Le Deuxième sexe

Le Deuxième sexe Résumé et Analyse

Résumé

Dans le premier chapitre de cette section, de Beauvoir tient pour acquise sa conclusion précédente, à savoir que lorsqu’un groupe social a un avantage sur un autre, ce groupe utilise cet avantage pour dominer l’autre. Elle examine maintenant comment les hommes ont pu acquérir l'avantage historique nécessaire pour imposer leur domination aux femmes. Elle admet que les informations ethnologiques sur les sociétés humaines primitives sont limitées et qu'il est difficile de tirer des conclusions certaines. Toutefois, elle avance que l'équilibre entre la production masculine et la reproduction féminine n'a pas conduit naturellement à la domination de l'un sur l'autre, puisque les deux avaient la même valeur pour la société. C'est plutôt parce que l'humanité ne cherche pas seulement à survivre, mais plutôt à se dépasser, que les hommes ont fini par établir leur domination. C'est là le cœur de la perspective existentielle de de Beauvoir sur la dynamique entre les hommes et les femmes.

Selon de Beauvoir, ce n'est qu'en dépassant la condition animale que l'être humain peut trouver un sens à son existence – en définissant sa propre humanité comme distincte de l'existence des animaux. La procréation implique une simple soumission à la nécessité biologique, que les animaux peuvent accomplir. Cependant, le rôle des humains dans l'invention de nouvelles choses et l'affirmation de leur pouvoir sur leur environnement dépasse les capacités des animaux. De Beauvoir affirme que ce n'est qu'en risquant sa vie dans des expéditions dangereuses, comme les tâches de chasse attribuées aux hommes, que l'humain peut s'élever au-dessus des animaux. Leurs activités créent des valeurs fondamentales pour la société.

Dans le chapitre suivant, de Beauvoir se penche sur les sociétés primitives et leur valorisation des femmes afin de réfuter certains mythes. Elle décrit la création d’institutions, qui n'a commencé que lorsque les humains se sont sédentarisés. Elle explique également que certaines sociétés vénéraient le rôle des femmes dans la production d'une nouvelle vie. Cependant, elle affirme que même dans ces sociétés, les femmes étaient toujours considérées comme des " autres ” : elles étaient vénérées non pas comme des paires, mais comme des êtres hors de la société humaine.

De Beauvoir explique ainsi que la société a toujours été centrée sur les hommes, considérés comme un être de référence neutre et universel. Les femmes sont toujours définies par rapport aux hommes. Une fois que l'agriculture a cédé la place au travail créatif, les hommes ont pu reprendre le contrôle des enfants et des récoltes, et les femmes ont perdu tout le pouvoir qu'elles avaient pu avoir en tant qu'idoles vénérées pour leurs fonctions reproductrices.

Dans le troisième chapitre, de Beauvoir lie le rôle des femmes à la propriété privée et à l'héritage. Elle explique qu’avec l’avènement de la propriété privée, les hommes ont juridiquement défini les femmes comme des biens et valorisé la fidélité sexuelle. Si une femme n'était pas vierge ou fidèle à son mari, la capacité de ce dernier à transmettre ses biens à ses propres enfants était menacée. Si cette conception est présente dans de nombreuses cultures et religions, toutes les sociétés n'avaient pas les mêmes règles ; par exemple, en Égypte, les femmes pouvaient conserver un statut social égal lorsqu'elles se mariaient. Toutefois, dans la majorité des sociétés, l’ancrage d’une femme dans les structures sociales – comme le mariage – restreint sa liberté. Ce n'est qu'en se maintenant à la périphérie de la société – par le biais de professions marginales comme le travail du sexe – que les femmes échappent à leur statut de bien, même si elles doivent pour cela sacrifier leur richesse et leur confort. De Beauvoir termine le chapitre en examinant la situation des femmes dans la Rome antique : elles jouissaient d'une indépendance économique mais n'avaient pas de pouvoir politique. Elles constituent donc un exemple de fausse émancipation car, bien qu'elles soient économiquement libres, elles n'ont toujours pas les moyens de contester la domination masculine.

Dans son quatrième chapitre, de Beauvoir examine le rôle du christianisme dans le façonnement de la position des femmes dans la société. Elle analyse la diabolisation de la sexualité par le christianisme comme la racine des discriminations sexistes : dans la religion chrétienne, les femmes représentent la tentation, le péché. Elle décrit également les traditions germaniques dans lesquelles les femmes sont respectées et bien traitées par la loi tant qu'elles restent la propriété de l'homme et renoncent à leurs droits individuels. Elle démonte également le mythe selon lequel “ l'amour courtois ” a amélioré la situation des femmes : au contraire, les poètes renforcent les stéréotypes de genre en qualifiant les femmes de paresseuses, de coquettes et de pécheresses.

