Lolita (en français)

Lolita (en français) Images

Le théâtre

Dans Lolita, le théâtre devient l'image de la tromperie et du talent artistique. Humbert attribue la capacité nouvelle à mentir de Dolorès à sa participation dans la pièce de théâtre de l'école. Quilty utilise cette même pièce pour la faire venir à lui, elle qui se retrouve fascinée par l'art dramatique grâce à son influence. C'est particulièrement frappant pour notre narrateur, qui n'a jamais été capable d'intéresser Dolorès à quelconque activité artistique ou littéraire.

En fin de compte, le roman lui-même peut être considéré comme une merveille de mise en scène : par le biais du langage, le théâtre construit des mondes fantastique et imaginaire, et exige du public une confiance totale pour pouvoir s'y projeter. Cette participation prend un ton plus sombre pour l'audience de Lolita, car la puissance du génie artistique de Nabokov parvient à rendre un pédophile incestueux non seulement crédible, mais aussi curieusement sympathique.

La prison

Même si Humbert écrit son témoignage de l'histoire depuis sa cellule de prison, son enfermement commence bien avant le meurtre de Quilty. Dès la perte d'Annabelle et le moment où il réalise son adoration pour les nymphettes, il comprend être dans une geôle qu'il s'est lui-même forgée. Conscient que ses penchants pédophiles sont condamnés par la société, il doit montrer une façade convenable et dissimuler ses désirs véritables.

À la fin du roman, cependant, il a complètement bafoué toutes les lois et s'est échappé de son emprisonnement. À ce moment-là, bien que son corps languisse dans une prison physique réelle, il se trouve libéré de la prison de la respectabilité, et peut ainsi révéler sa personnalité véritable pour la première fois, s'en délecter. La prison, paradoxalement, devient l’image de sa liberté psychologique.

Les chasseurs enchantés

Les Chasseurs enchantés, ou The Enchanted Hunters, fait référence à la fois à l'hôtel où Humbert viole Dolores pour la première fois, et à la pièce de théâtre écrite par Quilty, pour laquelle elle obtient le premier rôle. Attribuer ce même nom, plutôt funeste, à ces deux tentatives de poursuite de la jeune fille, souligne la similitude des intentions respectives d'Humbert et de Quilty, et symbolise leur nature perverse. La connotation mystique du mot « enchantés » fait écho au mot « nymphettes », et fait des deux hommes eux-même les « chasseurs ».

Tous deux se retrouvent sous le charme de Dolorès, attirés par ce qu'ils prétendent être un envoûtement, la chassant sans cesse et cherchant à la contrôler. Nabokov souligne ainsi l'emprise de l'obsession pédophile de Humbert et Quilty sur leur vie par cet usage du thème de l’enchantement. Leurs désirs déforment leur perception, et les empêchent de voir la réalité clairement.

Le revolver

Le roman joue avec l'image du revolver comme représentation des organes génitaux masculins et, plus précisément, de la masculinité d'Humbert et de son contrôle sur Dolorès. Le narrateur ne se met à mentionner qu'il détient un pistolet que lorsqu'elle semble s'éloigner de lui. Brandissant l’arme qui représente sa virilité, il semble tenter de réaffirmer son contrôle sexuel dans sa volonté de tuer Clare Quilty, l'homme qui lui a volé sa captive. Le revolver devient une mesure des prouesses sexuelles des deux hommes. Mais lorsque son opposant tourne en dérision la tentative de meurtre, l'arme semble devenir flasque et peu fiable. L'attitude moqueuse et le comportement grotesque de Quilty l’ont émasculé au moment de son triomphe. Il laisse le pistolet derrière lui, abandonnant ainsi sa masculinité, dont il n’a plus besoin puisqu'il ne reverra plus jamais Dolorès.

Cependant, il est important de noter que le narrateur lui-même est conscient du symbolisme qui relie le pistolet aux parties génitales de l'homme, et ironise “ N'oublions pas que le pistolet est le symbole freudien du membre antérieur central du père ancestral ”. Cette ironie fait du revolver une image qui fonctionne à plusieurs niveaux. D'une part, le lien entre l'arme à feu et la virilité remplit la même fonction que dans n'importe quel autre roman. D'autre part, le roman tourne en dérision cette analyse symbolique, suggérant qu'une telle lecture n'est pas réaliste pour comprendre Lolita, et se moquant ainsi de la psychanalyse.

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