Résumé
Tout au long de la journée, les pensionnaires vaquent à leurs occupations. Madame Couture et Victorine font une demande infructueuse à son père, pendant que Poiret et Mademoiselle Michonneau continuent à se courtiser maladroitemenent.
Le jour suivant, Rastignac rend visite à Anastasie dans sa maison. Il arrive juste au moment où Goriot s’en va, mais il est vite distrait par Anastasie et son autre visiteur, un jeune homme fortuné nommé Maxime de Trailles. Peu de temps après, ils sont rejoints par le mari d’Anastasie, qui semble impressionné par les relations de la famille de Rastignac. Maxime, qui entretient une relation adultère avec Anastasie, déteste immédiatement Rastignac. Plus important même, Rastignac commet une bévue lorsqu’il mentionne Goriot de manière impolie. Ce commentaire offense clairement le Comte et la Comtesse et Rastignac s’en va peu après, sachant qu’il ne sera pas le bienvenu dorénavant.
Frustré, Rastignac va faire appel à Madame de Beauséant. Cette dernière entretient ouvertement depuis de nombreuses années une relation adultère avec un gentilhomme Portugais nommé Monsieur d’Ajuda mais il va bientôt se marier à une jeune femme fortunée du nom de Mademoiselle de Rochefide. Le jour de sa visite, d’Ajuda est en train d’essayer de calmer les nerfs de sa maîtresse.
Soulagé de l’arrivée de Rastignac, d’Ajuda part en hâte, mais pas avant que Madame de Beauséant lui demande de se justifier de son départ sous prétexte qu’il a à faire à l’ambassade d’Angleterre. Cependant, pendant que le fiacre avance, de Beauséant apprend que son amant se dirige en fait vers la résidence des Rochefide, et envoie une note accusatrice lui assignant de l’y retrouver. Elle ne veut pas croire qu’Aduja va aller jusqu’au bout de cet arrangement.
Rastignac explique à Beauséant qu’il a fait appel à Anastasie de Restaud, mais avant de lui relater le moment où il l’a offensé ils sont interrompus par la Duchesse de Langeais. Même si la Duchesse semble être l’amie de Beauséant, elle fait une série de commentaires désagréables à propos du prochain mariage d’Ajuda. Rastignac peut enfin raconter son histoire, et Madame de Beauséant ainsi que la Duchesse révèlent que Goriot est le père d’Anastasie, ceci expliquant pourquoi celle-ci s’est sentie offensée lorsqu’il avait émis des propos insultants.
Elles l’éclairent davantage aussi sur la famille de Goriot : il a deux filles, Anastasie, mariée au Comte de Restaud mais maîtresse de Maxime de Trailles, ainsi que Delphine, mariée à un banquier Allemand nommé le Baron de Nucingen. Goriot a utilisé sa fortune pour offrir d’importantes dots à ses filles afin qu’elles puissent faire un bon mariage, mais maintenant son gendre a honte de ses liens matrimoniaux. Les deux sœurs sont en rivalité, et Madame de Beauséant suggère que Delphine serait prête à être courtisée par Rastignac. S’il peut la conquérir, il est probable qu’il puisse impressionner davantage les autres femmes parisiennes.
Rastignac retourne à la pension, où il fait vœu de soutenir Goriot contre quiconque l’insulterait. Il écrit aussi à sa mère et ses sœurs, les implorant pour de l’argent. Au cours des jours suivants, il fait appel à nouveau à Anastasie, mais il n’est jamais autorisé à la voir. Il passe aussi du temps avec Madame de Beauséant, afin d’apprendre tout ce qu’il peut pour favoriser sa cause.
