Dans Histoire de la folie à l’âge classique, Michel Foucault étudie la façon dont les sociétés occidentales, en particulier la France et l'Angleterre, ont conceptualisé la “folie” et la maladie mentale à la fin du XVIIIe siècle. Il étudie d’abord le Moyen Âge puis se concentre sur ce qu'il appelle “l'âge classique", qui va de la fin du XVIe siècle jusqu'à la fin du XVIIIe. Il soutient que la folie a, au cours de cette période, été considérée comme un phénomène particulier nécessitant à la fois des connaissances médicales et des remèdes spécifiques.
Dans le chapitre 1, Foucault revient en guise d’introduction sur la période du Moyen-Âge. Il commence par décrire l'émergence des léproseries, qui étaient des lieux utilisés pour séparer et isoler la maladie du reste de la société. Le confinement de ce qui était alors perçu comme une menace pour l'ordre social s'est poursuivi à la Renaissance et à l'époque classique, mais le public concerné a changé. Lorsque la lèpre a peu à peu disparu, les maisons ont été réaffectées à l'enfermement des personnes considérées comme folles. D’abord obsédée par la menace que représenterait la lèpre, la société s’est ensuite concentrée sur la folie.
Le chapitre 2 poursuit cette discussion sur la folie pour examiner ce que Foucault appelle le "grand renfermement" de l'âge classique, qui a débuté avec la création de l'Hôpital général de Paris en 1657. Il ne s'agissait pas d'un "hôpital” au sens moderne du terme mais d'une prison destinée à enfermer les nombreuses personnes considérées comme une menace pour l'ordre social. Les pauvres, les criminels et les fous faisaient partie d’une seule et même catégorie de personne, la “déraison”. Pour Foucault, l’objectif premier était surtout d’enfermer les pauvres. La pauvreté était en effet davantage considérée comme un défaut moral que comme le résultat des faiblesses de l’économie et de la société elle-même. Les fous, comme les pauvres, étaient examinés sous l’angle de l’éthique sociale, car les deux catégories de personnes ne produisaient pas de richesses et n’apportaient rien à la société.
Cependant, comme l'explique Foucault dans les chapitres 3 à 5, la folie a peu à peu été considérée comme un problème distinct. Cela s'explique en partie par l’accroissement de l’intérêt scientifique et philosophique porté aux différents types de folie, comme la manie, la mélancolie, l'hystérie et l'hypocondrie. La folie était auparavant considérée comme un problème physique causé par une accumulation d' “humeurs” ou de fluides puis, au cours de l’âge classique, elle fut analysée non plus sous le prisme de la physiologie mais sous celui de la psychologie. On commença alors à considérer la folie comme un problème mental, parfois causé par un sentiment de culpabilité dû à une mauvaise action. Foucault décrit dans le chapitre 6 la façon dont cela a conduit à de nouveaux types de "remèdes". Pour que les personnes concernées retrouvent la raison, on leur demandait de se confronter à leurs échecs personnels.
Dans les chapitres 7 et 8, Foucault soutient qu'à mesure que la connaissance de la folie se développait, il apparaissait de moins en moins logique que les fous soient enfermés aux côtés des pauvres et des criminels, comme les mêmes membres d’une seule catégorie de la “déraison”. Cela n’était pas fait pour protéger les fous des criminels, mais pour protéger le reste de la société des fous, dont on pensait qu’ils étaient atteints d’une maladie grave et possiblement contagieuse.
Foucault étudie dans le chapitre 9 la création d'un nouveau type d'enfermement, exclusivement réservé aux fous. Ils devaient alors être enfermés dans des asiles plutôt que dans des prisons pour que l’on puisse étudier et traiter leur problème psychologique. Foucault conclut son étude par une analyse des travaux de deux concepteurs d’asiles, l’anglais Samuel Tuke et le français Philippe Pinel. Les deux hommes ont en commun de valoriser le "personnage médical", ou médecin. Celui-ci est censé être l'autorité ultime de l'asile et est chargé de guérir les patients. Dans ce nouveau paradigme, l'expert médical remplace l’expert judiciaire, le gardien de prison ou de léproserie.