Folie et déraison. Histoire de la folie à l’âge classique est le premier ouvrage de Michel Foucault. Publié en 1961, il eut une influence majeure sur la philosophie de la fin du XXe siècle.
L’auteur étudie dans ce livre l’évolution du concept de folie de la fin du XVIe à la fin du XVIIIe siècle. Il ne s’agit pas tant d’une histoire de la maladie en elle-même, ni d’un exposé des différents types de folie et de leurs symptômes, que d’une analyse de la création du concept de folie et de sa perception dans les sociétés occidentales.
Le livre se rapproche en cela d’un autre ouvrage écrit par Ilza Veith et publié en 1965, Histoire de l’hystérie. Veith, comme Foucault, s’intéresse aux significations culturelles de l’hystérie - l’un des types de folie - et à la façon dont elle a été pensée par le pouvoir politique. Foucault pousse sa réflexion un peu plus loin de Veith et s’intéresse également à l’historiographie, le processus d’écriture de l’histoire. Pour cela, il examine l’évolution du discours écrit et verbal autour de la folie, et s’intéresse au développement de perceptions communes entre différentes sociétés à travers la littérature, la loi, les documents médicaux et d’autres moyens de diffusion du langage.
Histoire de la folie à l’âge classique a eu une influence considérable sur plusieurs domaines universitaires. Il a d’abord fourni aux historiens une grille de lecture du passé au travers du discours. Pour les théoriciens critiques, il expose également la manière dont les conceptions modernes de la moralité se sont développées en parallèle de certains discours relatifs à la psychologie et à la médecine. Enfin, il a fourni aux politologues une théorie sur la création par les sociétés occidentales d’institutions exerçant un pouvoir similaire à celui de l’État, proche de l’emprisonnement. La diversité des sujets abordés et la vivacité de l’écriture de Foucault font que ce livre exerce toujours une influence considérable sur nombre d’universitaires et inspire encore aujourd’hui les lecteurs et les chercheurs.