Lolita (en français)

Lolita (en français) Résumé et Analyse

Avant-Propos

John Ray Jr., décrit comme « docteur », nous informe que Humbert Humbert, auteur du manuscrit qui suit intitulé « Lolita, ou La confession d'un veuf de race blanche », est mort en prison d'un infarctus du myocarde le 16 novembre 1952, juste avant le début de son procès. Ray a modifié quelques détails mineurs pour protéger l'identité des personnages. Il révèle le destin de plusieurs d'entre eux, comme Mrs Richard F. Schiller ou Vivian Darkbloom. Il aborde l'aspect psychiatrique lié au crime d'Humbert et explique comment l'obsession d'Humbert pour Lolita parvient à nous séduire malgré l'horreur morale qu'elle suscite.

Analyse

L'avant-propos introduit un certain nombre de thèmes que Nabokov déploie dans le reste du livre. On remarque immédiatement les noms qu'il choisi : « Humbert » rappelle le latin « umbra », ou « ombre ». En effet, l'avant-propos fait allusion aux nombreuses zones d'ombre du récit de Humbert. En outre, « Humbert » est proche de l'espagnol « hombre », qui signifie homme, et « ombre » est également un jeu de cartes européen du XVIIe siècle.

L'association de du narrateur à un jeu est importante, car Nabokov joue avec le langage à d'innombrables reprises. Humbert Humbert a bien sûr un double nom. John Ray, Jr. porte également une sorte de double nom (ses initiales, J. R., sont doublées par Jr.). Nabokov parodie le conte du Doppelgänger tout au long de Lolita, opposant un personnage à une sorte de version dédoublée de lui-même ; Dr Jekyl et Mr Hyde de Robert Louis Stevenson en est l'exemple type très admiré par Nabokov. Ce dernier reprochait cependant à ce type de roman de rendre les divisions morales entre les personnages absolument claires et sans nuance, le personnage principal étant traditionnellement associé au bien et son opposant au mal. Ici il subverse ce motif traditionnel en informant le lecteur, dès le début du livre, que le narrateur de Lolita est un homme immoral : déjà il fait entrevoir la complexité des questions étiques, et pointe du doigts les zones grises de la morale.

Nabokov taquine également le lecteur avec des énigmes, qui ne sont pas nécessaires à la compréhension du livre, mais qui peuvent ajouter amuser le lecteur averti. Vivian Darkbloom, par exemple, est un anagramme de Vladimir Nabokov (un autre cas de double, puisque son homologue féminin se trouve quelque part dans le roman). L'infarctus du myocarde, ou crise cardiaque, cause de la mort d'Humbert, est un terme médical qui au fond évoque un « cœur brisé ». Malgré cet aspect humoristique, Lolita est un livre qui traite d'évènements obscènes et d'une perte douloureuse, que le langage délicat nous fait souvent oublier.

Ce langage nous fait également oublier la « fourberie diabolique » de Humbert, pour citer Ray. Les tournures de phrases raffinées, charmantes et ingénieuses, nous plongent sous son charme tout en nous détournant de la criminalité de ses actes.

Un autre sujet que Nabokov parodie tout au long du roman est ici évoqué : la psychologie, en particulier la psychanalyse freudienne. Ray cite des statistiques psychologiques, affirme que rien de tout cela ne serait arrivé si Humbert avait consulté un « psychologue compétent » et soutient que le livre deviendra un exemple « classique » pour la psychanalyse. Nabokov n'a jamais estimé que les théories de Freud reposaient sur des bases solides, et se moque ses méthodologies.