Analyse
Au cours des deux visites auprès de membres de la haute société parisienne, Rastignac intrigue et approfondit ses connaissances pour intégrer cette société. Il est naïf au point d’être surpris qu’Anastasie ait déjà un amant, et que son mari semble tolérer cet arrangement en toute quiétude. A cette époque, à condition qu’une femme riche conserve les apparences sociales de base et pourvoie des héritiers à son mari, il n’était pas surprenant ni inacceptable qu’elle ait un amant pour son propre plaisir. Le mariage entre les De Restaud est clairement un arrangement pragmatique, ce qui ajoute une couche de plus au portrait que fait Balzac de Paris comme un lieu où tout le monde cherche à briguer ses propres intérêts. Comme Shanyn Fisk l’écrit, « Balzac critique la superficialité de la société parisienne dans laquelle les apparences se substituent à l’essence et l’humanité est hiérarchisée selon la fortune et le titre ». Concernant la richesse et les titres, les mariages arrangés fonctionnent comme une « entreprise » de maintien du pouvoir et de l’argent. Comme le lecteur l’apprend un peu plus tard, Anastasie pourrait apporter une dot conséquente au mariage alors que son mari apporterait le prestige et un titre. Une raison pour laquelle Anastasie réagit si vivement à ce qui est dit sur son père de manière dédaigneuse est parce qu’elle a une certaine conscience de l’embarras créé par la relative pauvreté dans laquelle son père se trouve, en tant que pensionnaire.
La naïveté de Rastignac le mène à faire cette erreur de stratégie car il ne comprend pas encore complètement comment la progression dans la société fonctionne. Il semble impossible pour lui qu’une femme aussi élégante qu’Anastasie puissent être la fille du miteux Goriot, alors que la véritable raison pour se marier à un artistocrate avec un titre, avait justement pour but de camoufler ses origines. Néanmoins, Rastignac est suffisamment intelligent pour savoir qu’il bénéficiera de conseils avisés, donc il fait appel à Madame de Beauséant en tant que mentor afin de l’éduquer. Sa rencontre avec elle est fructueuse avant même qu’il amène le sujet d’Anastasie. Premièrement, il découvre une autre vision de la femme mariée dont la relation avec son amant est publiquement admise. D’Ajuda, au contraire de Rastignac lui-même, sert ses propres intérêts, et même s’il semble avoir une réelle tendresse pour sa maîtresse, il est suffisamment pragmatique pour évaluer les bénéfices du mariage avec la famille fortunée Rochefide. D’Ajuda et Maxime de Trailles offrent à Rastignac de précieuses informations à propos de ce qui est requis pour impressionner la société parisienne sophistiquée, comme les avantages d’avoir une maîtresse fortunée.
Rastignac observe également les interactions entre Madame de Beauséant et la Duchesse, qui explique clairement que dans la haute société il n’y a pas d’authentique amitié. Les deux femmes se querellent et se disent des choses blessantes. Ces relations entre elles deux indiquent la rivalité entre Delphine et Anastasie qui cherchent à se surpasser l’une l’autre. Quant au manque d’amour entre les deux sœurs, il révèle pourquoi elles seront également froides et égoïstes envers leur père, car elles veulent uniquement améliorer leur position sociale et leur prestige.
Dans un tel monde, il est peu surprenant que Rastignac puisse apprendre à devenir calculateur et centré sur ses propres intérêts. Le cynisme et le pragmatisme de Madame de Beauséant sont évidents pendant qu’elle lui prodigue ses conseils. Elle lui dit de rester motivé par-dessus tout par ses propres ambitions, et elle explique clairement que les femmes peuvent être utilisées à ses fins. Peut-être par son expérience d’avoir été manipulée par d’Ajuda, Madame de Beauséant est bien trop consciente combien les hommes ambitieux peuvent avoir besoin de femmes amoureuses.
Comme son évolution dans la société est de plus en plus évidente, Rastignac montre qu’il apprend vite. Ayant commis une erreur dans la précipitation envers Anastasie, il fait attention à présent de prendre son temps pour récolter des informations à propos de Delphine avant de l’approcher. Le jeune étudiant applique une autre version des conseils de Madame de Beauséant en utilisant la vulnérabilité émotionnelle des femmes. Ces femmes l’aiment déjà, et feront tout ce qui est possible pour l’aider. L’innocence, la confiance et la générosité de sa famille envers Rastignac est similaire à la générosité sans fin que Goriot déverse sur ses filles ingrates.
