Hôpital Général et hôpital Bicêtre (symboles)
Foucault décrit dans sa préface deux des événements les plus marquants de la période qu’il étudie : ce sont à la fois des marqueurs historiques et des symboles de la transformation sociale de l’époque.Le premier, survenu en 1657, consiste en la création de l’Hôpital général de Paris, conçu pour enfermer les pauvres et les fous. Le second, survenu en 1794, est la libération des prisonniers détenus à l’hôpital Bicêtre, dans lequel seuls les fous restèrent internés. Nous pouvons donc observer, de 1657 à 1794, un mouvement consistant à ne plus considérer la folie comme une composante d’une catégorie plus large de délinquance sociale, mais comme un phénomène isolé avec des espaces et des traitements propres. Ces évènements symbolisent la transformation de la société durant l’époque étudiée par l’auteur.
La nef des fous (allégorie)
Le chapitre 1 de l’ouvrage s'intitule Stultifera Navis", qui signifie en latin "Nef des fous". L'expression vient du livre 6 de La République de Platon. Celui-ci utilise l'image d'un navire gouverné par des tyrans pour critiquer les personnes qui succombent à leurs vices et tentent d’asseoir leur autorité en exploitant la faiblesse morale des autres. Foucault s'intéresse à la façon dont l'allégorie a été contée et a évolué au fur et à mesure qu’elle était de plus en plus utilisée durant la Renaissance. Pour Foucault, c'est une allégorie de la façon dont les gens imaginaient l’isolement des fous : un navire séparé du reste de la société. Les gens apprécient cette histoire parce qu'elle correspond à leur façon de voir la folie comme un lieu clos et séparé de la société.
L’isolement (image)
L’isolement est un sujet présent tout au long de Folie et déraison. Le but de l'œuvre est d’étudier ce qui est enfermé et qui décide d’enfermer. Foucault affirme qu’il s’agit d’abord de la lèpre - une maladie physique - au cours du Moyen-Âge. Puis, au début de la période classique, à partir de la fin du XVIe siècle, ce sont les membres de la catégorie de la “déraison”, comprenant les pauvres, les criminels et les fous, qui sont enfermés. Puis, à la fin de la période classique, les fous sont finalement les seuls à être enfermés dans une institution spécialement créée pour eux : l'asile. Cela est dû au fait que la folie est perçue comme une menace particulière pour la société.