Résumé
De Beauvoir conclut son texte en analysant pourquoi les femmes se perdent souvent dans le narcissisme, l'amour ou le mysticisme, avant d'expliquer ce qu'est la situation actuelle de la " femme indépendante ”. Elle commence par décrire comment le narcissisme est une attitude forgée par le sexisme. Elle le définit comme un processus d'aliénation dans lequel les femmes se considèrent comme un objet et accordent une valeur supérieure à leur être physique. Comme de Beauvoir l'a déjà établi, les femmes ne peuvent exister en tant que sujets elles-mêmes et cherchent donc à se transcender en s’identifiant à autre chose. Pour certaines femmes, cette autre chose est l'objet qu'elles représentent dans la société. De Beauvoir explique que, bien que cela puisse sembler illogique, c'est " parce qu'elles ne sont rien que quantité de femmes limitent farouchement leurs intérêts à leur seul moi ”.
De Beauvoir explique que le narcissisme est plus fréquent chez les femmes parce qu'elles sont encouragées à s'identifier entièrement à leur apparence physique, à la différence des hommes. Elle estime que les femmes souffrent à l'âge adulte du fait qu'on attend d'elles qu'elles incarnent certains idéaux-types, tels que l'épouse ou la mère, au lieu d'être traitées comme des individus à part entière, à l'instar des enfants et des hommes.
Dans le chapitre suivant, de Beauvoir explique comment les femmes peuvent aussi se perdre dans leurs relations amoureuses. Selon de Beauvoir, l'amour est dévorant pour les femmes ; elles se consacrent entièrement à plaire à l'homme qu'elles aiment. En revanche, pour les hommes, l'amour n'est qu'une partie de leur vie et non leur existence entière. Les femmes seront inévitablement déçues par leurs amants parce qu'elles attendent trop d'eux. Les femmes veulent s'abandonner entièrement aux hommes, mais veulent aussi que les hommes apprécient pleinement ce sacrifice et leur donnent accès au monde par leur amour.
Cette situation ne provient pas d'une prétendue “ nature féminine ” mais des inégalités entre les femmes et les hommes : les femmes dépendent économiquement et socialement beaucoup plus des hommes que ceux-ci ne dépendent d’elles. Ainsi, lorsqu'une liaison amoureuse est rompue, une femme perd une part considérable de son statut social. De Beauvoir pense que la solution à cette situation inégale est que les hommes et les femmes reconnaissent à part égale la liberté de l'autre et passent du temps ensemble, non pas par nécessité, mais parce que cela leur apporte à tous deux les mêmes avantages, tout en leur permettant de conserver leur indépendance.
De Beauvoir explique ensuite comment la religion et le mysticisme peuvent être similaires à l’amour ou au narcissisme. de Beauvoir caractérise le comportement des femmes religieuses et celui des femmes amoureuses comme étant fondamentalement similaire. Les femmes veulent se sentir spéciales et nécessaires, comme si un regard important était fixé sur elles ; cet objectif peut être atteint soit par le narcissisme, soit par la romance, soit par la religion.
Dans la dernière partie du volume, de Beauvoir examine comment les femmes indépendantes s'efforcent de se libérer à son époque. Elle reconnaît que les femmes ont plus de droits et sont autorisées à travailler. Cependant, elle note également que ces droits – essentiellement civils et politiques – ne permettent pas d’autonomie économique ou d’égalité réelle. Les femmes sont toujours confrontées à un fardeau plus lourd lorsqu'elles essaient de travailler en dehors de la maison : l’activité hors de la sphère familiale ne met pas fin à leur dépendance économique et les soumet à une double charge de travail. De Beauvoir pense que les femmes ne peuvent atteindre une liberté totale en travaillant que si elles se trouvent dans une société socialiste. Par ailleurs, les femmes sont confrontées à de nouveaux défis liés à leur activité professionnelle : plus une femme est productive dans la société, moins elle est considérée comme " féminine ”. Par exemple, une femme considérée comme dominante ou intelligente peut sembler menaçante ou indésirable.
De Beauvoir estime que c'est dans les relations sexuelles entre hommes et femmes que cette inégalité persiste le plus fortement. Le sexe présente une contradiction pour les femmes qui veulent être indépendantes parce que la dynamique hétérosexuelle subordonne souvent les femmes aux hommes. Le contrôle des droits reproductifs par les hommes perpétue également les inégalités de genre dans le cadre des expériences sexuelles.
De Beauvoir note aussi que les femmes artistes, telles que les actrices, les danseuses et les chanteuses, ont toujours joui d'une plus grande indépendance. Elle regrette cependant que leurs créations ne soient jamais considérées à la hauteur de celles des hommes. de Beauvoir affirme – ce qui est contestable – que les femmes ne peuvent pas produire des œuvres réellement innovantes parce qu'elles n'ont pas la même prise sur la réalité et la même confiance en leur position que les hommes. Néanmoins, de Beauvoir est convaincue que l'évolution des circonstances permettra aux femmes d'atteindre ce même niveau de génie avec le temps.
Dans la conclusion, de Beauvoir rappelle ses principales idées. Elle constate que les inégalités entre les femmes et les hommes persistent et leur sont préjudiciables. Si elle évoque un " combat ” entre les femmes et les hommes, elle estime que les femmes ne veulent pas soumettre les hommes, mais plutôt mettre fin à leur domination. Elle note que les femmes ont participé à leur propre oppression au fil du temps parce qu'elles n'ont pas connu d'autres possibilités. De Beauvoir souligne que de nombreuses personnes s'opposent aux progrès qui ont été faits en matière d’égalité de genre. Elle estime que les changements de la situation sociale des femmes sont pourtant positifs pour l'ensemble de la société et qu’ils permettent notamment un amour plus honnête et plus ouvert.
Analyse
De Beauvoir aborde ici les réactions des femmes face à leur oppression par la société patriarcale. Elle commence par préciser que certaines attitudes – telles que le narcissisme, l'amour fanatique ou le mysticisme – ne sont pas " féminines ” mais sont en réalité le produit du sexisme. De Beauvoir tente de montrer comment ces trois états sont en fait une réponse aux situations qu'elle a décrites dans les chapitres précédents.
De Beauvoir évoque également sa propre époque en analysant l’amélioration relative de la situation des femmes. Elle conserve une perspective prudemment optimiste et continue de critiquer les institutions contemporaines qui perpétuent les inégalités entre les femmes et les hommes. Les chapitres de cette dernière partie sont plus étroitement liés que les autres : de Beauvoir passe de l'analyse des narcissiques, des femmes amoureuses et des religieuses à l’étude de la " femme indépendante ” contemporaine.
Dans sa conclusion, de Beauvoir aborde le concept d'oppression pour rappeler les enjeux de son livre, et au-delà, du féminisme. L'oppression des femmes n'est pas seulement négative pour toutes les femmes, elle impacte négativement toute la société. de Beauvoir termine son texte en laissant entendre que la société bénéficierait certainement de l’égalité entre les genres. Le fait que de Beauvoir insiste sur la centralité du romantisme à la toute fin de son texte implique à quel point les relations amoureuses sont à la base des interactions entre les êtres humains dans toutes les sphères de la vie. L'accent mis sur le romantisme permet également à de Beauvoir de terminer sur une note plus optimiste, en suggérant que l'une des émotions humaines les plus exaltées, l'amour, pourrait être mieux vécue dans une société égalitaire.