Le Procès

Le Procès Résumé et Analyse

Par un jour de neige, alors qu’il se trouve à son bureau, K. se sent fatigué et n'arrive pas à penser à autre chose qu’à son dossier et à la meilleure défense à adopter. Il se dit que Huld ne l'a pas vraiment aidé car il n’a fait que l’abreuver de propos inutiles et ennuyeux, tout en l’assurant de son expérience dans ce domaine Il aura au moins servi à lui apprendre que le tribunal tolère à peine les avocats de la défense et souhaiterait même s’en débarrasser complètement, c’est pourquoi il ne leur donne accès qu’à une vieille pièce décrépie du Palais de justice, où le plancher est en si mauvais état qu’un pied ou deux passent parfois à travers. Le tribunal préfère garder les procédures secrètes tant pour le public que pour les accusés, ce qui explique que les relations de Huld avec les hauts fonctionnaires soient si importantes.

Huld lui a conseillé de ne pas attirer l’attention des fonctionnaires ni de s’épuiser à tenter de faire trembler un système aussi immuable et impassible que le tribunal. Il a aussi comparé les fonctionnaires à des enfants vulnérables et susceptibles, qui en veulent déjà à K. depuis sa première audience. L’avocat lui a cependant assuré que des progrès avaient été réalisés dans les pourparlers avec les fonctionnaires, sans vouloir cependant en révéler la teneur exacte. Durant ses entretiens avec Huld, K. a été distrait par Leni qui est venue servir du thé et a discrètement touché la main de K.

K. est convaincu qu'il doit prendre les choses en main. Si cela ne tenait qu’à lui, il pourrait ignorer le procès, mais sa famille est maintenant impliquée et l'attitude de Mlle Bürstner à son égard a changé depuis que tout cela a commencé. Il est donc obligé de se battre, et commence par licencier Huld. Il décide de tout faire pour défendre ses droits, contrairement aux accusés déprimés auxquels le tribunal est habitué. K. décide donc que son mémoire doit contenir les moindres détails de sa vie et est contraint de l’écrire la nuit, car il brigue un poste plus élevé à la banque et travaille d’arrache-pied toute la journée.

K. se rend soudain compte que cela fait deux heures qu’il rêvasse et deux clients importants de la banque l'attendent. Il rencontre le propriétaire d’une usine mais ne prête pas réellement attention à ce qu’il dit. Le directeur adjoint de la banque intervient et interrompt la conversation puis lui et le directeur de l’usine quittent le bureau de K., qui est bien content d’être seul. Rêveur, il regarde la neige tomber dehors et se demande ce qui cloche chez lui. Il réalise ensuite que le fait d’assurer seul sa défense va constituer un frein pour sa carrière, ce qui lui fait se demander s’il ne ferait pas mieux de demander un congé sabbatique. Le propriétaire de l'usine revient dans son bureau et raconte à K. qu’un peintre nommé Titorelli lui a parlé de son procès. Le client suggère que le peintre pourrait l’aider et remet à K. une lettre de recommandation.

K. raccompagne le propriétaire de l’usine vers la sortie et constate que trois hommes l’attendent. Il s'excuse et leur dit qu'il doit partir mais qu’ils pourront revenir le lendemain s’ils le souhaitent. Les hommes, étonnés, se regardent en silence tandis que K. boutonne sa veste. Le directeur adjoint entre dans le hall et propose de rencontrer ces messieurs à la place de K. Celui-ci prend un taxi pour aller rencontrer le peintre dont on lui a parlé et arrive dans un quartier encore plus pauvre que celui où se trouve le tribunal. Une fois entré dans l’immeuble délabré qu’on lui a indiqué, K. rencontre une adolescente bossue qui le conduit dans la chambre du peintre, sous les combles. Là, il trouve le peintre, Titorelli, qui lui dit qu’elle et les autres filles l’importunent sans cesse. K. se dit qu’il espère ne pas avoir à rester trop longtemps dans ce misérable petit studio.

K. engage la conversation sur un portrait au pastel d’un juge, dont Titorelli dit qu’il n’est pas réellement un juge suprême, seulement un haut fonctionnaire arrogant. Lorsque K. demande le nom du juge, Titorelli lui révèle qu'il sait que K. est à la recherche d’informations sur le tribunal et admet qu’il est un agent officieux du Palais. Titorelli savait que K. viendrait le voir, et lui demande s’il est innocent : K. répond évidemment à l’affirmative. Titorelli lui dit pourtant que les juges ne changent jamais d'avis. Les deux hommes entendent les filles à la porte crier à travers la porte : Titorelli commence par s’excuser puis dit que les filles seront également poursuivies, mais que de toute façon tout le monde sera poursuivi. Pourtant, il lui dit aussi qu’il peut faire en sorte que K. soit libéré, car si les juges sont indifférents aux arguments avancés dans une salle d’audience, ils peuvent être plus réceptifs lorsque l’audience a lieu en plus petit comité - par exemple dans son studio.

