Livre cinquième : À chasse noire, meute muette
Avec Cosette, Valjean s'enfuit à travers les ruelles sinueuses de Paris. Il est poursuivi par quatre hommes, dont un qu'il a reconnu comme étant Javert. Valjean et Cosette se retrouvent dans une rue étroite, dont l'extrémité est gardée par une sentinelle.
Entendant Javert, Valjean escalade un mur et utilise une corde pour hisser Cosette. Valjean et Cosette se trouvent maintenant dans un jardin vide et isolé. Ils s'abritent dans une remise lorsque Javert et sa patrouille passent en trombe.
La patrouille s'éloigne et les deux fugitifs entendent un chant surnaturel d’origine inconnue. Ils s'accroupissent dans le hangar glacial jusqu'à ce que Valjean aperçoive un homme portant une cloche. Il craint que Cosette ne meure de froid. Cette crainte devient plus forte que sa terreur d'être capturé. Il demande alors de l'aide à l'homme, lui offrant cent francs en échange d’un lit. L'homme reconnaît Monsieur Madeleine.
Il s’agit de Fauchelevent, que Valjean a sauvé de sa charrette renversée. Il travaille dans un couvent et n’est pas autorisé à rencontrer les femmes qui y vivent. Il est reconnaissant envers Valjean de lui avoir sauvé la vie et de lui avoir offert son emploi de jardinier au couvent. Il lui offre un abri. Valjean fait jurer à Fauchelevent qu'il ne parlera à personne de sa présence et qu'il ne posera pas de questions. Fauchelevent promet de se taire.
Javert est frustré de perdre la trace de Valjean. Il avait déjà commencé à soupçonner que Valjean n'était pas vraiment mort lorsqu'il avait entendu parler de ‘l’enlèvement’ d'une enfant nommée Cosette, dont la mère s'appelait Fantine. Javert se souvenait que Valjean lui avait demandé de l’épargner afin de sauver cet enfant. Javert interroge les Thénardiers. Ceux-ci ne répondent que vaguement, de peur que Javert ne découvre leur propre activité criminelle. Javert oublie ensuite cette histoire jusqu’à ce qu’il entende des rumeurs sur un homme ressemblant à un mendiant, généreux, qui vit avec une fillette de Montfermeil. Javert reconnaît instantanément Valjean. Il décide de l'arrêter mais Valjean s'enfuit juste au moment où les hommes de Javert arrivent dans l'immeuble. Honteux, Javert retourne au quartier général de la police.
Livre sixième : Le Petit-Picpus
Une grille protège les visiteurs de la vue des religieuses du couvent des Bernardines de l'Adoration Perpétuelle. L'auteur nous offre une histoire détaillée de l'ordre : leur création par Martin Verga, leur relation avec d'autres ordres existants, leur manière de s'habiller et la pratique de l'adoration perpétuelle. Les nonnes observent des règles strictes : elles se lèvent tôt, portent des vêtements épais et lourds et s'astreignent à une pénitence rigoureuse. Le seul homme du couvent est l'archevêque.
Un pensionnat de filles fait partie du couvent ; les enfants partagent les pratiques des religieuses mais leur espièglerie apporte une touche de joie. Une autre partie du couvent abrite des religieuses âgées qui ont été déplacées lors de la Révolution française. Le public n'est autorisé à entrer que dans une partie du couvent. De nombreux hôtes nobles y sont toutefois hébergés.
Le couvent est destiné à n'exister que peu de temps encore : comme toutes les autres institutions de France, en particulier les institutions religieuses, il est en train d'être touché par la vague montante de la démocratie.
Livre huitième : Les cimetières prennent ce qu'on leur donne
Le couvent est un refuge surprenant pour Valjean car aucun homme n'est autorisé à y entrer. Personne ne s'attend à le trouver ici. Fauchelevent ne sait pas pourquoi l'homme qu'il connaît comme Monsieur Madeleine veut se cacher dans un couvent mais il décide de l'aider de toutes les manières possibles.
