Le style littéraire de Kafka est si caractérisé par l’absurdité que l’on a inventé le mot « kafkaïen » pour désigner une situation de la vie quotidienne si étrange qu’elle pourrait être tirée d’un livre de Kafka.
Ce mot, désormais entré dans le langage courant, est souvent utilisé pour dépeindre des milieux bureaucratiques, tentaculaires et oppressants comme ceux dans lesquels évoluent les personnages de Kafka, qui sont à la fois des victimes et des parties intégrantes de ce système.
Dans sa nouvelle Poséidon, Kafka fournit un parfait exemple de ce schéma narratif. Poséidon, le dieu grec de la mer, est si occupé à remplir des formulaires administratifs pour la gestion des océans qu’il n’a lui-même jamais l’occasion d’aller nager. Bien qu’il soit le dieu de l’eau, il est comme tout le monde subordonné au système bureaucratique. On se demande à qui il peut bien remettre ces formulaires puisqu’il est censé occupé la position hiérarchique la plus élevée. Pour certains auteurs, une situation kafkaïenne se caractérise par son manque de logique. Par exemple, attendre durant des heures pour déposer un formulaire n’est pas kafkaïen. En revanche, il est kafkaïen d’attendre durant des heures pour déposer un formulaire avant d’apprendre que personne n’est habilité à le récupérer.