Le Deuxième sexe

Le Deuxième sexe Résumé et Analyse

Résumé

Cette partie est la plus longue du volume et couvre les différents rôles possibles pour les femmes dans la société : femme mariée, mère, mondaine, prostituée, ou encore " vieille femme ”. Dans tous ces chapitres, de Beauvoir analyse la manière dont ces différents rôles affectent les femmes qui doivent y souscrire. Elle examine comment ces rôles diffèrent à travers l'histoire et la culture, comment les femmes s'adaptent à ces situations, et comment chaque rôle est façonné par les hommes et préjudiciable aux femmes.

Dans le premier chapitre de cette partie, de Beauvoir examine comment le mariage moderne perpétue certaines traditions oppressives. Elle caractérise son époque comme un moment de transition, dans lequel les femmes ont obtenu davantage de droits mais continuent de subir la domination masculine. Elle explique que le mariage reste inégal pour les femmes parce qu'il représente le seul moyen pour elles d'entrer dans la société et d'être en sécurité sur le plan économique. Les hommes ne subissent pas la même pression parce qu'ils peuvent travailler et vivre de manière indépendante. Les femmes sont toujours censées servir leur mari et s'occuper de la maison et des enfants, au lieu de poursuivre leurs propres objectifs. Les femmes ne peuvent interagir avec la société que par l'intermédiaire de leur maris et ne peuvent éprouver aucun sentiment d‘autonomie ou d'avenir qui leur soit propre. de Beauvoir ne blâme pas les femmes qui choisissent de se marier plutôt que de rester célibataires car elle sait que le mariage leur offre une plus grande stabilité économique et sociale.

De Beauvoir explique également que les femmes sont souvent en conflit avec l’institution du mariage parce qu'elle leur est à la fois bénéfique et néfaste, notamment en termes de sexualité. de Beauvoir aborde ici la question des viols conjugaux et de la violence sexuelle dans le mariage, au sein duquel les femmes sont souvent considérées comme des biens. L'amour et le mariage ne vont généralement pas de pair car le mariage est une institution oppressive et inégalitaire. Le mariage détruit l'érotisme en rendant la sexualité violente pour les femmes et restreinte pour les hommes. Pour compenser leur manque de liberté en dehors de la maison, de Beauvoir affirme que les femmes deviennent souvent dominatrices dans l'espace du foyer et se concentrent entièrement sur les tâches ménagères. Cependant, ce travail est largement dépourvu de sens car il ne contribue pas à la société. Tout au long de ce chapitre, de Beauvoir fait référence à Sophia Tolstoï, la femme de l’écrivain russe Léon Tolstoï, pour montrer comment les épouses d'hommes artistes sont réduites à une vie qui est à bien des égards à l'opposé de celle de leur mari.

Dans le chapitre suivant, de Beauvoir analyse comment la maternité continue de restreindre la liberté déjà limitée des femmes. Elle reconnaît que, pour les femmes, devenir mère signifie remplir ce que la société présente comme étant leur " devoir naturel ”. Toutefois, elle rappelle aux lecteurs que la vraie liberté vient justement du dépassement de ce qui est naturel. De Beauvoir discute de l'injustice qu'il y a pour les hommes à restreindre l'accès à l'avortement pour des raisons religieuses ou morales, tout en continuant à blâmer les femmes qui tombent enceintes accidentellement et à attendre d'elles qu'elles assument l'entière responsabilité de ces erreurs. Elle affirme également que les fausses couches et les grossesses traumatisantes sont liées au bien-être psychologique de la femme ; par exemple, si les femmes se sentent malheureuses dans leur mariage, elles sont plus susceptibles de faire une fausse couche. De Beauvoir soutient que les femmes éprouvent un sentiment ambivalent face à l'accouchement parce qu'il représente une nouvelle vie, mais aussi l'éventualité de leur propre mort. Elle explique également que la grossesse peut être épanouissante pour certaines femmes, mais fragilise leur santé mentale : la grossesse peut donner un objectif, un espoir temporaire, suivi d’une période d’abattement ou de dépression après l’accouchement.

Certaines femmes considèrent les enfants comme leur double, leur raison d'être. Mais lorsque les enfants grandissent, ils développent leur individualité et déçoivent souvent leur mère. La maternité peut être positive si les femmes l'abordent de manière saine et ne s'attendent pas à ce que leur amour soit réciproque. La relation entre les mères et les enfants est particulièrement compliquée pour les mères et les fils, car le fils d'une femme sera en mesure de la surpasser en termes d'éducation, de réussite et d'accès social. Les mères sont susceptibles d'essayer de contrôler et de limiter leurs fils, tout en considérant leurs filles comme leurs doubles et en entretenant avec elles des relations plus étroites. Le sexisme impacte donc aussi les relations mère-enfant.

Dans le chapitre suivant, de Beauvoir décrit comment le mariage limite les capacités des femmes à avoir un rôle dans la société. Elle affirme que les femmes ne peuvent qu’avoir une fonction de représentation. Elles s'expriment à travers des objets symboliques, conçus à destination des hommes. De Beauvoir soutient que les vêtements sont importants parce que les femmes sont essentiellement considérées comme des objets décoratifs. Cependant, de Beauvoir reconnaît que les femmes peuvent être plus authentiques dans leurs amitiés avec d'autres femmes. Néanmoins, même ces amitiés sont limitées, car les femmes vivent dans un monde masculin qui restreint leur capacité à échapper pleinement à l'emprise des hommes : ainsi, les femmes ressentent souvent une rivalité avec les autres femmes, puisqu'elles sont toutes en compétition pour l'attention des hommes.