L'une des religieuses est récemment décédée et la prieure (la directrice du couvent) demande à Fauchelevent de lui rendre un service particulier : enterrer en cachette cette vieille religieuse sous l'autel, afin qu'elle reste en terre sainte. Ils devront le faire à l’insu des autorités qui porteront le cercueil vide de la religieuse au cimetière. Profitant de cette faveur, Fauchelevent explique à la prieure qu'il devient trop vieux pour ses fonctions et que son frère doit venir l'assister. Son frère (en réalité, Valjean) a une petite fille qui peut être éduquée au couvent. La prieure accepte. Valjean a maintenant un endroit où rester et travailler, mais il doit être capable de se faufiler hors du couvent et d'y revenir officiellement.
Valjean demande à Fauchelevent de le cacher dans le cercueil et de dissimuler Cosette dans un panier de fruits pour les faire sortir du couvent. Lorsqu'ils seront dans le cimetière à la tombée de la nuit, Fauchelevent ouvrira le cercueil et Valjean en sortira. Fauchelevent est horrifié mais Valjean insiste. Fauchelevent se rappelle qu'il connaît bien le fossoyeur et qu'il peut le soudoyer pour qu'il parte plus tôt.
Tout se passe comme prévu jusqu'à ce qu'ils arrivent au cimetière. L'ami de Fauchelevent, le fossoyeur qui aime boire, a été remplacé par un homme du nom de Gribier. À la grande horreur de Fauchelevent, Gribier commence à enterrer le cercueil dans lequel se trouve Valjean encore vivant.
Réfléchissant rapidement, Fauchelevent vole la carte d'identité de Gribier puis lui demande nonchalamment s'il sait où sont ses papiers. Gribier réalise qu’ils ont disparu ; or, se trouver sans papiers après la tombée de la nuit est passible d’une amende de quinze francs. Gribier retourne chez lui en courant. Fauchelevent libère Valjean du cercueil. Ils vont chercher Cosette dans sa cachette et rendent sa carte d'identité à un Gribier très soulagé.
Valjean et Cosette s'installent avec bonheur dans le couvent. Cosette rentre à l'école et Valjean devient jardinier. Pour Valjean, le couvent est un oasis de paix qui favorise son développement moral. Sa foi en l'humanité, si ébranlée après son deuxième emprisonnement, est restaurée. Cosette grandit dans cet endroit heureux.
Analyse
(Le chapitre sept est omis dans la traduction des Misérables ainsi que dans beaucoup d'autres ; il ne fait guère avancer l'intrigue de l'histoire, s'attardant plutôt sur l'histoire du couvent).
Tout comme la bonté de Valjean est à l'origine de sa libération, c'est aussi ce qui permet à Javert de le retrouver – Javert se méfie profondément des rumeurs à propos d’un mendiant qui fait l'aumône, dont l'âge correspond à celui de Valjean et qui a sous sa garde une petite fille correspondant à la description de Cosette.
Le faux enterrement de Valjean, nécessaire pour le faire sortir en douce puis entrer officiellement au couvent du Petit-Picpus, reflète une partie de l'initiation des nouvelles nonnes : elles sont placées dans des cercueils et les autres nonnes pleurent leur mort sociale avant de célébrer leur renaissance symbolique dans la vie monastique. Valjean subit une version masculine de ce rite. À bien des égards, cela marque également sa mort symbolique : il était devenu un homme d'affaires prospère et célèbre mais il est maintenant un jardinier inconnu qui travaille dur. Cependant, il y trouve une grande paix. Grâce à l'amour de Cosette et à l'environnement religieux créé par les religieuses, Valjean poursuit son cheminement moral et spirituel.
La description du couvent de Petit-Picpus est basée sur le couvent dans lequel la maîtresse de Victor Hugo, Juliette Drouet, a vécu une grande partie de son enfance.