Le Deuxième sexe

Le Deuxième sexe Une réinterprétation féministe de la philosophie existentialiste

Tout au long du Deuxième sexe, de Beauvoir s'inspire fortement de la philosophie existentialiste. Comprendre le contexte plus large de cette philosophie permet de mieux saisir la position de de Beauvoir et ses contributions à la théorie féministe. De Beauvoir s'écarte par ailleurs à plusieurs reprises de cette philosophie.

L'existentialisme est généralement associé à Jean-Paul Sartre, qui fut le partenaire de Simone de Beauvoir et l'une de ses sources d'inspiration. Dans son analyse du Deuxième sexe, Dorothy Kaufmann McCall souligne que les termes " immanence ” et " transcendance ” proviennent de l'ouvrage de Sartre, L'Être et le néant. Elle explique que l'immanence fait référence aux aspects de l'existence humaine qui sont garantis et passifs, alors que la véritable liberté réside dans une sorte de transcendance qui conduit une personne au-delà de ce qui lui est garanti, vers un projet qui apporte quelque chose de nouveau et de créatif au monde. L'existentialisme s'attache à comprendre le but de la vie humaine. L'un de ses principaux postulats est qu'il n'y a pas de Dieu ; les êtres humains se définissent et sont définis les uns par les autres, par opposition à une sorte de dessein divin. En d'autres termes, il n'y a pas de " sujet ” unique, mais chacun peut être sujet ou objet selon sa position sociale.

Ces idées ont clairement façonné de nombreuses hypothèses de Simone de Beauvoir. Comme Sartre, elle part du principe qu'il n'y a pas de Dieu et que les humains se définissent les uns les autres. Cependant, McCall souligne que de Beauvoir réinterprète ces idées dans un contexte féministe ; elle affirme que les hommes se définissent comme des sujets et considèrent généralement les femmes comme des objets. Dans l'interprétation de De Beauvoir, être un sujet ou un objet ne dépend pas de l'individu, mais est défini en fonction du genre. De Beauvoir explique que les femmes ont toujours été définies par les hommes et que les hommes les ont toujours placées à l'extérieur de la société. Ainsi, les femmes sont toujours restées une forme d’ “ Autre ” ou d’objet, quels que soient les droits qui leur ont été accordés. Selon la philosophie existentialiste, les humains ont tendance à vouloir dominer, contrôler et créer le monde. Cependant, selon de Beauvoir, ce sont les hommes qui ont pu le faire aux dépens des femmes grâce à leurs avantages physiques et sociaux.

McCall souligne que la philosophie de Sartre peut elle-même être considérée comme féministe ou non, selon le point de vue de chacun. Son objectif principal est d'établir comment l'être humain peut trouver la liberté. Sartre pense que cette liberté réside dans la domination et le dépassement de la nature. Cela pourrait signifier que Sartre ne croit pas en une soi-disant infériorité féminine naturelle, puisqu’il rejette le concept d'une quelconque " nature humaine ”. Mais on peut aussi interpréter cela comme signifiant que les femmes sont moins libres et moins pleinement humaines que les hommes parce qu'elles tendent à exercer des activités plus " naturelles ” dans des positions moins dominantes. De Beauvoir interprète cette conception en assurant que les femmes peuvent également être libres si on leur donne la possibilité d'être plus productives et plus créatives dans la société.

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