Les Misérables

Les Misérables Résumé et Analyse

Livre premier : La guerre entre quatre murs

Les rebelles renforcent la barricade. Ils n'ont plus de nourriture. Enjolras leur interdit de boire de l'alcool afin d'éviter qu'ils ne s'enivrent.

À l'aube, les révolutionnaires discutent ensemble de la vie, de l'amour et de la politique. Cependant, Enjolras brise ce calme rapidement : des soldats sont en chemin pour écraser la barricade. Le reste de la population n'a pas rejoint le soulèvement et de nombreux Parisiens refusent de recueillir les révolutionnaires.

Les défenseurs de la barricade sont résignés à la mort mais ne désespèrent pas. Enjolras leur laisse la possibilité de quitter les barricades et de retourner auprès de leur famille mais personne ne bouge.

Enjolras sort quatre uniformes de la Gendarmerie Nationale arrachés aux officiers morts. Les rebelles peuvent s'habiller avec ces uniformes et s'échapper de la barricade sans être repérés. Tous refusent de déserter la barricade. Combeferre rappelle à ceux qui ont une famille qu’ils ne peuvent pas abandonner leurs femmes et leurs enfants. Il désigne enfin cinq hommes et leur demande de partir, avant de réaliser qu’ils ne disposent que de quatre uniformes.

Un cinquième uniforme tombe alors sur la pile. C’est celui de Jean Valjean. Les cinq hommes quittent la barricade et Valjean est accueilli dans les rangs des rebelles. Marius est tellement distrait par l'épuisement et l'anxiété qu'il remarque à peine l'arrivée du père de Cosette.

Enjolras prononce un discours exaltant sur un avenir fait de liberté de justice et d'égalité. Le sacrifice des rebelles est ce qui permettra un tel avenir.

Soudain, Enjolras se souvient de Javert, attaché à un pilier. Il lui offre un peu d'eau ; le policier reste imperturbable face à sa mort imminente. Son calme n'est rompu que lorsqu'il regarde à travers la pièce et voit Valjean, qui le reconnaît également.

L'aube marque le début d'une terrible bataille. Les rebelles sont largement dépassés en nombre par les gendarmes, qui ont apporté un canon. Gavroche revient, pour la plus grande joie des révolutionnaires et à la consternation de Marius, qui espérait lui avoir sauvé la vie.

La bataille est si violente qu’Enjolras hésite à tirer sur un jeune artilleur, qu’il considère comme un frère spirituel car tous deux appartiennent au peuple français. Enjolras considère toutefois qu’il est de son devoir de le tuer afin de permettre l’avènement de la révolution. Valjean brave les balles pour récupérer un matelas afin de renforcer la barricade et devient un héros. Les autres acceptent qu’il ne tire que dans le casque des soldats, afin de les éloigner sans les tuer.

Dans un autre quartier de Paris plus calme, Cosette se réveille après avoir rêvé de Marius. Elle espère le voir mais il n'y a aucun signe de lui – pas même la lettre que Valjean a prise. Elle pleure tristement. Au loin, on entend le bruit des canons, qui se mêle aux bruits des oiseaux qui nichent près de sa fenêtre.

Sur la barricade, la situation se dégrade. Les révolutionnaires sont à court de munitions et l'armée continue d'avancer. Gavroche décide de remédier à la situation en ramassant les balles abandonnées dans la zone située entre la barricade et l'armée. Les soldats lui tirent dessus, mais il les esquive en chantant une petite chanson grossière. Il est finalement mortellement touché.

Au moment où Gavroche meurt héroïquement, les deux petits garçons qu’il avait recueillis errent dans le jardin du Luxembourg, affamés. Un bourgeois et son fils se promènent également dans le jardin et regardent les enfants en haillons avec dédain. Le père jette les restes du déjeuner de son fils aux cygnes, lui intimant de faire preuve de compassion envers les animaux. Après que les deux hommes se soient éloignés, l'un des petits garçons repêche la nourriture dans l'étang et la partage avec son frère.

Enjolras décide que le moment est venu d'exécuter Javert ; Valjean propose de s’en charger. Il conduit Javert à l'extérieur de la taverne, coupe ses liens et lui dit qu'il est libre de partir. Il lui donne enfin son nom et son adresse. Javert est abasourdi et s'enfuit dans l'obscurité alors que Valjean tire en l’air afin de simuler l’exécution.

