La question principale du texte de Weber est la suivante : comment l'éthique protestante a-t-elle influencé l’« esprit » du capitalisme ? Ce dilemme central répond aux débats culturels de l'époque de Weber. Il aide à définir et à expliquer sa culture du début du XXe siècle en retraçant l'influence de la pensée religieuse sur les valeurs capitalistes. Principalement, il présente un argument historique en faveur de l'importance de la religion dans la contribution à la culture capitaliste. En particulier, Weber se concentre sur l'éthique protestante traditionnelle et l’« esprit du capitalisme » moderne. Il définit cette éthique en expliquant en quoi les protestants différaient des catholiques. Parmi ces différences, les protestants pensaient que le fait de travailler dur devait être valorisé, en soi. Cela signifiait que les protestants étaient plus motivés que les catholiques à s'adonner à leurs professions séculières. Weber définit également l'« esprit du capitalisme » comme une motivation à travailler et à économiser de l'argent non pas pour survivre, mais pour réaliser des bénéfices. Tout au long de son texte, il montrera comment l'importante du labeur pour les protestants a contribué à façonner cette fixation capitaliste sur la génération du profit pour le profit.
L'argument capital de Weber soutient l’idée que l'esprit du capitalisme est une attitude qui considère le travail comme une fin en soi. Il pense que l'esprit capitaliste existe en opposition au traditionalisme, un système dans lequel les gens travaillaient juste assez dur pour s'en sortir. L'esprit capitaliste est différent car il motive les gens à travailler seulement parce qu'ils croient que le travail est important. Une personne animée par l'« esprit du capitalisme » ne trouve pas sa motivation dans la survie, mais plutôt dans la génération de profit. Ce type d'état d’esprit peut être observé dans sa forme la plus ancienne chez les protestants, même s'ils ne structuraient pas techniquement leur société selon ce que nous connaissons aujourd'hui comme un « système capitalisme». En d'autres termes, la forme de leur société n'était pas capitaliste, mais Weber défend l’idée que leur attitude l'était. Par exemple, les protestants rejetaient généralement toutes attitudes irrationnelles ne servant pas la gloire de Dieu, telles les dépenses excessives et toute forme d’abus de recherche du plaisir personnel ; le travailleur protestant s'attachait surtout à structurer sa vie autour d'un travail toujours plus rude.
Le texte de Weber passe d'un énoncé plus général de ces définitions à une discussion plus spécifique des différentes dénominations protestantes et de leurs croyances religieuses particulières. Il montre comment ces différents systèmes de croyance peuvent être reliés à l'esprit capitaliste de son époque. Par exemple, il discute de l'idée de prédestination telle qu'elle est définie par les calvinistes. Cette croyance définit que Dieu a déterminé le destin de chacun avant même qu'il ne commence sa vie sur terre. En conséquence, les calvinistes estimaient qu'ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes pour leur salut. Ainsi, cette croyance en la prédestination a donné aux calvinistes une attitude individualiste. Weber associe cet individualisme à une volonté de travailler dur et de réaliser un profit personnel. Bien entendu, cette fixation sur le profit allait également jouer un rôle important dans l'esprit capitaliste.
Weber établit un lien entre l'esprit du capitalisme et le concept protestant d'ascétisme, qu'il oppose à la conception catholique originale de l'ascétisme. En général, l'ascétisme fait référence à un type de vie strict et restrictif. Les protestants étaient connus pour ordonner leur vie entière de cette manière, tant dans les sphères séculières que religieuses, car ils croyaient qu'un style de vie soigneusement structuré était le plus agréable à Dieu. Les catholiques, quant à eux, appliquaient ce concept à leur vie religieuse uniquement. Par exemple, les moines étaient connus pour limiter leur vie en matière d'alcool, de nourriture, de sexe et de tout ce qui était considéré comme extravagant et créant de la tentation. En général, les catholiques pensent également que les bonnes actions devaient être accomplies principalement dans le but de compenser les mauvaises actions. A l’inverse, les protestants étaient plus réguliers dans leurs efforts pour travailler dur et faire de bonnes actions jour après jour, car ils pensaient que le salut d'une personne devait constamment être prouvé. Contrairement aux catholiques, les protestants ne pensaient pas qu'ils pouvaient se racheter pour une mauvaise action passée, ce qui les incitait à éviter ces mauvaises actions en premier lieu. La dichotomie entre l'application individuelle de cette éthique du travail par les catholiques et l'éthique du travail constante et collective des protestants est importante tout au long du texte. Weber oppose les catholiques aux protestants pour renforcer son argument selon lequel c'est l'éthique du travail protestante, en particulier, qui a contribué à façonner le capitalisme moderne.
L'analyse de Weber sur le calvinisme, le baptisme, le méthodisme, le piétisme et le puritanisme donne davantage de détails sur la manière dont l'ascétisme protestant est lié à l'esprit capitaliste. Avant tout, il souligne l'importance du calvinisme et du baptisme. Il s'agit des deux dénominations les plus distinctives, c'est-à-dire celles qui diffèrent le plus les unes des autres et qui, par conséquent, apportent les contributions les plus singulières et les plus importantes à l'esprit capitaliste. L’unicité des calvinistes vient du fait qu’ils croyaient en la prédestination. Cette croyance a conduit les calvinistes à travailler dur pour deux raisons quelque peu contradictoires. D'une part, ils avaient besoin de se distraire de la question du salut en s'occupant. D'autre part, ils devaient se prouver que Dieu les avait choisis, et ils pensaient que cela pouvait se manifester par le labeur opiniâtre et la chance qui en résultait. Ensemble, ces deux approches ont incité les calvinistes à être des travailleurs particulièrement dévoués. Les baptistes, quant à eux, ont apporté l'idée que la conscience d'une personne était un signe de Dieu. Cette croyance les a amenés à mettre en avant l'honnêteté dans leur éthique de travail. Selon Weber, la valeur du travail honnête continue d'exister parmi ceux qui ont l'esprit capitaliste aujourd'hui.
Weber conclut en notant que ce texte n'est qu'une étude préliminaire. Il demande que soit faite une analyse plus approfondie des croyances religieuses et de la manière dont elles ont contribué à la vie séculière. À son époque, l'étude de l'influence de la religion sur les activités laïques de la société n'était pas considérée comme une recherche sérieuse. Weber, cependant, estime que les explications spirituelles - comme celle qui lie la croyance des calvinistes en la prédestination à l'individualisme des capitalistes - ont beaucoup à offrir au domaine de l'éthique sociale. Son texte soutient l'idée que ces influences religieuses devraient être prises en compte parallèlement à une interprétation plus séculière ou matérielle de l'histoire.