Néanmoins, au fil du temps, la position des femmes privilégiées a évolué. À la Renaissance, l'individualisme a été célébré par les hommes et les femmes. Les femmes pouvaient participer à des activités intellectuelles, parrainer les arts ou diriger leurs propres salons. Toutefois, elles n'étaient pas autorisées à avoir un rôle plus politique. Ces activités sont par ailleurs réservées aux femmes blanches et bourgeoises. Dans l'ensemble, de Beauvoir conclut que les idéaux démocratiques et individualistes du XVIIIème siècle ont quelque peu favorisé la position des femmes dans la société.

Dans son cinquième chapitre, de Beauvoir souligne que la Révolution française n'a pas réellement changé le sort des femmes. Cette Révolution était dirigée par des hommes et axée sur les valeurs bourgeoises, laissant de côté les femmes de la classe ouvrière. Dans la phase anarchique de la révolution, les femmes jouissaient d'une certaine liberté, mais celle-ci a pris fin avec le Code Napoléon, qui a réduit à nouveau le rôle des femmes à celui d’épouse et de mère. Les mouvements réformateurs du XIXème siècle, revendiquant plus de justice sociale, ont commencé à reconnaître les effets genrés de l’exploitation capitaliste.

De Beauvoir se penche également sur le dilemme de l'équilibre entre le travail reproductif et le travail productif. La fertilité des femmes a toujours été contrôlée par les institutions étatiques et religieuses au cours de l'histoire. La morale chrétienne a fait de l'avortement un crime, ce qui a encore plus confiné les femmes à leur rôle reproducteur. Au XIXème siècle, l’accès à l’emploi et l’émergence de droits reproductifs ont marqué un avancement timide vers plus d’égalité. Néanmoins, le mouvement féministe a progressé lentement, notamment en raison des différences de classe sociale entre les femmes concernées et de la marginalisation des femmes pauvres. De Beauvoir pense donc que le féminisme a fait ses plus grands progrès en Russie soviétique parce que ces divisions de classe ont également été abordées.

En conclusion, de Beauvoir souligne que les mouvements féministes ne sont pas autonomes mais ont été influencés par la politique et le contexte social. Elle condamne les fausses conclusions – par ailleurs contradictoires – de l'antiféminisme sur l'histoire selon lesquelles " les femmes n'ont jamais rien créé de grand ” et “ la situation de la femme n'a jamais empêché l’épanouissement de grandes personnalités féminines. ”. De Beauvoir réaffirme que les femmes ont besoin à la fois de droits abstraits et de possibilités concrètes pour jouir d'une véritable liberté de création. Si le mariage apporte une charge de travail supplémentaire aux femmes, il représente toujours le meilleur moyen pour elles d’améliorer leur situation ; les femmes se tournent donc vers le mariage plutôt que de progresser dans leur carrière, perpétuant ainsi le cycle de la main-d'œuvre féminine moins qualifiée. Les femmes doivent donc fournir un " effort moral ” plus important dans leur voie d'accès à l'indépendance que les hommes.

Analyse

De Beauvoir commence cette section par une déclaration. Elle écrit que “ Ce monde a toujours appartenu aux mâles : aucune des raisons qu’on en a proposées ne nous ont paru suffisantes. ”. Une fois de plus, elle réitère sa thèse centrale selon laquelle les hommes ont contrôlé les récits des femmes. Dans cette section, elle adopte une position plus ferme à l'égard des explications précédentes de la dynamique des genres. Alors que sa première section envisageait d'autres théories pour justifier les soi-disant différences entre les genres, cette section expose la lecture personnelle de l’histoire que fait l’autrice.

Dans cette section, de Beauvoir inclut également de nombreuses références historiques, analysant le traitement des femmes à travers les cultures et les époques. Elle fournit des exemples détaillés de la Rome antique, de l'Égypte et de la Grèce afin d'étayer son hypothèse selon laquelle le fait de vivre en marge de la société équivaut historiquement à un pouvoir plus abstrait pour les femmes. Ces exemples constituent une contribution importante à la théorie féministe, car ils diffèrent de ceux des autres théoriciens.

De plus, les exemples historiques choisis par de Beauvoir permettent d'illustrer les ambiguïtés et les nuances de la place des femmes dans l'histoire. Ces exemples variés montrent que la situation des femmes n'est pas la même selon les lieux et les époques. Par exemple, elle évoque les déesses-mères en Égypte qui conservaient leur statut après le mariage, ainsi que la prostitution d'accueil en Grèce. Ces détails empêchent de Beauvoir de faire des suppositions qui sembleraient trop générales ou infondées. Cela lui permet de suivre son propre conseil de ne pas simplifier ou essentialiser la condition des femmes, comme l'ont fait des théoriciens tels que Freud et Hegel.

Dans son dernier chapitre, de Beauvoir conclut la section en retraçant l'histoire du mouvement féministe jusqu'à aujourd'hui. À travers ces chapitres, elle fournit donc un compte rendu largement chronologique de la place des femmes dans l'histoire. Elle termine cette partie en racontant la dernière session de la Commission de la condition de la femme des Nations unies. Après avoir résumé cet événement, de Beauvoir souligne le type de travail qui, selon elle, reste à accomplir.