Livre premier : Paris étudié dans son atome
Cette partie commence par une réflexion abstraite sur les enfants des rues de Paris. Le gamin des rues est un enfant malpropre qui gagne un peu d'argent en faisant les corvées des bourgeois. Il est habillé pauvrement mais est cultivé, engagé politiquement et se rend souvent au théâtre. Il est le symbole des contradictions de la France de l’époque. Ce sont des enfants espiègles et intelligents.
Environ huit ans après l'installation de Cosette et Valjean au couvent, un de ces petits vagabonds, un garçon d'environ onze ans qui se fait appeler Gavroche, erre dans les rues de Paris. Il est vif et malicieux mais aussi mal habillé et triste. Ses parents sont encore en vie mais ils le négligent terriblement.
Il décide un jour de leur rendre visite dans leur appartement délabré, où ils vivent avec ses deux sœurs aînées. Son père se fait appeler Jondrette, mais il y a de bonnes raisons de penser que ce n'est pas son vrai nom. La famille vit à côté d'un jeune homme nommé Marius.
Livre deuxième : Le grand bourgeois
Un vieux monsieur, Monsieur Gillenormand, vit du reste de la fortune de sa famille. C'est un homme excentrique qui aime le théâtre et le luxe. Il a des habitudes étranges : il renomme ses domestiques en fonction de leur ville d'origine et paie un barbier pour le raser quotidiennement. Il est monarchiste, une opinion obsolète dans cette nouvelle ère démocratique.
Monsieur Gillenormand a eu deux épouses (aujourd'hui décédées), qui lui ont donné deux filles. L'aînée est une femme pratique qui ne s'est jamais mariée, connue sous le nom de Mademoiselle Gillenormand. Elle vit avec son père, avec qui elle entretient une relation difficile mais affectueuse. La cadette est une douce romantique qui est morte jeune, après avoir accouché d’un garçon prénommé Marius. Monsieur Gillenormand traite le jeune homme de manière un peu bourrue mais il l'adore.
Il aime beaucoup les femmes. Une de ses anciennes servantes, La Magnon, lui a récemment apporté un bébé dans un panier sur le pas de sa porte, assurant qu’il en est le père. Gillenormand en rit car il y voit l'affirmation de sa virilité, mais l'arrivée d'un deuxième fils ne lui plaît guère. Il accepte finalement de verser à La Magnon quatre-vingts francs par mois, à condition qu'elle le laisse tranquille mais lui permette de rendre visite à son fils une fois tous les six mois.
Livre troisième : Le grand-père et le petit-fils
Monsieur Gillenormand passe une grande partie de son temps dans un salon royaliste à critiquer les jeunes révolutionnaires et à se remémorer les gloires du XVIIIe siècle. Il désigne le mari de sa fille cadette décédée (qui est le père de Marius) comme le “brigand de la Loire”.
Ce “brigand”, Georges Pontmercy, était un membre de l'armée de Napoléon qui l'a lui-même nommé baron et colonel. Il vit dans la paisible ville de Vernon et passe son temps à entretenir son jardin. Monsieur Gillenormand ne l'apprécie pas à cause de ses convictions politiques et le persuade de renoncer à la garde de son fils Marius, qu’il menace de déshériter. Georges, qui ne veut pas que son fils grandisse dans la pauvreté, accepte. Il n’a plus le droit de rendre visite à son fils et les lettres qu’il lui envoient ne lui parviennent pas.
Désespérant de l’apercevoir, Georges se rend dans la petite église que Marius fréquente avec sa tante et le regarde caché derrière un pilier. Un marguillier au cœur tendre, Monsieur Mabeuf, l'aperçoit et Georges lui explique en larmes sa situation. Les deux hommes deviennent des amis proches.
Sur son lit de mort, Georges demande à Marius de lui rendre visite mais celui-ci arrive trop tard. Georges a laissé une lettre dans laquelle il explique qu'il souhaite que son fils adopte le titre de baron que Napoléon lui a décerné à Waterloo. Il lui demande également de retrouver l'homme qui lui a sauvé la vie pendant la bataille, un certain Thénardier, qui tient une auberge à Montfermeil. Marius rentre chez lui et n’honore pas les souhaits de son père.
Marius se rend à l'église Saint-Sulpice comme à son habitude. Il s'assied derrière un pilier pour la messe, mais il est interrompu par un marguillier qui lui dit que c'est sa place préférée. Le marguillier, Monsier Mabeuf, lui explique qu'il aime cette place parce que c'est là qu'un père avait l'habitude de venir voir son fils bien-aimé qu’on lui avait interdit de voir. Mabeuf précise que l'homme s'appelait Pontmercy. Marius pâlit et comprend qu'il s'agit de son père.
Marius lit tous les livres sur les batailles auxquelles Georges a participé et rend visite à autant d'amis de son père que possible. Il essaie même de retrouver Thénardier, mais l'auberge a été fermée et la famille a déménagé.
Marius se met aussi à lire de la philosophie politique, se distance des croyances royalistes de son grand-père et devient plus proche des idées républicaines. Il fait fabriquer des cartes de visite sur lesquelles on peut lire “Le baron Marius Pontmercy”.
