Résumé
Le jour suivant, Goriot et Rastignac s’apprêtent à déménager de la pension lorsque Delphine arrive pour voir son père. A leur insu, Rastignac écoute leur conversation. Delphine est bouleversée car son mari l’a informée avoir investi toute sa dot et n’avoir à présent plus d’argent à lui donner en retour si elle et son père continuent leurs poursuites. Il veut qu’elle attende plusieurs années, durant lesquelles il pourra se refaire, lui donner de l’indépendance et devenir un meilleur époux. Elle est touchée par sa demande, et ne sait pas quoi faire. Goriot est en colère et insiste sur le fait qu’elle a été manipulée, mais elle explique que son mari est impliqué dans de nombreuses affaires sombres et qu’ils ne peuvent essayer de lui prendre de l’argent sans altérer le nom et la réputation de sa femme. Delphine persuade son père de la laisser s’occuper de son mari, mais de revoir leurs accords ultérieurement.
A ce moment-là, ils sont interrompus par Anastasie, qui est aussi en détresse. Elle explique que les dettes de son amant Maxime l’ont rendu de plus en plus désespéré et qu’elle a peur qu’il se tue. Elle a mis en gage ses diamants pour payer ses dettes, mais son mari l’a découvert. Restaud a négocié de ne pas demander le divorce ni de la priver de ses enfants contre une signature l’autorisant à accéder à tout ses biens. Goriot est de plus en plus inquiet concernant les désastres qui se sont abattus sur ses filles, et il est encore plus dévasté d’apprendre qu’Anastasie n’a toujours pas réussi à régler toutes ses dettes et veut encore de l’argent. Les deux filles se disputent, mais Goriot réussit à les calmer. Rastignac fait irruption dans la chambre et propose de régler lui-même les dettes, mais Anastasie est mortifiée qu’il connaisse ses secrets et s’enfuit.
Goriot semble être tombé malade, et après avoir raccompagné Delphine chez elle, Rastignac consulte Bianchon. Ce dernier suspecte que Goriot est en train de mourir, mais il propose de faire tout ce qui est en son pouvoir pour l’aider.
Rastignac ne peut s’empêcher d’être déconcentré par la nouveauté de son appartement avec Delphine. De son côté, elle est préoccupée par les plans de Beauséant pour le bal : il s’agit d’un événement social majeur car le Marquis d’Ajuda se marie plus tôt ce jour-là avec Mlle Rochefide, et Madame de Beauséant ne le sait pas encore. Tout Paris veut prendre un plaisir sadique à la voir paraître en public le cœur brisé.
Quand Rastignac retourne à la pension, Madame Vauquer est ennuyée qu’il n’ait pas encore déménagé malgré son préavis. En effet, à ce moment-là, Goriot est trop malade pour être déplacé. Il a aussi accueilli une autre visite d’Anastasie qui a encore reçu de l’argent de sa part pour couvrir les frais de sa tenue pour le bal. Après qu’un médecin ait confirmé que Goriot se meurt, Rastignac va annoncer la nouvelle à Delphine. Elle persiste dans l’idée de se rendre au bal. Après le bal, Madame de Beauséant porte son chagrin avec noblesse, et confie à Rastignac qu’elle a l’intention de quitter Paris le lendemain et de vivre tranquillement à la campagne.
Très tard, quand le bal se termine, Rastignac revient à la pension et continue de prendre soin de Goriot. Son manque d’argent est un problème, et Goriot continue d’espérer que ses filles viendront le voir. Dans l’agitation Rastignac va chez les Restaud et explique au Comte que son beau-père est sur son lit de mort, mais le Comte ne montre aucun intérêt. Anastasie ne veut pas désobéir à son mari pour aller voir son père. Rastignac trouve Delphine également réticente. Il retourne à la pension où ils ont avec Bianchon dépensé tous leurs économies pour essayer de lui aménager une fin confortable. Goriot tombe inconscient, se lamentant sur l’amour pour ses filles, et Anastasie arrive une fois qu’il est dans cet état. Elle reste à ses côtés jusqu’à ce qu’il meurt quelques minutes plus tard.