Selon Titorelli, il existe trois types d'acquittement : l'acquittement réel, l'acquittement apparent et un atermoiement illimité, c’est-à-dire une prolongation sans fin de la procédure. À sa connaissance, personne n’a jamais été réellement acquitté. Il propose d'écrire une déclaration affirmant l'innocence de K qu'il transmettra aux juges qu'il connaît, dont certains pourraient le croire, ce qui devrait lui permettre d’obtenir un acquittement apparent. Cela signifierait que K. pourrait être de nouveau arrêté à n’importe quel moment, mais que cela ne l’empêcherait pas d’obtenir un second acquittement apparent. Voyant que cette perspective ne réjouit pas K., Titorelli lui explique la troisième option. La prolongation de la procédure revient à faire en sorte que son dossier soit presque dormant. Pour ce faire, K doit être en contact permanent avec le juge qui examine son dossier et entretenir de bonnes relations avec lui. Cela lui éviterait de vivre dans la crainte d’une nouvelle arrestation. Dans tous les cas, K. doit se résoudre à l’idée qu’il ne sera jamais vraiment libre.

K. se lève pour partir et Titorelli conclut que les deux méthodes empêchent l'accusé d'être condamné. K. répond qu’elles empêchent surtout l’accusé d’être réellement acquitté. Avant de partir, K., qui pense devoir une faveur à Titorelli, lui achète une collection de vieux tableaux qui prenaient la poussière sous son lit. En sortant par une autre porte que celle par laquelle il est entré pour éviter de devoir tomber sur les filles, K. s’étonne d’apercevoir aperçoit des greffes. Titorelli, lui, s'étonne que K. soit si surpris : ne sait-il pas qu’il y a des greffes dans chaque grenier ? Un huissier de justice aide K. à porter les tableaux jusqu’à un taxi qui l’amène à la banque. K. cache les œuvres dans un tiroir, hors de la vue du directeur adjoint.

Analyse

Après plusieurs visites au chevet de Huld, K. se dit que sa plus-value est limitée. Des années d'expérience et une relation privilégiée avec les fonctionnaires de la cour ne signifient pas que Huld peut l’emporter face au système mais plutôt qu'il se conforme sagement à la bureaucratie du tribunal. Huld est donc une distraction de plus qui fait perdre son temps à K.

Comme d'autres personnages avant lui, Huld pense que K. s’acharne pour rien en essayant de résister au tribunal, et lui indique que même si les accusés étaient autorisés à voir les documents liés à leurs affaires, ils ne pourraient de toute façon pas les comprendre. Huld trahit ainsi sa condescendance envers les défendeurs et sa complicité avec les juges, qui refusent de révéler des détails importants des affaires. Huld compare le système judiciaire à une impitoyable machine à l’équilibre bien rodé mais délicat. La comparaison suggère que le tribunal est une entité à part entière et non un système créé et entretenu par des personnes qui auraient le pouvoir de le modifier. De cette manière, Huld renforce l'idée qu’il est vain de lutter face au tribunal, car même les personnes qui le dirigent n'ont pas le pouvoir d’infléchir le cours de son action.

Bien que Huld attribue au tribunal un statut quasi-divin, comme s'il s'agissait de quelque chose qui ne peut être corrompu par les humains, K. refuse d'accepter ses arguments. Il pense que la meilleure solution est de prendre les choses en main et de présenter au tribunal un récit détaillé de sa vie entière. Cependant, la perspective d'écrire ce rapport est décourageante, car cette charge de travail s’ajouterait à celle de son emploi à la banque, qui pâtit déjà de l’inquiétude de K pour son procès. La rêverie de K est interrompue par la proposition d’un de ses clients de le présenter à un peintre du tribunal.

K. est si impatient de rencontrer Titorelli qu'il délaisse ses clients et se rend directement chez le peintre. Cependant, K. est une nouvelle fois déçu par cette personne qui semble pouvoir l’aider mais dont la connaissance du tribunal s’avère limitée. Titorelli lui dit qu’il a hérité le poste de peintre de son père et qu’il n’est pour l’instant en contact qu’avec des fonctionnaires peu gradés et surtout peu loquaces.

Titorelli décrit les juges qu'il a peints comme arrogants et aussi susceptibles que des enfants. Il propose à K. de l’aider pour faire valoir son innocence, tout en reconnaissant qu’il est illusoire, voire impossible, d’espérer obtenir un véritable acquittement. D’autres options s'offrent à l'accusé, mais toutes impliquent de devoir tout faire pour plaire aux juges et surtout de rester dans un état d’incertitude et d’inquiétude permanent. K. éprouve le même sentiment d'inutilité qu'il a déjà rencontré avec d'autres personnes qu’ils pensaient être utiles mais qui sont en réalité complètement soumises à la bureaucratie du tribunal.