Curieuse de connaître l'origine de leur jeune parent, Mademoiselle Gillenormand charge son beau petit-neveu, Théodule, de suivre Marius lors d'une de ses mystérieuses excursions. Théodule découvre que Marius est parti fleurir la tombe de son père. Théodule est tellement abasourdi par cette découverte qu'il ne la signale pas à Mademoiselle Gillenormand.
Le secret de Marius est découvert lorsque son grand-père découvre la lettre de décès de Georges Pontmercy à son fils ainsi que les cartes de visite de Marius proclamant son statut de baron. Monsieur Gillenormand est furieux de ce qu'il considère comme la participation de son petit-fils à un nouvel ordre politique corrompu, mais Marius se défend. Furieux, Marius, il s'écrie : “A bas les Bourbons, et ce gros cochon de Louis XVIII !”. Monsieur Gillenormand met son petit-fils à la porte. Marius se dirige vers le quartier latin avec seulement quelques francs en poche.
Chapitre IV : Les amis de l’A B C
Cette époque d'agitation politique est caractérisée par l'émergence d'organisations politiques semi-secrètes, où les jeunes se réunissent pour discuter et planifier une révolution.
L'une d'entre elles est la Société des amis de l’A B C. Son objectif officiel est l'éducation des enfants mais il s'agit en fait d'un groupe de jeunes étudiants favorables à la démocratie. Le nom du groupe est un jeu de mots sur “abaissé”, un mot employé pour désigné le peuple.
Enjolras est le chef de ce groupe. Il est un fervent partisan de la révolution. Combeferre, son second, est plus philosophique. Jean Prouvaire est un érudit dévoué. Feuilly est un fabricant d'éventails qui a appris à lire tout seul. Courfeyrac est un jeune homme riche qui s'intéresse à la politique. Bahorel est un jeune homme adepte des pratiques révolutionnaires violentes et qui se moque souvent de l'autorité. Bossuet (aussi connu sous les noms de Lesgle ou Laigle) semble avoir une malchance constante qu’il accepte avec humour. Joly est un hypocondriaque qui étudie pour devenir médecin. Grantaire est un sceptique qui doute de tout. Il n'est pas un véritable membre du groupe mais le fréquente en raison de sa profonde admiration pour Enjolras.
L'après-midi où Marius quitte la maison de son grand-père, il rencontre Laigle. Découvrant son nom, Laigle explique qu'il a essayé une fois de couvrir Marius pendant l'appel à l'université. Le professeur appelait le nom de chaque étudiant en classe. En cas d’absence, le nom de l'étudiant était rayé de la liste pour le reste du semestre. Essayant d'être utile, Laigle s’est fait passer pour Marius, ce qui l’a lui même placé dans une position difficile lorsque son propre nom a été appelé. Il a fini par être renvoyé de la classe. Marius lui est reconnaissant. Courfeyrac se joint à eux ; lui et Marius deviennent de grands amis et invitent Marius à une réunion de la société A B C.
Marius n'a jamais été dans un environnement dans lequel tous les aspects de la politique, de la religion, de la société et de la vie en général sont discutés. Il apprend beaucoup de ses nouveaux compagnons. Cependant, il s'avère insuffisamment radical pour eux. Marius reste en effet un fervent défenseur de Napoléon. Il demande ce qui peut être plus grand qu'un tel homme, et Combeferre répond : “Être libre”. Marius s'en va.
Il ne retourne pas aux réunions de la société A B C mais reste ami avec avec Courfeyrac, qui l'aide à subvenir à ses besoins. Marius, toujours étudiant à l’université, vit dans la pauvreté. Il vend une grande partie de ses vêtements et ne mange qu’un morceau de pain par jour. Sa tante Gillenormand lui envoie de l'argent mais Marius le lui rend en disant qu'il n'en a pas besoin.
Analyse
Les deux premiers chapitres de cette section sont des parties iconiques du roman. Dans le premier chapitre, Hugo décrit en détail la vie des enfants des rues et en profite pour méditer sur la France.
Monsieur Gillenormand est un personnage complexe mais attachant. Il incarne les nombreuses valeurs du XVIIIe siècle tout en étant enclin à l'hyperbole et à la frivolité. C'est aussi un grand-père profondément aimant. Sa possessivité à l'égard de son petit-fils finit par se retourner contre lui lorsque le jeune Marius découvre que son grand-père lui a menti toute sa vie au sujet de son père.
La séparation entre Marius et Gillenormand était chose courante à l'époque où Hugo a écrit son roman. La Révolution a déchiré de nombreuses familles. Que cela signifie-t-il d'avoir un gouvernement démocratique ? Comment faire reculer la pauvreté ? L'éloignement entre le grand-père et le petit-fils sert également d'allégorie à la politique elle-même : le vieux siècle est défié par les idéaux du nouveau.
Cependant, tout comme Marius ne s'est pas montré suffisamment conservateur pour son grand-père royaliste, il n'est pas assez libéral pour ses nouveaux amis révolutionnaires. Marius, bien que parfois têtu et peu pratique, trace sa propre voie et honore ses propres croyances.