Rastignac et Bianchon organisent de modestes funérailles, et demandent aux familles de Restaud et Nucingen de contribuer financièrement. Aucune n’envoie quoi que ce soit, ses filles sont absentes aux funérailles mais quelques-uns de leurs serviteurs y assistent. Après l’inhumation, Rastignac reste au cimetière, contemplant Paris. Il se fait la promesse à nouveau de réaliser son objectif, de trouver une place dans la société parisienne, puis il rejoint Delphine pour dîner.
Analyse
L’espoir d’un avenir prometteur pour Goriot, Rastignac et Delphine s’éteint rapidement car cette dernière n’est pas vraiment attachée à ces hommes. Quand cela devient plus clair que la séparation avec son mari aura de réelles conséquences sociales et financières, elle commence à hésiter sur son désir de le quitter. Une fois la nouveauté de son appartement et son dernier amant passée, elle se désintéresse de cette nouvelle vie qui a couté si cher à son père. L’angoisse de Goriot et la rage lorsqu’il voit ses plans commencer à s’effondrer reflètent à quel point ses espoirs étaient élevés. Il était sur le point de regagner Delphine et d’établir à nouveau une proche relation avec elle, mais il semble qu’elle ait été embarquée encore une fois dans une vie dont il sera exclu.
Comme Goriot perd le contrôle sur Delphine, Anastasie le pousse aussi à réagir à leurs caprices plutôt que de les aider activement à obtenir de meilleures vies. Comme d’autres personnages féminins, Anastasie est victime de sa tendresse pour son amant, et s’est maintenant embourbée dans une situation désespérée. Si son mari la quitte, elle perdra son argent, sa position dans la société et son accès à ses enfants. Le rôle d’Anastasie en tant que mère lui permet de prendre conscience de sa manipulation envers son père.
Le bal de Beauséant représente l’apogée de la critique de la haute société parisienne par Balzac. Les supposés amis et connaissances de Madame de Beauséant ont un malin plaisir à la regarder souffrir et s’humilier publiquement. Non seulement les individus sont à leur avantage, mais ils prennent aussi plaisir du malheur des autres. L’expérience du bal représente une des étapes culminantes de l’éducation de Rastignac concernant les manières de cette société. Il est contraint d’accepter que pour Delphine, se rendre au bal est plus important que de voir son père sur son lit de mort, et il observe aussi Mademoiselle de Beauséant endurer son échec en société. A ce moment-là, tous les mentors de Rastignac semblent avoir été vaincus : Vautrin a été arrêté, Madame de Beauséant va s’exiler avec le cœur brisé, et Goriot est en train de mourir.
Malgré ses actions sujettes à caution, Rastignac montre une loyauté totale et une intégrité dans sa fidélité lorsqu’il prodigue des soins à Goriot mourant. Même s’il n’a pas de relation de parenté avec le vieil homme, Rastignac se comporte plus comme un fils dévoué que les propres filles de Goriot. Ce dernier s’accroche naïvement à l’espoir qu’elles vont venir jusqu’au dernier moment, et même Rastignac ne peut croire qu’elles refusent de venir au secours de leur père. Balzac créé un effet de plus grande tension avec l’arrivée d’Anastasie alors que son père est encore vivant, mais inconscient. Le sombre spectacle de ses pauvres funérailles et le manque de personnes s’y rendant semble totalement injuste, étant donné à quel point Goriot a donné sa vie. Avec cette scène, Balzac rend claire sa vision d’un monde injuste, dans lequel la gentillesse et la générosité ne garantissent rien.
La sombre et cynique conclusion rendent la dernière image de Rastignac encore plus puissante. Plutôt que de se détourner de la société avec dégout, il a encore plus envie de s’y faire une place. Il va aussi continuer sa relation avec Delphine, après avoir vu sa froideur de cœur. Rastignac a complété sa maturation et son éducation, il n’a plus d’illusions à propos de la nature humaine où la manière dont le monde tourne. Toutefois, il veut toujours obtenir le pouvoir et les privilèges qu’il a toujours souhaité.