L'armée attaque la barricade, poussant les révolutionnaires à se réfugier au Corinthe. Beaucoup sont tués, y compris plusieurs membres de la société A B C. Marius s'effondre à la suite de ses blessures, mais une main puissante le soulève.

Enjolras apparaît. Il n’a plus d’arme et fait face à ses assaillants avec sérénité ; ces derniers se figent. Grantaire, encore abruti par l’alcool, se réveille et prend conscience de la situation. Les deux hommes se serrent la main. “Vive la République ! (...) Faites-en deux d’un coup”, lance Grantaire aux soldats avec un air de défi. Les deux amis affrontent le peloton d'exécution et meurent courageusement. L'armée met en déroute le reste des rebelles et la bataille se termine.

Il y a deux survivants. Lorsque Jean Valjean voit Marius s'effondrer, il le prend et l'emporte. Valjean s'échappe de la taverne mais se retrouve piégé dans une impasse, poursuivi par l'armée. Réfléchissant rapidement, il remarque une grille de fer qui recouvre l'entrée des égouts. Il s’y réfugie, Marius à ses côtés.

Livre second : L’intestin de Léviathan

Ce chapitre décrit le vaste réseau d'égouts de Paris comme un énorme gaspillage de richesses ; les eaux usées constituent un excellent engrais et pourraient revitaliser les champs cultivés.

Les égouts sont socialement fascinants. Aristocrates disgraciés, criminels et prisonniers politiques y ont tous trouvé refuge. La vie dans les égouts met fin aux inégalités et révèle la fraternité de chacun : la robe d'une duchesse se frotte à la bouteille brisée d'un ivrogne.

Livre troisième : La boue, mais l'âme

Jean Valjean, portant Marius sur son dos, n'a guère le temps de réfléchir Plongé dans l'obscurité la plus totale, il avance petit à petit, cherchant une sortie qui le mènera loin de la barricade. Terrorisé, affamé et assoiffé, il continue d'avancer.

Soudain, Valjean aperçoit une lumière loin derrière lui. Une patrouille de police scrute les égouts à la recherche des fuyards. Valjean se plaque contre un mur, ne sachant pas s'il sera capturé. La lumière s'éteint.

Un policier poursuit un voleur le long des berges de la Seine, le talonnant jusqu'à ce qu’il disparaisse dans une masse de broussailles au bord du fleuve. Le voleur s’est introduit dans l’égout et, tel un chien de chasse patient, le policier s'assoit pour attendre.

Valjean n'est pas à l'abri du danger. Il avance dans l'égout à travers d'épaisses couches de crasse qui le tirent vers le bas. Les heures passent. Le corps de Marius devient un fardeau de plus en plus difficile à porter, mais Valjean ne peut se résoudre à abandonner le jeune homme que Cosette aime. Valjean trouve également dans la poche du jeune homme un mot destiné à son grand-père, demandant de lui rendre son corps.

Valjean continue à avancer dans l'égout. Il sent le sol se dérober sous ses pieds et s'enfonce dans la crasse jusqu'au cou. Il est obligé de porter Marius au-dessus de sa tête. Valjean est sûr qu'il va mourir et commence à prier, mais il se retrouve d’un coup sur la terre ferme.

Non loin devant lui, Valjean voit un rai de lumière. C'est une grille d'égout, loin du tumulte de l'émeute. La joie de Valjean se transforme rapidement en horreur lorsqu'il réalise que la grille est verrouillée et qu’il va échouer si près du but.

Valjean sent une main sur son épaule. C'est un voleur, qu'il reconnaît comme étant Thénardier. Il sort un passe-partout capable de déverrouiller toutes les grilles d'égouts de Paris. Supposant que Valjean est un meurtrier et Marius sa victime, Thénardier lui demande une partie de son argent. Valjean lui donne les trente francs qu'il a dans sa poche, que Thénardier accepte avec une certaine déception. Thénardier profite de la distraction momentanée de Valjean pour arracher un morceau de son vêtement, pensant que cela pourrait être utile pour le retrouver plus tard.

La grille s'ouvre et Valjean est libre. Thénardier disparaît rapidement dans le crépuscule mais Valjean reste un moment allongé sur la berge, Marius à ses côtés, éprouvant une joie profonde.

