L'autre
De Beauvoir considère que la notion " d'autre ” est au cœur de ce qui définit l'identité des hommes et des femmes dans la société. Parce que les hommes se sont traditionnellement définis comme une force neutre, les femmes sont nécessairement définies par leur différence avec les hommes. Dans cette catégorisation, les hommes sont essentiels et indépendants, tandis que les femmes ne sont pas essentielles et ne sont qu'un objet par rapport aux hommes. De Beauvoir souligne également que les femmes se soumettent à leur tour à cette distinction, acceptant leur place en tant qu'élément non-essentiel de la société capitaliste. Elles doivent s’imaginer sans se référer aux hommes pour sortir de cette position imposée.
La transcendance vers l'être
De Beauvoir s'appuie sur les théories de Sartre dans L'Être et le néant pour expliquer que le cœur de l'existence humaine réside dans le désir qu'éprouve chaque être de transcender son moi en trouvant un sens à son existence. Ce désir de transcendance explique l'importance de la reproduction, qui offre un moyen de perpétuer notre existence par le biais de notre progéniture. Cependant, de Beauvoir prend soin de souligner que la transcendance peut être atteinte par d'autres moyens et que la reproduction n'est pas la seule activité transcendante dans laquelle l'homme peut s'engager. Ainsi, la sexualité n'est pas au cœur de notre identité et ne peut l’expliquer entièrement. Au contraire, les hommes et les femmes devraient être pris en compte dans leur quête de dépassement de l'individualité et de recherche d'un sens à l'extérieur de leur seul être.
Société contre liberté
Selon l'interprétation de l'histoire de Beauvoir, les femmes ont toujours dû choisir entre l'intégration dans la société et la liberté personnelle. Une femme mariée peut utiliser les ressources de son mari et jouir du respect de la société. Cependant, en s'intégrant à la société par le biais du mariage, elle doit également renoncer à de nombreux droits et libertés. En revanche, les prostituées, qui vivent plus en marge de la société et dont les droits étaient perpétuellement bafoués, obtenaient une plus grande indépendance – notamment économique – que les femmes mariées. De Beauvoir écrit que les femmes âgées acquièrent une certaine forme de liberté grâce à leur âge, ce qui les place hors du champ des attentes domestiques et sexuelles. Dans l'ensemble, les femmes sont soit des membres productifs de la société qui vivent aliénées, soit des membres non productifs et plus libres.
S'aliéner soi-même
De Beauvoir pense que les êtres humains ont tendance à s'aliéner dans un objet quelconque. Cela signifie que les individus s'identifient à quelque chose de différent d’eux-même afin de mieux se définir. Pour Freud, cette aliénation se produit à travers le pénis : les organes génitaux masculins apparaissent comme un objet autonome et séparé du corps, qui serait le symbole de la virilité. Freud considère par ailleurs que les organes génitaux féminins ne remplissent pas la même fonction car ils ne sont pas “ externes ”. Les femmes s’aliéneraient donc dans leur propre corps, lui-même traité comme un objet par la société.
Généralité contre individualité
De Beauvoir estime que les humains diffèrent des animaux parce qu'ils sont capables de rechercher un sens à leur existence au lieu de se contenter d’assurer la perpétuation de leur espèce. Cependant, elle explique que cette possibilité n’est offerte qu’aux hommes, encouragés à poursuivre un but plus élevé, à créer de nouvelles choses et à se concentrer sur leur propre personne. Les femmes, en revanche, sont poussées à se consacrer au bien général de l’espèce humaine, notamment au travers de la maternité et de la gestion du foyer. On attend d'elles qu'elles correspondent à des catégories générales : “ épouse ”, “ mère ”, “ femme au foyer ”, etc … Les hommes sont au contraire autorisés à exprimer leur individualité.
Prise sur la réalité
Selon de Beauvoir, les femmes ont tendance à avoir une prise plus faible sur la réalité, car leurs possibilités d’avenir sont restreintes par le sexisme. Les jeunes filles se tournent ainsi plus souvent vers la rêverie que les jeunes garçons, parce qu'elles savent que leurs rêves ne sont généralement pas réalisables. De Beauvoir considère que les femmes ont tendance à être plus idéalistes dans leurs relations amoureuses et dans leur approche de la vie parce qu'elles n'ont pas accès à l’ensemble des possibilités qui existent dans la société.
La mauvaise foi
La mauvaise foi est un concept existentialiste qui fait référence au refus d'une personne de faire face à la réalité. De Beauvoir s’y réfère tout au long de son livre afin d'expliquer les contradictions auxquelles les femmes sont confrontées. Les femmes indépendantes doivent croire qu'elles peuvent concilier leur autonomie et leur féminité. Les mères doivent croire qu'elles sont nécessaires, même lorsque leurs enfants grandissent et s’émancipent. Vivre dans cet état implique une tromperie constante sur soi-même.