La pension
Le roman débute par une longue et minutieuse description de la pension parisienne où la plupart des actions se déroulent. L’utilisation de ces images détaillées procure au lecteur une vive sensation de mise en scène et met en évidence le don d’observation de Balzac pour les petits détails du monde qui l’entoure. L’usage des images pour décrire un état ordinaire, quotidien plutôt qu’une situation inhabituelle ou fantastique est une partie de la contribution de Balzac dans l’essor du Réalisme en littérature. En prenant beaucoup de temps pour décrire par le menu un monde familier, et en étant extrêmement précis sur une période particulière ou un endroit, Balzac bouscule les notions traditionnelles de ce qui était “judicieux” d’écrire sur ces sujets, et l’équilibre entre action et représentation.
L'appartement de Delphine
Quand Rastignac est pour la première fois amené à l’appartement installé pour Delphine par Goriot, il est impressionné par son raffinement. Balzac utilise des images détaillées pour décrire en quoi tout évoque luxe, confort et féminité. L’imagerie de l’appartement atteint plusieurs objectifs : cela rend clair à quel point le généreux Goriot est attentif à ce qu’aucun détail n’échappe pour procurer à sa fille confort et bien-être. Les détails de l’appartement luxueux créent un parallèle avec la pension miteuse, devenant alors l’emblème des désirs et ambitions de Rastignac. L’appartement représente la vie qu’il pourrait avoir s’il devenait fortuné et s’il était accepté dans la société.
La salle à manger de la pension
A plusieurs moments dans le roman, les pensionnaires sont réunis pour manger ensemble et ces scènes sont généralement décrites grâce à l’imagerie décrivant l’apparence, les sons et même l’odeur diffusée dans une scène. La salle à manger est stratégique parce que c’est un endroit où les pensionnaires, avec toutes leurs motivations secrètes, se rassemblent et où beaucoup de leurs interactions ont lieu. L’imagerie renforce l’aspect peu romantique de leurs vies et les réalités physiques que Balzac n’est pas gêné de montrer y compris des images grossières et inconvenantes. L’imagerie des pensionnaires dînant tous ensemble montre en quoi Rastignac en vient à avoir honte de la manière dont il vit actuellement et pourquoi il est pressé de quitter ce monde.
Le cimetière du Père Lachaise
La scène finale du roman se situe au cimetière du Père Lachaise, où se déroule l’enterrement misérable de Goriot, une sinistre journée d’hiver. Toute l’imagerie autour de cette scène renforce l’idée d’un monde froid et impitoyable, et achève le roman sur une note cynique. Rastignac s’aperçoit que la vertu n’est pas récompensée, en constatant que le gentil et généreux du vieil homme, est enterré seul, ruiné et sans amour. L’imagerie d’un monde désolé, gelé et stérile affermit Rastignac dans sa compréhension de la réalité de la société et de la psychologie individuelle. L’imagerie stérile et sans vie renforce également la façon dont Goriot a été coupé de son identité intrinsèque comme figure paternelle, ses filles l’ayant abandonné et rejeté.