" Depuis hier, quelque chose a changé pour moi ”, écrit Anne, et ce qui a changé, note-t-elle, c'est Peter. Il la regarde d'une nouvelle façon, " à ma grande joie ”. Anne est surprise car elle pensait que Peter était amoureux de Margot. Tous deux commencent à se confier l'un à l'autre. Peter explique qu'il a du mal à s'exprimer verbalement et qu'il a l'habitude de frapper les gens lorsqu'il est en colère. Il lui dit qu'il cachera ses origines juives une fois la guerre terminée, ce qui déçoit Anne.
Bientôt, Anne se met à chercher des excuses pour monter à l'étage où logent les Van Daan. Elle pleure lorsqu'elle n'a pas l'occasion de parler à Peter, tout en insistant sur le fait qu'elle n'est pas amoureuse de lui. Sa mère lui a interdit de le déranger mais elle se rend presque tous les matins dans le grenier où il travaille. Elle admet que " Au fond, du matin au soir, je ne fais rien d'autre que penser à Peter. ” et liste ce qu'ils ont en commun. Pour elle, Peter Van Daan et Peter Schiff " se sont fondus en un seul Peter, que j'aime et qui est bon, et que je veux uniquement pour moi seule. ”.
Un nouveau cambriolage a lieu : l'intrus disposait d'un passe-partout et n'a pas eu à forcer l'entrée. Il a été effrayé en entendant M. Van Daan. Les habitants de l'Annexe craignent encore plus d’être dénoncés.
Anne continue d'être frustrée par le comportement des adultes. Elle a l'impression que seul Peter lui apporte du réconfort. Ils passent beaucoup de temps ensemble et Anne se demande ce que Peter ressent pour elle. Elle admet que ses sentiments changent et deviennent plus romantiques. Les adultes remarquent leur rapprochement et Mme Van Daan taquine Anne en lui demandant si elle peut leur faire confiance.
Le 7 mars est une entrée importante du journal. Anne résume son opinion sur sa vie dans l’Annexe depuis qu’elle a dû s'y cacher. Elle a l'impression d'avoir réussi à surmonter de nombreuses difficultés émotionnelles pour devenir la jeune femme qu'elle est. Elle parle aussi de sa sœur d'une nouvelle manière, affirmant qu’elle n’a pas le détachement nécessaire pour des discussions profondes et qu'elle prend les choses trop au sérieux.
La vie dans l'Annexe continue d'être rude : les personnes qui leur vendaient des tickets de rationnement ont été arrêtées et la nourriture se fait rare. Presque tous leurs protecteurs sont malades. Pendant cette période difficile, Anne se languit de Peter et se demande si ses bavardages le dérangent. Elle note qu’heureusement, elle peut écrire ses sentiments dans son journal. Elle est contrariée par le fait que les autres membres de l'Annexe tentent de contrôler son comportement et de restreindre ses émotions, la traitant comme une enfant et oubliant que " moralement, nous sommes infiniment plus mûres que ne le sont généralement les autres jeunes filles de notre âge. ”.
Analyse
Dans cette partie du Journal, Anne retrouve, au travers de sa relation avec Peter, une partie de la vie qu'elle menait avant d'entrer dans la clandestinité. L'amour qu'elle lui porte, innocent et d'une naïveté touchante, fait écho à sa relation avec Helmut au début du livre. Il est rafraîchissant de vivre cette relation avec Anne. Le lecteur se rappelle qu'elle est, avant tout, une adolescente avec des préoccupations de son âge.
À bien des égards, il semble que cette relation soit également un soulagement pour Anne. Elle admet pleinement qu'elle a besoin de l'affection de quelqu’un, d’autant plus dans le contexte étouffant de l’Annexe. Ses sentiments se développent en partie car elle lutte contre l’isolement et la solitude qui la rongent dans cette vie d’enfermement. La solitude d'Anne et sa recherche désespérée d’un confident constituent des thèmes essentiels du Journal. Anne est devenue consciente d’elle-même et de ce qu’elle ressent depuis qu’elle a été forcée de se cacher dans l’Annexe.
Cette section est l’une des rares qui évoque le rapport de Peter et d’Anne à leur identité juive. Peter a manifestement beaucoup réfléchi à ce que signifie pour lui le fait d'être Juif ; la guerre le pousse à vouloir cacher sa judéité pour éviter les persécutions. Si Anne ne centre pas son identité autour du judaïsme, elle refuse toutefois de le dissimuler, considérant que ce serait faire preuve de malhonnêteté.