Les gamètes
Ce qu'il est important de noter c’est que dans cette rencontre aucun des gamètes n’a de privilège sur l’autre : tous deux sacrifient leur individualité, l'œuf absorbe la totalité de leur substance.
De Beauvoir utilise l'image du gamète dans sa partie consacrée à la biologie pour aborder le processus biologique qui, selon de nombreux théoriciens, est à la base des relations générales entre les sexes. Pour certains, le fait qu'un ovule absorbe un spermatozoïde représente la passivité des femmes. Pour de Beauvoir, cependant, l'image de deux gamètes égaux est importante à garder à l'esprit. Elle estime que cela permet de voir qu'en réalité, biologiquement, ni les hommes ni les femmes ne sont supérieurs ou inférieurs l'un à l'autre.
La femme-objet
Privée de cet alter ego, la petite fille ne s'aliène pas dans une chose saisissable, ne se récupère pas : par là elle est conduite à se faire toute entière objet, à se poser comme l'Autre ; la question de savoir si elle s'est ou non comparée aux garçons est secondaire ; l’important c'est que, même non connue par elle, l'absence du pénis l'empêche de se rendre présente à elle-même en tant que sexe ; il en résultera maintes conséquences.
Selon de Beauvoir, les femmes se considèrent comme des objets parce qu'elles n'ont pas de phallus auquel elles peuvent s'identifier. Alors que les garçons considèrent leur pénis comme un objet dans lequel ils peuvent s'aliéner et s'identifier, les femmes considèrent donc leur être entier comme un objet. L'utilisation par de Beauvoir de cette image de la fille comme objet permet d'illustrer plus viscéralement pourquoi les femmes ont plus de difficultés à produire quelque chose de nouveau ou à sortir de leur propre expérience limitée.
L’histoire écrite par et pour les hommes
Si nous jetons un coup d'œil d’ensemble sur cette histoire, nous voyons s’en dégager plusieurs conclusions. Et d'abord celle-ci : toute l'histoire des femmes a été faite par les hommes.
De Beauvoir démontre que les hommes ont défini et façonné la situation des femmes dans la société. En contrôlant le récit de l'histoire de la position sociale des femmes, les hommes contrôlent également la façon dont les femmes se pensent et sont pensées.
L’hétaïre
je me servirai du mot d’hétaïre pour désigner toutes les femmes qui traitent, non leur corps seulement, leur personne entière comme un capital à exploiter. Leur attitude est très différente de celle d'un créateur qui se transcendant dans une œuvre dépasse le donné et fait appel en autrui à une liberté à qui il ouvre l'avenir ; l'hétaïre ne dévoile pas le monde, elle n'ouvre à la transcendance humaine aucun chemin : au contraire, elle cherche à la capter à son profit ; s'offrant au suffrage de ses admirateurs, elle ne renie pas cette féminité passive qui la voue à l'homme : elle la dote d'un pouvoir magique qui lui permet de prendre les mâles au piège de sa présence, et de s’en nourrir ; elle les engloutit avec elle dans l'immanence.
De Beauvoir compare l'hétaïre à la prostituée, car toutes deux utilisent leur corps pour obtenir une forme d’autonomie et de liberté. Cependant, l'hétaïre a une présence plus agressive ; elle ne se contente pas d'utiliser les hommes, elle s'en nourrit. De Beauvoir précise toutefois que l'hétaïre ne jouit pas encore d'une égalité avec les hommes et ne peut s'affirmer comme le ferait une femme vraiment indépendante.