Dans le chapitre suivant, de Beauvoir aborde le thème de la prostitution, qu’elle conçoit comme une réponse aux problèmes du mariage : opportunité de relations sexuelles plus " épanouissantes ” pour les hommes, opportunité d’indépendance économique pour les travailleuses du sexe. de Beauvoir aborde également le cas des femmes dont le statut social dépend uniquement de leur apparence, comme les stars de cinéma, qu’elle qualifie " d’hétaïre ”. La vie d'une hétaïre est une performance et reste donc insatisfaisante et inégale par rapport à la situation d'un homme.

Dans l’avant-dernier chapitre de cette partie, de Beauvoir décrit comment la vieillesse change les femmes. Elle affirme que la plupart des femmes craignent de vieillir parce que leur apparence détermine leur statut social. Toutefois, d'une certaine manière, la vieillesse permet aux femmes de jouir d'une plus grande liberté. Cette liberté arrive néanmoins tardivement, notamment en ce qui concerne les préférences sexuelles. de Beauvoir affirme qu'à cet âge, les femmes placent tous leurs espoirs dans leurs enfants et s'attendent à vivre à travers eux.

Dans le dernier chapitre, de Beauvoir résume l'impact de la situation sociale des femmes sur leur caractère. Elle affirme que la situation des femmes est restée largement la même tout au long de l'histoire : c’est une histoire de domination et d’inégalités. De Beauvoir pense que le caractère d'une femme est façonné par sa situation sociale. Elle décrit les défauts reprochés aux femmes : " médiocrité, petitesse, timidité, mesquinerie, paresse, frivolité ”. Cependant, elle explique que les femmes sont ainsi parce qu'elles doivent accepter l'autorité masculine, ce qui entraîne de nombreuses contradictions dans leur personnalité. La plupart de leurs défauts sont liés au fait que leurs opportunités sont très limitées : une grande partie du comportement féminin doit être interprétée comme une protestation contre l'ordre masculin. Les femmes se tournent souvent vers la religion pour trouver une certaine paix dans leur situation. De Beauvoir conclut en affirmant que les femmes tentent de justifier leur existence en croyant que leur position servile est en fait glorifiée par Dieu.

Analyse

Dans son premier chapitre, de Beauvoir utilise de nouveaux types de preuves pour étayer ses arguments. Elle s'appuie sur des enquêtes menées en Belgique pour prouver que les femmes prennent généralement l'initiative de se marier. C’est la première fois dans l’ouvrage qu’elle utilise des données quantitatives. Elle continue toutefois de faire référence à des scènes littéraires et à des incidents qui ont affecté ses amis. En incluant des données statistiques parmi des exemples concrets, de Beauvoir montre que ses arguments sont étayés par les deux types de preuves.

Le premier chapitre sur le mariage façonne le reste de cette section. De Beauvoir l'indique clairement dès le départ en faisant référence au mariage comme étant un facteur déterminant de la position des femmes dans la société. Dans tous les autres chapitres, de Beauvoir analyse comment le rôle d'une femme – en tant que mère, mondaine, prostituée ou femme âgée – est lié à l'institution du mariage. Les conclusions de chaque chapitre renvoient également au mariage. Par exemple, dans la conclusion de son chapitre sur la maternité, de Beauvoir déclare explicitement que " les rapports conjugaux, la vie ménagère, la maternité forment un ensemble dont tous les moments se commandent ”.

Dans son deuxième chapitre, de Beauvoir répète certaines conclusions problématiques sur l'homosexualité. Par exemple, elle affirme que certaines femmes sont tellement traumatisées par l'avortement qu'elles deviennent lesbiennes. Elle implique que l'homosexualité n’est qu’une réponse à des expériences de vie difficiles, par opposition à une orientation sexuelle naturelle et normale qui serait l'hétérosexualité. Sa caractérisation des fausses couches et des différents symptômes physiques de la grossesse n'est pas non plus scientifiquement fondée. Bien que le texte de Beauvoir ait été fondamental pour le féminisme de la deuxième vague, certains concepts ont été discrédités par les mouvements féministes suivants.

Lorsqu'elle aborde " le caractère ”, de Beauvoir parle à nouveau en termes généraux. Bien qu'elle reconnaisse que chaque femme est une personne unique, elle applique également des stéréotypes pour parler des femmes dans leur ensemble. de Beauvoir n'accepte toutefois pas ces stéréotypes comme étant valides ou exacts ; elle analyse plutôt comment ils en sont venus à exister en premier lieu.

Tout au long de cette section, de Beauvoir rappelle aux lecteurs certains thèmes et concepts clés. Par exemple, elle revient sur l'idée que les femmes sont perçues comme des objets pour construire son analyse de la position des femmes dans la société. En même temps, elle insiste sur le fait que c'est la situation sociale des femmes qui façonne leur caractère, et écrit sur les différentes façons dont ces situations sociales spécifiques affectent les femmes. Elle revient également sur l'idée de transcendance pour affirmer que le mariage empêche les femmes de se transcender de la même manière que les hommes. Enfin, elle termine la section en affirmant que les positions des femmes dans la société les obligent à trouver " la transcendance dans l'immanence ”, ce qui signifie qu'elles redéfinissent leurs positions serviles comme quelque chose d’admirable.