Résumé
Le 1er octobre, Anne raconte qu'elle a été terrifiée quand on a sonné à la porte – elle pensait que c'était la Gestapo. Elle a toujours peur qu’un chimiste, qui connaît le bâtiment, vienne inspecter l’Annexe. Anne est également effrayée par les nouvelles qu'elle a entendues de l'extérieur : de nombreux amis juifs des Frank ont été déportés. Avec ironie; Anne s’horrifie : “Beau peuple, les Allemands. Et dire que j'y appartenais!”.
Pour se distraire, Anne travaille son français et ses mathématiques. Elle en veut à Mme Van Daan de flirter avec son père et n'est pas satisfaite de sa relation avec sa mère. Elle et sa sœur s'entendent provisoirement bien et ont convenu de lire leurs journaux respectifs.
La nuit du 20 octobre, un menuisier vient remplir les extincteurs sur le palier en face de l'entrée de la porte de leur placard. Il frappe à leur porte. Les deux familles entendent alors la voix de M. Kugler, l'un de leurs protecteurs. Fin octobre, Anne s'inquiète pour son père. Il tombe malade et ne peut voir un médecin. Sa toux risque de les trahir. Anne remarque également que les adultes la considèrent comme plus mature.
Le 7 novembre, Anne raconte longuement une querelle qui l'a opposée à sa famille. Ses parents ont pris le parti de Margot lorsque Margot et Anne se sont disputées au sujet d'un livre. Anne écrit en pleurant qu'elle ressent d'autant plus la douleur du jugement de son père du fait du manque d’affection que sa mère éprouve envers elle. Une petite fête est organisée à l'occasion du seizième anniversaire de Peter. Anne est ravie car les deux familles ont accepté d'accueillir une huitième personne, Albert Dussel, un dentiste assez âgé. Il est ravi d'avoir une cachette, mais insiste pour attendre quelques jours avant de venir, le temps de régler ses comptes et de soigner quelques patients. Anne est impatiente mais le considère un peu ingrat.
Dussel finit par arriver. Il est très surpris de voir les Frank, qu’il pensait réfugiés en Suisse. Les habitants lui font visiter l’Annexe, pour laquelle les Van Daan ont rédigé une liste amusante de règles. Dussel partagera la chambre d'Anne tandis que Margot s'installera dans le lit de camp. Dussel est, comme le dit Anne, “une personne très bien”. Il lui fait part des nouvelles tragiques de l'extérieur : beaucoup de leurs amis ont été arrêtés et déportés par les Allemands. Anne se sent “moins que rien, en pensant à mes amies les plus chères, arrachées à leurs foyers et tombées dans cet enfer. (...) Pour la seule raison qu'ils sont juifs. ”. Les nouvelles apportées par Dussel apportent une certaine morosité, mais Anne décide qu’elle ne peut pas se morfondre ou s’énerver en permanence. Elle qualifie Dussel d’”éducateur on ne peut plus vieux jeu”.
Les habitants de l’Annexe souffrent pendant cette période de diverses pénuries, notamment d'électricité et de papier.
Analyse
Les déclarations d'Anne sur les Allemands montrent comment la guerre questionne les identités et les appartenances de chacun. Anne méprise les nazis mais est elle-même Allemande. Sa mère ne parle pas très bien le néerlandais parce qu'elle a passé la majeure partie de sa vie en Allemagne. Bien qu'Anne ait vécu aux Pays-Bas depuis l'âge de quatre ans et qu'elle se sente plus proche de ce pays, elle se débat avec ses origines. Elle tente d'y remédier en supprimant cette partie de son identité – étant devenue apatride depuis que les nazis ont déchu les Juifs allemands de leur nationalité, en 1941.
Le fait que toutes et tous craignent l’arrivée du chimiste dans le bâtiment soulève la question importante de la complicité au sein de la population. La collaboration des populations des territoires occupés avec les nazis est maintenant établie mais elle a longtemps été minimisée voire niée. Si le chimiste avait découvert l'Annexe, il aurait très bien pu livrer les Frank aux nazis en échange de sa propre sécurité. L’impossibilité de faire confiance à qui que ce soit est particulièrement déroutante pour Anne.
La plupart des entrées du Journal racontent des anecdotes relatives au quotidien : les querelles, l’ennui, la lassitude. Ces descriptions permettent aux lecteurs de mieux imaginer la vie d’Anne. Plusieurs thèmes se retrouvent dans les lettres : la peur d'Anne de voir leur cachette découverte, son immense sentiment de solitude, sa crainte que personne ne la comprenne jamais, et sa lutte pour réagir de manière constructive aux nouvelles de l'extérieur. Enfermée dans l'Annexe, Anne continue d'une certaine manière à vivre dans le cocon de l'innocence enfantine, partiellement isolée de la terreur qui règne à l'extérieur. C'est pourquoi elle déclare décider de mener sa vie aussi joyeusement que possible.