Le texte de Weber a d'abord été rédigé en 1904 sous la forme d'une série d'essais. Weber ayant incorporé des réponses aux critiques et retravaillé certaines de ses idées, son travail a évolué en un ouvrage plus cohérent au fil du temps. Le texte est centré sur une discussion de la période de la Réforme du XVIe siècle et examine quelle aurait été l’influence de cette période sur les valeurs capitalistes à l'époque de Weber. L'œuvre de ce dernier doit donc être contextualisée à la fois par l'époque de sa publication et par la période historique à laquelle elle s'intéresse. L'ouvrage de Weber a suscité de vives critiques et une importante confusion lorsqu'il a été publié pour la première fois sous forme de livre en 1905. Weber a ensuite révisé l'essai et ajouté de nombreuses notes de bas de pages explicatives pour sa réédition en 1920. Cependant, cela n'a pas résolu le fait que la thèse centrale du texte était controversée. À bien des égards, la controverse sur le texte était inévitable étant donné le sujet que Weber a choisi d'analyser. Le texte de Weber aborde un certain nombre de questions qui étaient particulièrement pertinentes à son époque. Ces dernières comprennent notamment les origines historiques du capitalisme, l'explication des influences religieuses dans la société et la direction que prenait l'humanité au début du XXe siècle. Toutes ces questions étaient au premier plan de la réflexion des chercheurs, et le texte de Weber a servi à contribuer à leurs continuelles conversations sur ces sujets.
Une grande partie de la controverse autour du texte de Weber provenait en particulier de la manière dont il répondait à Karl Marx. À l'époque de Weber, le Marxisme avait suscité un nouvel enthousiasme pour l'étude des origines du capitalisme industriel en Occident. Le Marxisme, un ensemble de théories développées par le célèbre socialiste allemand Karl Marx au milieu du XIXe siècle, expliquait la société moderne comme le résultat de la lutte des classes. Pour Marx, le capitalisme impliquait un conflit central entre les classes supérieures et inférieures. Il a appliqué une approche connue sous le nom de matérialisme historique, qui analysait les systèmes socio-économiques antérieurs comme un moyen d'expliquer les attitudes et les événements historiques. Selon cette méthode, Marx a conclu que le capitalisme moderne était voué à l'implosion lorsque la classe inférieure serait suffisamment frustrée de sa situation pour se rebeller. Weber était très familier avec le Marxisme, mais aussi très critique à son encontre. À bien des égards, son texte répond à la préoccupation de Marx quant au développement et l'avenir du capitalisme. Cependant, Weber exclu le matérialisme historique pour se concentrer sur la manière dont les croyances religieuses ont façonné les systèmes socio-économiques en premier lieu. En d'autres termes, à l’inverse de ce que fait Marx, Weber n'étudie pas les changements matérialistes, tels que les développements dans l'agriculture, le secteur bancaire, la technologie, le droit de la propriété privée. Ces questions permettent d'expliquer la structure du capitalisme, mais Weber veut également rendre compte de « l'esprit » qui motive les comportements capitalistes. Il souligne que certains systèmes de croyances ont formé cet « esprit », ou ensemble de valeurs, qui a motivé et en partie causé le développement du capitalisme. La thèse centrale de Weber était radicale à son époque car elle redéfinissait la relation entre la religion et le capitalisme. Tandis que le Marxisme considérait la religion comme une réponse aux misères du capitalisme et se concentrait uniquement sur les explications laïques du développement du capitalisme, Weber défendait l’idée selon laquelle certains aspects des croyances religieuses étaient responsables de la structuration des fondements de l’esprit capitaliste.
Weber pensait qu'à son époque, le luthéranisme était passé d'un mouvement radical à un mouvement vers l'illibéralisme. Lors de la Réforme, le luthéranisme avait été un mouvement révolutionnaire, qui encourageait une version plus personnelle et moins institutionnelle de la spiritualité et permettait de moins se fier à l'église. Dans son texte, Weber étudie le luthéranisme comme l'une des dénominations ayant contribué à l'esprit capitaliste. Cependant, Weber craint que l'influence Luthérienne en Allemagne ait encouragé un État puissant au détriment des libertés individuelles. Weber regrettait que l'Allemagne ait été influencée majoritairement par le luthéranisme et non par d'autres sectes protestantes, telles que le baptisme ou le calvinisme, qui, selon lui, contribuaient positivement à l'esprit capitaliste dans d'autres pays. Pour Weber, il était donc important de retracer la manière dont l'éthique religieuse façonnait les motivations d'une société capitaliste afin d'isoler certains problèmes qu'il voyait dans son propre pays. Il pensait également que ces éthiques religieuses pouvaient expliquer les succès qu'il observait dans d'autres pays. Par exemple, il admirait surtout le fait que l'Angleterre et l'Amérique aient été bâties avec l'esprit individualiste et l'accent mis sur le dur labeur qu'il analyse tout au long de « L'Éthique Protestante et l'Esprit du Capitalisme ». Selon Weber, ces valeurs proviennent principalement du protestantisme, et notamment du calvinisme, du puritanisme et du baptisme. Weber était également personnellement opposé à la tradition catholique en Allemagne, qu'il jugeait discriminatoire et injuste. Ceci est également cohérent avec l'analyse que l'on trouve tout au long de son livre, qui explique comment le catholicisme n'a pas été capable de susciter les types de valeurs que le protestantisme a apporté au capitalisme. En fait, Weber débute son texte en critiquant le catholicisme pour sa promotion de la stratification sociale, et continue à l'opposer défavorablement au protestantisme tout au long de son texte. Nombre des arguments qu'il avance à propos des différentes branches religieuses à l'époque de la Réforme peuvent également être reliés à son point de vue sur leur influence dans la société du XXe siècle.
Le texte de Weber a pu se répandre dans le monde anglophone grâce à l'économiste Frank Knight et au sociologue Talcott Parsons, qui ont travaillé à la traduction de l'ouvrage. Certains ont reproché à cette traduction de trop américaniser le texte de Weber, mais c'était aussi la première version qui a popularisé l'essai. Le texte a été accueilli très favorablement par les sociologues, tandis que les économistes et les historiens lui ont souvent reproché d'être trop flou ou de contenir une logique inexacte selon leurs disciplines. Les sociologues ont reconnu la valeur de l'interprétation unique du texte d'une manière différente, et ont apprécié qu'il ne fasse que des propositions provisoires, sans parvenir à des conclusions définitives. Au cours du XXe siècle, l'influence et la reconnaissance du texte se sont accrues, et il est devenu un best-seller au milieu du siècle. Aujourd'hui encore, il est considéré comme l'un des textes les plus influents de la sociologie moderne, et même comme l'une des œuvres théoriques les plus importantes du XXe siècle.