois, en instillant dans son traité de nombreuses réflexions sur la nature humaine, sur notre capacité de choix et sur la place de l’individu dans le monde et face au destin, l’œuvre de Machiavel se transforme en une réflexion plus large. Le “ prince ” n’est donc plus juste un dirigeant, un héros ou un tyran ; il désigne tout individu qui se trouve face au pouvoir ou placé dans une situation dominante, et auquel les conseils donnés par l’auteur dans l’ouvrage éponyme s’appliquent.