Résumé
Dans le premier chapitre de cette partie, de Beauvoir présente ses principales théories sur la mystification des femmes par les hommes. Elle commence par rappeler que les hommes ont commencé par établir les femmes comme étant des “ Autres ” afin de les assujettir économiquement et d’affirmer leur domination. De Beauvoir affirme que cette ostracisation correspond aux " prétentions ontologiques et morales ” des hommes. Elle explique ensuite son approche philosophique : les êtres humains tentent constamment de faire leurs preuves afin de trouver le sens de leur existence. Les hommes se tournent vers les femmes pour résoudre certaines de leurs difficultés dans cette quête parce qu’ils les considèrent ni comme leurs pairs, ni comme des êtres totalement étrangers.
De Beauvoir explique que la conception et la définition de ce que signifie être une femme varient selon les cultures. Dans les pays capitalistes riches, les femmes sont idolâtrées et ostracisées car les hommes n'ont pas d'autres combats à mener pour donner un sens à leur vie. Dans les pays socialistes, les femmes sont considérées comme des êtres humains. Néanmoins, dans toutes les sociétés, les hommes relient les femmes à la nature, considérant qu’elles représentent à la fois la vie et la mort : les hommes projettent leur propre mortalité sur les femmes. De Beauvoir considère par exemple que les hommes sont dégoûtés par les menstruations car, en représentant la fertilité, elles rappellent aussi la mortalité humaine. Les religions dans lesquelles la mortalité est célébrée ont tendance à moins craindre les femmes.
Les hommes sont également partagés entre la peur et le désir des femmes. Cette ambivalence se reflète dans le concept de virginité : dans certaines cultures, elle est vilipendée parce qu'elle représente la séparation des femmes d'avec les hommes, mais dans d'autres, elle est vénérée parce qu'elle représente leur capacité à " n'appartenir ” qu'à un seul homme. En voulant qu’une femme leur appartienne, les hommes entendent métaphoriquement soumettre la nature.
de Beauvoir examine également les représentations littéraires des femmes pour montrer comment les hommes les mystifient. Dans l'art, les femmes sont souvent célébrées précisément parce qu'elles sont représentées comme un Autre mystérieux. Elles sont souvent décrites comme des muses auxquelles on dénie toute capacité créatrice ou artistique : elles servent simplement d'inspiration. Les hommes apprécient également les femmes en tant que public de leur art parce qu'ils ne les considèrent pas comme des pairs, mais plutôt comme un Autre qui est juste assez séparé du monde pour le voir plus objectivement qu'eux.
Dans le deuxième chapitre de la troisième partie, de Beauvoir analyse les œuvres de plusieurs écrivains pour identifier leur tendance à mystifier et ostraciser les femmes. La seule exception à cette liste – qui comprend Montherlant, D. H. Lawrence, Claudel et Breton – est Stendhal, à qui de Beauvoir attribue le mérite d'avoir dépeint les femmes comme des êtres humains. Elle note que la majorité de ces auteurs attend des femmes qu'elles fassent preuve d'un altruisme qui n'est pas exigé des hommes.
Dans le troisième chapitre de la section, de Beauvoir examine comment ces représentations affectent la vie quotidienne des femmes. Elle définit la différence entre les mythes et la réalité concrète. Dans la réalité, les femmes ne peuvent pas être catégorisées et exemplifiées en une idée ou un principe. Les mythes ont au contraire une fonction essentialiste. Le lien mythifié que font les hommes entre les femmes et la nature leur permet d'expliquer une grande partie des souffrances féminines comme quelque chose de naturel et d'impossible à changer. Le mythe du “ mystère féminin ” permet aux hommes de croire que les femmes sont impossibles à comprendre et d’ignorer leurs difficultés spécifiques, au lieu de chercher à accepter ce qu'ils ne comprennent pas.
De Beauvoir explique enfin que les femmes ont appris à être mystérieuses pour se protéger. Elle fait l'éloge des auteurs qui écrivent sur les femmes sans mystère et souligne que cela ne rend pas leur travail moins convaincant : au contraire, une telle démarche permet d’ancrer les expériences humaines dans la réalité.
Analyse
De Beauvoir commence le premier chapitre de cette section sur une note plus philosophique. Elle établit le cadre théorique de son analyse du féminisme et de la condition sociale des femmes, utilisant un langage plus général et un vocabulaire théorique. Par exemple, elle utilise des expressions telles que " tragédie de la conscience malheureuse ” et " retournement dialectique ”. Sa terminologie et la structure de ses phrases deviennent plus complexes.
Tout au long du premier chapitre, de Beauvoir analyse plusieurs extraits littéraires afin d’illustrer comment les femmes sont représentées en tant qu'Autre. Comme dans la section précédente, elle utilise de nombreux exemples pour étayer ses arguments. de Beauvoir examine les mots utilisés par les écrivains et la construction de leurs phrases pour montrer la mythification des femmes effectuées dans la littérature. Cette analyse apprend également au lecteur comment lire un texte de manière critique.
Dans le deuxième chapitre, de Beauvoir ne présente pas sa propre théorie mais se concentre plutôt sur l’analyse des œuvres de certains écrivains qui ont écrit sur les femmes. Elle adopte souvent la voix de l'auteur qu'elle décrit, se distanciant de la terminologie philosophique du premier chapitre. Son ton devient également plus critique et plus direct. Elle écrit par exemple que " Montherlant veut la femme méprisable ”.
De Beauvoir conclut cette partie en replaçant les auteurs qu’elle a évoqués dans un contexte plus large. Elle réduit chaque auteur au seul facteur dans lequel il situe la transcendance. Ainsi, par exemple, elle associe Lawrence au phallus et Claudel à Dieu. Cela permet de transmettre le message de Beauvoir selon lequel ces auteurs sont réducteurs dans leur traitement des femmes. Tout comme ils essentialisent les femmes, elle réduit ces auteurs à ce seul symbole.