Soudain, il aperçoit une forme à proximité. C'est Javert, qui le poursuit encore. Thénardier a laissé Valjean sortir de l'égout afin de distraire Javert et de s'échapper. Valjean demande à être autorisé à ramener Marius à son grand-père. Se souvenant de la pitié dont Valjean a fait preuve à son égard sur la barricade, Javert accepte et paie une voiture pour les y transporter.

Ils arrivent à la résidence des Gillenormand à la tombée de la nuit. Les serviteurs se réveillent et découvrent le corps sanglant et immobile de Marius. Ils préparent un lit et appellent le médecin, qui n’est pas optimiste quant aux chances de survie de Marius.

Gillenormand est réveillé par le bruit et est envahi par le chagrin en voyant le corps de Marius. Il est bouleversé par la mort de son petit-fils. Il se souvient de Marius lorsqu'il était bébé. Soudain, Marius ouvre les yeux et Gillenormand s'évanouit, mort sous le choc.

Valjean est discrètement parti avec Javert. Valjean demande une dernière faveur : il veut dire au revoir à Cosette. Javert exauce ce souhait et lui permet d'entrer dans la maison seul. Valjean regarde par la fenêtre et ne voit qu'une rue déserte. Javert est parti.

Livre quatrième : Javert déraillé

Pour la première fois de sa vie, Javert est pris de doutes. Il erre sur un parapet le long de la Seine. Pour la première fois de sa vie, il a trahi son devoir de policier et laissé partir celui qu’il considère comme un criminel. Cependant, Valjean lui a sauvé la vie sur la barricade et Javert veut honorer cette faveur. Javert remet son système moral si rigide en question : un criminel a agi avec droiture ; un policier a enfreint la loi en aidant un fugitif. Javert est décontenancé.

Javert retourne au commissariat de la Seine et suggère des changements simples pour améliorer la vie des prisonniers : les prisonniers en attente de jugement sont obligés de s'asseoir par terre pieds nus et Javert suggère qu'on leur permette de garder leurs chaussures.

Javert retourne ensuite près de la Seine. L'eau tourbillonne dans l'obscurité et la nuit est silencieuse. Javert se suicide.

Analyse

Le premier chapitre, qui décrit l'assaut sur les barricades, contient de fréquentes allusions à la bataille des Thermopyles. Il s'agit d'une bataille entre un petit bataillon grec et l'immense armée perse, dans un col étroit. Les Grecs savaient qu'ils allaient mourir mais ont combattu suffisamment de temps afin que l’armée grecque arrive et repousse les perses. Cette bataille est souvent invoquée pour symboliser le sacrifice de sa vie pour ses idéaux, une idée qui trouve un écho parmi les membres de la société A B C.

Après la mort de Gavroche, le récit s’attache aux frères dont il n'a jamais connu l'identité. L'image des petits garçons repêchant la pâtisserie dans l'étang des cygnes illustre l'horrible charité bourgeoise qui consiste à traiter les animaux mieux que ses semblables.

Le deuxième chapitre contient une recommandation de l’auteur : détourner les déchets de Paris pour fertiliser les champs de France. Toujours prompt à trouver de la poésie dans les choses les plus banales, Hugo décrit les égouts comme un ville dans la ville où les inégalités ont disparu.

Le pénible voyage de Valjean dans les égouts évoque des images de la littérature classique : Inanna ou Perséphone dans les enfers, le voyage de Dante en enfer.

Dès qu'il est libéré par Valjean à la barricade, Javert reprend immédiatement son rôle de policier. Les deux hommes sont confrontés à une situation similaire à celle de Montfermeil, il y a tant d'années : Javert a arrêté l’ex-condamné et Valjean lui supplie de le laisser accomplir un dernier acte de charité. Cette fois-ci, Javert le lui permet. Hugo rappelle ici l’importance de donner une seconde chance à chacun – pour grandir, les personnages doivent être capables de réparer les erreurs qu’ils ont commises. Après avoir remis en cause toutes ses valeurs, Javert se suicide.Contrairement à Valjean, qui a été confronté à la même révélation au début du livre et s'est lancé dans un voyage spirituel, Javert est trop obtu pour renoncer à ses idéaux.