Le Père Goriot

Le Père Goriot Résumé et Analyse

Résumé

Le roman débute en novembre 1819 par une longue description détaillée du pensionnat de la maison parisienne tenue par une veuve nommée Madame Vauquer. Sept pensionnaires y vivent : Madame Couture, sa protégée Victorine Taillerfer, Monsieur Vautrin, un jeune étudiant nommé Eugène de Rastignac, Monsieur Poiret, Mademoiselle Michonneau, et un vieil homme appelé Goriot.

Goriot habite dans cette pension depuis 4 ans après avoir pris sa retraite confortable grâce à son entreprise de manufacture de vermicelles. Néanmoins, plus le temps passe, plus il s’appauvrit. A présent, comme toute personne désargentée, il est l’objet de moquerie de la part des autres pensionnaires. Goriot est un sujet d’intérêt car les autres pensionnaires ont observé qu’il reçoit la visite de deux jeunes filles séduisantes. Au départ, les gens croient que ces femmes sont ses maîtresses, mais plus tard il sera révélé que ce sont ses deux filles.

Goriot n’est pas le seul pensionnaire dont la fortune s’est dissipée : Victorine est la fille d’un homme fortuné, mais après la mort de sa mère, son père la déshérita et lui coupa les vivres. Elle vit à présent dans la pauvreté avec Madame Couture, espérant un jour regagner le cœur de son père.

Rastignac vient d’une famille de modeste condition, et le coût de ses études est un énorme fardeau. Toutefois, il est devenu à Paris de plus en plus attiré par la richesse et le monde à la mode. Après avoir demandé à sa tante de rechercher dans son entourage familial, Rastignac est présenté à Madame la Vicomtesse de Beauséant.

Rastignac se rend à un bal dans sa maison à la mode, où il est frappé par la beauté d’une femme nommée Comtesse Anastasie de Restaud. Il organise un rendez-vous pour la revoir plus tard, et il retourne à la pension tard ce soir-là, épuisé mais heureux. Il profite d’être encore éveillé, pour observer Goriot fondre certains objets précieux en vermeil en barres et se demande ce que le vieil homme peut bien être en train de faire.

Le lendemain matin, les deux serviteurs, Sylvie et Christophe cancanent à propos des pensionnaires. Ils mentionnent avoir parfois été interrogés au sujet d’un homme ressemblant à Vautrin, sans jamais toutefois confirmer son identité. Ils ajoutent aussi avoir vu Goriot s’éclipser mystérieusement à l’aube. Vautrin arrive peu de temps après, et confirme qu’il a vu Goriot vendre du métal précieux et utiliser les gains pour payer un créancier. Lorsque Goriot rentre à la maison, il envoie Christophe pour une course dans la maison d’Anastasie de Restaud, probablement avec un billet confirmant avoir réglé la dette de cette dernière.

Rastignac rejoint les pensionnaires au petit déjeuner, et loue la beauté de la femme rencontrée au bal. Il commente ensuite la surprise d’avoir vu Anastasie ce même matin chez le voisin. Vautrin rassemble astucieusement les pièces du puzzle, et émet l’hypothèse qu’Anastasie a dû se rendre chez le créancier. Goriot réagit vivement lorsque ce nom est prononcé. Rastignac se demande donc si Anastasie ne serait pas sa maîtresse.

L'analyse

Le début du roman procure un intérêt par le détail d’une sélection de personnages soit disant ordinaires, puis en introduisant des éléments mystérieux à leur sujet. La pension de Madame Vauquer n’est pas un lieu luxueux et les gens qui y vivent sont de condition modeste. Contrairement aux personnages qui avaient historiquement tendance à être placés au centre des œuvres littéraires, ils ne sont ni aristocrates ni de la royauté, pas plus que fermiers ou bergers idéalisés. D’ailleurs, la pension et ses résidents représentent une réalité urbaine brute où essayer de se trouver des moyens de survivre dans un système capitaliste où la préoccupation majeure est l’argent gagné et dépensé.

Alors qu’elle accueille et nourrit ses résidents, Madame Vauqer est loin d’être une présence maternante, mais plutôt une femme d’affaire astucieuse et froide parfois. La rapide introduction d’un personnage féminin intéressé par l’argent préfigure l’arrivée des filles de Goriot et leur insatiable cupidité. Néanmoins, la maison-Vauquer fonctionne comme une sorte de famille chaotique où les pensionnaires ne peuvent s’empêcher de se mêler de la vie privée des uns et des autres.

Le thème des changements de statuts financier et social créé une atmosphère d’instabilité, mais où les espoirs et les ambitions semblent être de potentielles opportunités. Malgré des approches très différentes, Victorine et Rastignac sont bercés par leur espoir de changer de statut social. Victorine est vertueuse mais enfant négligé par son père (fonctionne en miroir de Goriot, père aimant mais négligé), poussée par l’espoir de se réconcilier avec son père. Elle semble davantage attachée au lien émotionnel plutôt que du souci de devenir riche, ce qui dévoile son innocence et sa piété. Rastignac profite des sacrifices de sa famille pour qu’il accède à de bonnes études, bien qu’il soit attiré par l’illusion de ce que pourrait signifier faire partie de l’élite parisienne.

Ce profond désir pour le luxe et la tendance semble influencer la réaction de Rastignac envers Anastasie dont la beauté fait écho. Il la connait à peine, mais sa volonté de la séduire opère comme une sublimation de son désir d’être enfin accepté dans la société parisienne. Même s’il est encore relativement innocent et pas tout à fait intégré à ce monde-là Rastignac est assez malin pour identifier les relations qui pourraient l’aider, et il mise tout sur les quelques ressources que sa famille peut lui offrir. Comme c’est le cas pour beaucoup d’anciennes familles de l’élite de l’aire post-révolutionnaire, la famille de Rastignac n’a plus une grande fortune mais a conservé une renommée et quelques bonnes relations. En se faisant présenter à Madame de Beauséant et en se rendant au bal, Rastignac place les premières fait ses premiers pas dans la création de son cercle social.

Tandis que Rastignac et Victorine aspirent à une ascension sociale, Goriot semble s’être résigné à la vieillesse et au déclin de sa fortune. Pendant son temps à la pension, il a déconstruit sa vie sociale, et son projet de mettre en gage ses dernières possessions montre qu’il tombe encore plus bas. Néanmoins, Goriot ne semble pas être ni contrarié ni bouleversé par cet appauvrissement de son style de vie.

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