L'argent
Qu'il soit absent ou qu'il coule à profusion, l’argent a une place prépondérante dans La Peau de chagrin.
Au début du roman, le héros est sans le sou. On apprend par la suite, lors de sa confession à Émile, que cet argent lui a toujours fait défaut. Ses parents sont endettés et il lui appartient de rembourser cette dette qui n'est pas la sienne. Il vit chichement dans une pension tenue par une femme pauvre. Il peine à gagner de l'argent malgré son travail intellectuel sans relâche. Il finit par jouer jusqu'à son dernier sous. Puis, grâce à la peau, l'argent se met à couler à flots. Il reçoit un héritage, il dépense sans compter pour tenter de séduire Foedora, il retrouve Pauline devenue riche et exaucent le moindre de leurs caprices. Il passe d'un extrême à l'autre.
L’argent symbolise la tentation (par le jeu, le plaisir et l'alcool) qui ravagent la société matérialiste et individualiste. À travers l'argent, source de débauche et de déchéance, l'auteur critique la société dans laquelle il vit et l'obsession que l'être humain a pour la richesse et le pouvoir comme source de bonheur. L'argent ne rend pas le héros heureux, bien au contraire, ce qu'il comprend au moment de mourir : les vraies valeurs ne peuvent pas s'acheter car le bonheur est immatériel.
La mort et le temps
La mort est omniprésente dans le roman. Elle apparait dès le début du roman par le souhait que Raphaël a de mourir. Elle semble alors être une porte de sortie à son malheur. Lorsque le héros prend réellement conscience du lien qui existe entre la peau et sa vie, la mort ne va plus lui apparaître comme une solution mais comme une malédiction. Tout au long du roman, la mort va planer au-dessus de sa tête comme une épée de Damoclès au dessus de la tête du personnage principal. Par sa présence permanente, la mort rappelle au personnage sa mort inéluctable et invite le lecteur à réfléchir sur la façon dont on décide d'utiliser le temps qui nous est imparti. Quels sont les choix à faire pour utiliser notre temps à bon escient avant que la mort ne nous frappe. Faut-il le dépenser dans le plaisir et la quête d'argent ou faut-il être dans la retenue pour l'économiser ? Selon l'auteur, la première solution amène à consumer sa vie beaucoup plus vite que dans la seconde.
Le désir
Le désir est au centre du récit. La peau de chagrin réalise tous les désirs de celui qui la possède. Elle incarne le désir qui consume l'être humain. Le héros voit sa vie diminuer au fur et à mesure que ses désirs insatiables se réalisent et que la peau rétrécit. Le désir met en lumière la précarité de la vie humaine et son inéluctable fin. Mais le désir est également une source d'énergie vitale à laquelle les personnages ne peuvent échapper et qui les poussent à se détruire peu à peu.
L'amour
Dans La Peau de chagrin, l’amour est à la fois une source de bonheur (l'amour pur et sincère de Pauline pour Raphaël, l'amour apaisant de Raphaël pour Pauline) et une source de malheur (la passion stérile de Raphaël pour Foedora qui est destructrice pour le héros et qui consomme son énergie vitale).
L'individu dans la société
La relation entre l'individu et la société dans laquelle il évolue est marquée par le conflit. La société impose une pression à l'individu à tous les niveaux : familial, amical, sociétal. L'individu est tiraillé entre la réalisation de ses désirs profonds, la quête de lui-même et l'obligation de se conformer aux normes sociales. Raphaël doit rembourser une dette qui n'est pas la sienne et qui plombe son avenir. Il doit répondre à l'attente de son père de sauver l'honneur de la famille à sa place. Il aimerait pourtant échapper à cette emprise. La société matérialiste et individualiste écrase l'individu, ses rêves et ses espoirs. L'oeuvre est une critique de la société dans laquelle l'auteur vit et qu'il juge décadente.
Le bonheur
C'est ce que recherche le personnage principal du roman. Raphaël est en quête d'un sens à sa vie désoeuvrée. Malheureusement, il succombe à l'appel du désir immédiat et de l'argent. Ce désir effréné de possession est matérialisée par la peau. Elle éloigne son Raphaël du bonheur tel qu'il le cherche inconsciemment (Il "s'interdit" d'aimer Pauline car pauvre). L'auteur invite le lecteur à réfléchir sur sa propre définition du bonheur et sur les façons qu'il a pour l'atteindre. Il met en garde contre la satisfaction matérielle de nos désirs et prône la tempérance et la réflexion sur les conséquences que nos choix peuvent avoir sur notre bonheur. Selon lui, le bonheur n'est pas dans la possession et le pouvoir.