Le Journal d'Anne Frank

Le Journal d'Anne Frank Métaphores et Comparaisons

"J’ai bien peur d’épuiser beaucoup trop vite mes réserves de raison"

Dès les premiers mois de vie dans l’Annexe, Anne comprend que la promiscuité influence beaucoup son état mental. Les gestes banals et les bruits anodins deviennent vite insupportables dans un espace clos où se côtoient tant de personnes. Anne essaie de contrôler son irritation, faisant appel au peu de patience qu’il lui reste, qu’elle compare aux réserves de nourriture dans l’Annexe : limitées et cruciales pour survivre.

" il peut grogner comme un chat en colère… j’aime mieux ne pas m’y frotter… "

À de nombreuses reprises, Anne reproche aux adultes de l’Annexe d’ignorer, voire de mépriser les opinions des plus jeunes. Anne regrette ainsi d’être écartée de certaines conversations et de ne pas être prise au sérieux, alors qu’elle est convaincue que " ne pas avoir d’opinion, ça n’existe pas ”. Ici, en décrivant une scène quotidienne — le déjeuner —, elle raconte à Kitty comment Monsieur Van Daan ne supporte pas la contradiction, persuadé qu’il a " l’opinion la plus juste, qu’il est le mieux renseigné ”.

" Je dois moi-même me tenir lieu de mère. Je me suis séparée d’eux, je navigue en solitaire et je verrai bien où j’accoste. "

Dans une tirade enflammée, Anne s’insurge contre sa mère. Elle a toujours accepté qu’elle et sa mère aient des caractères très différents, mais elle lui reproche sa froideur et son manque d’écoute. Anne critique également durement sa manière d’être, sa " négligence ” et son " esprit sarcastique ” : elle explique qu’elle attendait de sa mère qu’elle soit pour elle un modèle à suivre et qu’elle inspire du respect. Au contraire, affirme-t-elle, " je ne retrouve rien chez elle ”. Si, dans des lettres plus tardives, Anne, s’excusera des mots tenus et du manque d’amour qu’elle éprouve envers sa mère, elle ne reviendra toutefois jamais sur le fond de cette critique.

" Maintenant, le tableau de la famille idéale atteint la perfection. "

Anne évoque certaines scènes du quotidien qui semblent parfois échapper à la réalité de la guerre et de la vie dans la clandestinité. Ici, elle décrit ses parents, sa sœur et elle-même, réunis pour lire dans le calme du matin. Toutefois, elle insère dans ces descriptions des éléments qui montrent que la vie dans l’Annexe ne sera jamais normale : le lit affaissé, les traversins en guise de matelas, la toilette dans un récipient... Ces scènes montrent à nouveau la résilience des habitants de l’Annexe et leurs tentatives pour instaurer un rythme quotidien le plus normal qui soit.

" Ne m’en veux pas, ce n’est pas pour rien que j’ai la réputation d’être un paquet de contradictions ! "

Tout au long du journal, on note les brutaux changements d’humeur et d’opinion d’Anne sur la vie dans l’Annexe, ses relations avec les membres de sa famille, et sa perception d’elle-même. La vie hors de la société, l’enfermement et la promiscuité exacerbent les émotions qu’elle ressent et atteignent fortement sa santé mentale. Anne évoque avec Kitty ses moments de désespoir, ses accès de sanglots, mais aussi les moments de joie intense qu’elle peut ressentir parfois quelques instants plus tard, lorsqu’elle passe un moment avec Peter ou qu’elle aperçoit le ciel bleu dehors. Si ces états peuvent paraître contradictoires, ils illustrent surtout la complexité de l’esprit d’Anne et des sentiments qu’elle a pu éprouver en tant qu’adolescente, femme, juive, apatride, enfermée pendant plusieurs années.

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