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En quoi Le procès est-il une parfaite illustration du terme « kafkaïen » ?
Le terme « kafkaïen » désigne le style caractéristique de Kafka, qui met souvent en scène un homme seul essayant d’échapper à une situation absurde et cauchemardesque. Le procès met effectivement en scène la tentative désespérée de Joseph K. de vaincre un système judiciaire incompréhensible qui l’accuse d’avoir commis un crime dont il ignore tout. Tout au long du roman, K. s’épuise à essayer de comprendre l’organisation bureaucratique du tribunal, qui lui permet de ne parler qu’à des fonctionnaires peu gradés, soumis à leur hiérarchie, et incapables d’influencer le cours de son procès. K. a beau essayer de percer les mystères de cette obscure bureaucratie, le système est imbattable. Malgré tous ses efforts, il finit par succomber à cette réalité si ténébreuse et opaque. K. finit par être exécuté, sans avoir jamais su ce qui lui était reproché.
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K. pense-t-il qu’il est coupable d’avoir commis un crime ?
Kafka raconte dans Le procès l’histoire de K., qui est poursuivi par un tribunal qui l’accuse d’avoir commis un crime. Pourtant, la nature exacte de ce crime ne sera jamais révélée, ni à K., ni au lecteur. Lors de son arrestation, K. refuse d’être accusé de quoique ce soit et conteste l’autorité de ce tribunal dont il n’a jamais entendu parler, alors même que tous les autres personnages semblent le connaître. Il décide de se battre pour prouver son innocence, bien décidé à remettre en cause tout le système bureaucratique de ce tribunal. Mais K. a beau œuvrer sans relâche, le tribunal sait se montrer convaincant. Surtout, il a la réputation de ne jamais changer d’avis une fois qu’il a décidé que quelqu’un était coupable. Que K. ait fait quelque chose de mal ou non, il est condamné à vivre la vie d’un présumé coupable. Il réalise peu à peu que ce procès lui prend toute son énergie et que cela l’affecte plus que de raison. Bien qu’il n’ait jamais cru être coupable d’un quelconque crime, il finit par accepter la situation et l’impossibilité de combattre le tribunal. Il finit par mourir, honteux, conscient que sa conviction d’être innocent ne pesait pas grand-chose face à l’autorité du tribunal.
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En quoi la parabole de l’aumônier est-elle applicable au procès de K. ?
L’aumônier que rencontre K. devant la cathédrale à la fin du roman récite une parabole (publiée séparément sous le nom de « Devant la loi »). Elle raconte l’histoire d’un homme qui passe la majeure partie de sa vie assis devant une porte, attendant de pouvoir la franchir pour pouvoir accéder à la Loi. Alors que l’homme se fait vieux et approche de la fin de sa vie, le garde posté devant la porte lui révèle que lui seul pouvait franchir la porte et qu’il est désormais trop tard pour le faire. Bien que cette parabole puisse faire l’objet de multiples interprétations, elle rejoint l’histoire de K. en ce qu’elle aborde le thème de la futilité. L’ironie situationnelle de la fin de la parabole montre que son attente était inutile, tout comme les efforts de K. pour combattre l’autorité du tribunal. Dans les deux cas, les deux hommes ne trouvent jamais de réponses à leurs questions. Tous deux meurent sans avoir pu comprendre quel était le sens de leur vie.
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En quoi Le procès peut-il être considéré comme une œuvre prémonitoire ?
Certains universitaires ont estimé que la bureaucratie oppressive et illogique décrite dans Le procès, qui détient un pouvoir de vie et de mort sur les individus, était prémonitoire de la montée du fascisme et du totalitarisme vingt ans après la mort de l’auteur. Cette description d’un système judiciaire oppressant et injuste semble correspondre à ce qui fut mis en place dans les régimes fascistes en Allemagne, à la différence près que les gouvernements étaient démocratiquement élus alors que le tribunal du Procès paraît sorti de nulle part. L’obligation de se soumettre aux ordres du tribunal et l’arrestation violente et inattendue d’un homme soupçonné d’un crime dont il ne connaît rien fait penser à la persécution des Juifs, des homosexuels, des gens du voyage, des personnes handicapés et des opposants politiques par le parti nazi allemand.
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Quel rôle joue l'idée de futilité dans Le procès ?
Le thème de la futilité joue un rôle central dans Le procès. Au fur et à mesure de l’histoire, K. voit ses tentatives d’influencer l’issue du procès échouer les unes après les autres. Son incapacité à obtenir le moindre progrès est aggravée par l’attitude des autres personnages qui lui répètent tous qu’il est vain de s’opposer au tribunal. Ainsi, les gardes qui viennent arrêter K. lui disent qu’ils n’ont aucune information sur les motifs de l’arrestation mais qu’il a tout intérêt à accepter son destin et ne pas contester son arrestation. De même, Titorelli dit à K. qu’aucun procès ne s’est jamais soldé par un acquittement. Leni, l’infirmière de Huld, tente de le convaincre de confesser son crime, alors même qu’il ignore ce qui lui est reproché. Le thème de la futilité se retrouve également dans la parabole du prêtre, qui raconte l’histoire d’un homme qui a attendu toute sa vie de pouvoir franchir la porte qui le mènera à la Loi, avant de découvrir qu’il était inutile d’attendre puisque le garde n’avait jamais eu l’intention de le laisser passer. Finalement, il semblerait que K., en acceptant de suivre ses bourreaux sans protester, accepte la futilité de sa propre existence.